Les chefs kanak proclament leur souveraineté sur leurs parties de l'île
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Les chefs kanak proclament leur souveraineté sur leurs parties de l’île

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Le Conseil des Grands Chefs de Nouvelle-Calédonie a tenu son assemblée de lundi à mercredi dans le district de La Roche, sur l’île de Maré, pour la cérémonie de cette institution née en septembre 2022.

Cette semaine, les chefferies kanak ont ​​proclamé unilatéralement leur souveraineté sur leurs terres coutumières, suscitant l’inquiétude de certains non-indépendantistes, en pleine crise sociale et institutionnelle dans l’archipel. « Inaat en Kanaky »le Conseil des Grands Chefs de Nouvelle-Calédonie, a tenu son assemblée du lundi au mercredi 25 septembre dans le district de La Roche, sur l’île de Maré, pour la cérémonie la plus importante de l’histoire de cette jeune institution coutumière née en septembre 2022.

Pendant trois jours, près de 200 personnes, dont 17 grands chefs ainsi que de nombreux dignitaires kanak et quelques représentants des peuples fidjien, maori et vanuatuan, se sont réunis pour une Assemblée du peuple kanak dont le point d’orgue fut cette proclamation de souveraineté par 28 chefferies. La date choisie n’avait rien d’un hasard : le 24 septembre 2009. « fête de la citoyenneté » ce qui a également suscité des inquiétudes en matière de sécurité parmi les autorités, est le jour où la France a pris possession de la Nouvelle-Calédonie en 1853.

L’objectif de cette proclamation, qui ne fait pas l’unanimité des autorités kanak, est d’obtenir des moyens spécifiques pour mettre en œuvre des politiques publiques sur les terres relevant du domaine foncier kanak. Mais les partisans non indépendantistes craignent « une déclaration d’indépendance et l’expulsion des non-Kanaks »a expliqué à l’AFP un membre d’une des principales chefferies qui s’est entretenu avec une personnalité politique loyaliste.

Le président du Conseil, Hippolyte Htamumu Sinewami, s’est voulu rassurant auprès de l’AFP : « Il n’est pas question de parler d’exclusion. Nous avons déjà atteint un destin commun. Nous avons des enfants et des petits-enfants de plusieurs cultures. ». « C’est un nouveau départ pour les pays kanak »a déclaré Albert Wahoulo, ancien maire de la commune de Bélep, s’exprimant au nom de sa chefferie. Un nouveau départ qui passe par une réorganisation des chefferies, « frappé » par la colonisation, comme indiqué dans la Déclaration de souveraineté.

« Miettes »

Cette initiative répond également aux difficultés rencontrées par le Sénat coutumier. L’institution, créée par l’Accord de Nouméa en 1998, est censée représenter les autorités coutumières mais le Conseil des Grands Chefs a souvent souligné le fait qu’elle fonctionne comme un organe de représentation des autorités coutumières. « un service gouvernemental » au service des partis politiques locaux. Cependant, la question se pose des moyens d’assurer l’autonomie des chefferies et de permettre le financement de projets destinés à « contribuer à la relance économique et trouver des solutions pour la jeunesse kanak marginalisée »dit un grand chef, Cyprien Poaero Kawa.

« C’est un message fort adressé à l’Etat »insiste le président Hippolyte Htamumu Sinewami, qui avait déjà envoyé une demande de soutien financier « sous la dette coloniale » en 2023. Une demande restée sans réponse. En cas de refus, le Conseil, qui considère désormais les chefferies comme autant d’Etats, met en avant leur capacité à développer leurs propres relations avec les pays de la région.

Il s’agit aussi de gérer les ressources de chaque terre coutumière, au-delà des réglementations locales et nationales. Avec en filigrane l’importance du nickel, l’une des principales richesses de l’archipel. « Le patrimoine est exploité, mais les tribus à qui il appartenait n’ont plus de quoi vivre, ou des miettes. Des clans ont été déplacés pour les installer sur des terres incultivables. »déplore Hippolyte Sinewami, prônant un développement économique au service de la population.

Deux grandes réunions suivront cette proclamation : du 7 au 14 octobre, une délégation du Conseil et du Sénat coutumier se rendra au siège de l’ONU à New York pour se faire entendre. Puis, début novembre, une réunion se tiendra dans la zone de Xârâcùù (au sud de la Grande Terre) pour poursuivre les discussions sur « Le modèle de gouvernance coutumier » et tenter d’obtenir le soutien des chefferies qui n’ont pas encore répondu.

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