L’entretien avec le chef des députés RN a été suivi d’un débat entre des personnalités politiques de tous bords, mais aussi le patron de Stellantis, sur les questions économiques.
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Éclipsée par les émeutes en Nouvelle-Calédonie, la campagne pour les élections européennes entre néanmoins dans sa dernière ligne droite. Moins d’un mois avant le scrutin du 9 juin, Marine Le Pen puis les dirigeants politiques des principaux partis ont été interrogés sur leur vision économique de l’avenir de l’Union européenne, jeudi 16 mai, dans « L’Événement » sur France 2.
Au département politique, étaient présents le sénateur écologiste Yannick Jadot, le ministre de la Transition écologique, Christophe Béchu, les députés Aurélien Pradié (Les Républicains), Boris Vallaud (Parti socialiste), Clémence Guetté (La France Insoumise) et Jean-Philippe Tanguy. (Rassemblement national). En première partie de l’émission, Marine Le Pen, qui figure en dernière position sur la liste du Rassemblement national (RN), a répondu aux questions de Caroline Roux. Franceinfo revient sur les cinq séquences à retenir de l’émission.
Sur le climat, Marine Le Pen refuse de se «flageller»
Interrogée sur la transition écologique et la crise climatique, Marine Le Pen a critiqué les normes environnementales en vigueur en France et en Europe, qui affectent à ses yeux la compétitivité des entreprises. « Je ne veux pas qu’on nous applique des règles qui tuent des secteurs économiques« , a-t-elle insisté. Elle a notamment estimé que le diagnostic de performance énergétique (DPE), qui permet de classer les logements en fonction de leur consommation énergétique, « tue le secteur immobilier« .
« Si la France disparaissait, cela ne changerait absolument rien au climat. (…) Quelle est l’empreinte carbone de la France ? Moins de 1% au niveau mondial »a lancé Marine Le Pen, reprenant un argument contesté, ce chiffre ne prenant pas en compte les émissions de CO2 des produits importés en France et le poids de la France dans les émissions passées. « Plutôt que de nous en vouloir, ne pouvons-nous pas partager notre expérience en matière de décarbonation avec les autres ?« , » a ajouté Marine Le Pen.
Elle se dit prête à débattre avec Emmanuel Macron « s’il met sa démission sur la table »
L’hypothèse d’un débat entre Emmanuel Macron et Marine Le Pen avant les élections européennes agite la classe politique. La chef de file des députés RN a répondu à cette éventualité en posant ses propres revendications : « S’il met sur la table sa démission ou la dissolution de l’Assemblée nationale, j’en débattrai avec plaisir »évacue Marine Le Pen.
« Quand vous êtes Président de la République (…), ssoit on entre dans le débat partisan, soit on n’y entre pas. Mais à ce moment-là, nous devons tirer les conséquences si nous perdons les élections. » a expliqué le député.
Un échange tendu entre Christophe Béchu et Yannick Jadot sur les pesticides
Lors du débat qui a suivi, le ministre de la Transition écologique, Christophe Béchu, s’en est pris au sénateur écologiste Yannick Jadot. L’ancien maire d’Angers a déploré l’attitude des Verts au Parlement européen, qui ont participé au rejet, en novembre, d’une législation visant à réduire de moitié l’usage des pesticides au niveau européen. d’ici 2030.
Les Verts ont estimé que le texte n’était pas suffisamment restrictif. « La gauche et les Verts ont dit : ‘Ce n’est pas assez ambitieux’. L’extrême droite a dit : ‘Ça va trop loin’. (…) Quand chacun se réfugie dans sa radicalité, au final, il ne se passe rien. C’est une posture. ça va contre le mur., a estimé Christophe Béchu. « L’Espagne était contre, l’Italie était contre, l’Allemagne était contre. »Yannick Jadot a vivement réagi, critiquant le nouvel indicateur de mesure de l’usage des pesticides prévu par le texte, et finalement mis en place en France : « Ttout le monde considère que votre indicateur est trompeur« , estime l’ancien député européen.
Clémence Guetté et Aurélien Pradié s’opposent au patron de Stellantis, Carlos Tavares, sur le protectionnisme
« Nous ne nous sommes pas donné les moyens de faire la course avec la Chine« , a regretté le directeur général du groupe automobile Stellantis, Carlos Tavares, invité à débattre avec des représentants du Parti socialiste, de La France Insoumise et des Républicains.
« La course n’est pas durable. », a répondu la députée LFI Clémence Guetté, soulignant le poids écologique de la recherche d’une telle croissance. « L« Le mode de vie moyen d’un Américain est de 4,5 planètes par an. »» a-t-elle soutenu, en référence à la notion contestée de « jour de dépassement ». « Ce que vous devez faire, c’est choisir ce dont vous avez besoin« .
Le LR Aurélien Pradié l’a rejoint pour défendre le protectionnisme. « Il faut produire des poulets chez nous plutôt que de les chercher à l’autre bout du monde.« , affirme l’élu du Lot
Boris Vallaud remet à Carlos Tavares sa proposition de loi sur le plafond salarial
Plaidant pour un meilleur partage des richesses, le député socialiste Boris Vallaud a profité de la présence de Carlos Tavares pour lui remettre une version imprimée du projet de loi qu’il a déposé début mai pour réguler les écarts salariaux dans les entreprises de 1 à 20, qu’il a lancé au patron de Stellantis.
Un peu plus tôt dans l’émission, ce dernier avait été interrogé par Caroline Roux sur sa rémunération très controversée, qui peut atteindre jusqu’à 36 millions d’euros pour 2023. Rappelant que ce montant dépendait en grande partie des résultats du constructeur automobile, Carlos Tavares a répondu que si la loi interdisait une telle rémunération, il s’y conformerait.
Saisissant les papiers de Boris Vallaud, Carlos Tavares lui demande si le texte a déjà été adopté, avant de répondre : « Vous me le donnerez quand il sera voté !