Les cinq surprises du télescope James-Webb

La nouvelle étoile de l’astronomie. C’est ainsi qu’on peut surnommer le télescope spatial James-Webb (JWST), un joyau de 10 milliards de dollars (9,3 milliards d’euros) que les agences spatiales américaine, européenne et canadienne ont décollé le jour de Noël 2021. Avec son miroir de 6,5 mètres de diamètre, c’est de loin le plus grand télescope jamais envoyé dans l’espace. Ses observations ont commencé à l’été 2022 et, maintenant que le premier cycle annuel est terminé, des publications aux images spectaculaires défilent sans interruption, comme des vagues sur les plages d’un océan scientifique. L’heure est donc venue de faire un premier bilan.
Question préliminaire : cette machine ultra sophistiquée fonctionne-t-elle bien ? On se souvient en effet qu’en 1990, après la mise en orbite du télescope spatial Hubble, prédécesseur du JWST, des chercheurs avaient découvert avec consternation une sorte de myopie, qui dut être corrigée en orbite en 1993 grâce à une mission de la navette spatiale américaine Endeavour. Une option exclue pour le James-Webb qui, positionné à 1,5 million de kilomètres de la Terre, n’est pas réparable. Heureusement, aucune anomalie n’a été signalée lors de sa mise en service.
Les astrophysiciens ont au contraire deux motifs de satisfaction. Le premier tient « au lancement quasi parfait réalisé par Ariane-6 »souligne Pierre-Olivier Lagage, directeur de recherche au Commissariat à l’énergie atomique et aux énergies alternatives (CEA) et co-responsable d’un des quatre instruments James-Webb : « Grâce à cela, nous avons pu économiser du carburant et nous disposons de réserves pour vingt-six ans. » C’est bien plus que les cinq à dix ans initialement espérés. Une raison de plus pour prendre soin de la machine et « soyez très attentif aux risques de panneajoute Pierre-Olivier Lagage. Les opérations sont réalisées de manière à éviter autant que possible les zones où des micrométéorites pourraient heurter le miroir.
La deuxième raison de se réjouir vient des performances du télescope, assure David Elbaz, également astrophysicien au CEA : « Les capacités techniques de la machine sont tout à fait là, avec des caractéristiques même légèrement meilleures que prévu. » Et sur le plan scientifique, le James-Webb, censé remonter aux premières sources de lumière du cosmos, mais aussi s’attaquer aux atmosphères des exoplanètes, est-il aussi à la hauteur des attentes ? Réponse positive de David Elbaz : « Allons-nous plus loin que ce que Hubble a vu ? Oui. Voyons-nous des planètes en orbite autour d’autres étoiles ? Oui. Peut-on caractériser leur atmosphère ? Oui. »
Il vous reste 80% de cet article à lire. Le reste est réservé aux abonnés.
gn tech