« Les chefs d’entreprise sont en pause depuis la dissolution, il faut se remettre au travail », souligne le président de la CPME



François Asselin est le président de la Confédération des petites et moyennes entreprises, une organisation patronale qui représente les patrons de PME. Le samedi 30 août, la CPME a décidé d’adresser une lettre ouverte au futur Premier ministre, l’appelant à « pour s’attaquer à des problèmes cruciaux pour le pays. »

franceinfo : Pourquoi cette initiative ? Vous trouvez le temps long ?

Pour deux raisons. D’abord, nous, chefs d’entreprise, PME ou TPE, vivons dans la réalité. Notre réalité, c’est de voir un environnement qui devient de plus en plus hostile. En juillet, les chiffres des pertes d’entreprises ne sont pas bons. Les défaillances d’entreprises ne sont pas bonnes, sur un an, en glissant, on dépasse les 63 000 défaillances d’entreprises. C’est considérable et on ne peut plus l’expliquer par l’après-Covid, il faut commencer à rembourser nos dettes. On est sur des statistiques qui prouvent que globalement les signaux ne sont pas très positifs. On revient aux affaires dans un pays où il n’y a plus personne aux affaires, donc il faut effectivement se remettre au travail. Depuis la dissolution, on a perdu en visibilité et en stabilité. En matière économique, il y a toujours « la main invisible » qu’on appelle la confiance et sans cette confiance, on ne prend pas de décisions. Depuis la dissolution, les chefs d’entreprise sont passés en mode pause, et ce n’est pas du tout bon pour les affaires.

Constatez-vous vraiment une attitude attentiste de la part de vos membres ? Attendent-ils de voir ce qui va se passer ?

Oui, parce que quand on n’a pas de Premier ministre et que les programmes mis en avant par certains dans l’hémicycle font qu’on risque de voir des mesures qui vont à l’encontre de ce dont on a besoin, bien sûr, ça nous inquiète. Ici, on dit attention, on ne vit pas dans un monde parallèle.

Comment se traduit cette attitude attentiste des chefs d’entreprise ?

Quand vous décidez d’investir, vous vous mettez en mode pause, vous n’investissez pas. Ensuite, vous décidez de recruter, vous vous posez peut-être la question trois fois avant de faire une action de recrutement. Ce qui veut dire que tout simplement, ça ne nourrit pas la croissance, ça ne nourrit pas l’économie. Et derrière, vous voyez votre activité s’éroder doucement et ça, ce n’est absolument pas bon.

« Quand on est dans un pays qui fait face à une dette abyssale et que rien ne se passe, on finit par s’inquiéter. »

François Asselin

à franceinfo

Vous êtes également chef d’entreprise, avez-vous arrêté d’investir et de recruter ?

Pour l’instant, on passe en revue tout ce qu’il faudrait pour investir, mais sans passer à l’acte d’investir. Pour ce qui est du recrutement, eh bien, le premier levier de recrutement, c’est l’activité et si vous sentez qu’elle ralentit, vous n’allez pas recruter.

Cependant, l’activité a été bonne cet été avec les Jeux Olympiques, donc ce n’est pas une question d’activité ?

Pas pour tout le monde en effet, si on regarde les entreprises qui sont en phase avec les Jeux olympiques, bien sûr, l’activité aura été bonne, mais pour la construction, ce n’est toujours pas bon du tout. Pour les transports, ce n’est pas bon du tout. Pour les services à la personne, ce n’est pas très bon du tout non plus. La rentrée s’annonce encore un peu chaotique et donc oui, il faut absolument regarder l’avenir tel qu’il est et l’avenir est exigeant. Si on ne se met pas au travail, cela pourrait être catastrophique pour l’économie du pays.

Dans votre lettre ouverte, vous écrivez que nous avons besoin d’un chef de gouvernement, « pour faire en sorte que notre pays ne sombre pas dans un état d’immobilité synonyme de chaos. » N’exagères-tu pas un peu ?

En termes économiques, quand vous roulez à vélo et que vous arrêtez de pédaler dans une côte, eh bien vous tombez. Au niveau d’un pays, c’est exactement la même chose. C’est-à-dire que d’ici deux semaines, il faudra présenter une copie à Bruxelles sur l’évolution des finances du pays. Dans un mois et demi, il faudra placer sur les marchés un peu plus de 100 milliards d’euros de dette française. Si on ne donne pas de signaux positifs, si on ne rassure pas nos créanciers et si on ne rassure pas Bruxelles, je peux vous dire que la sanction pourrait venir de l’extérieur et ce n’est pas glorieux. C’est pour cela qu’on est dans une situation où on attend évidemment que les choses soient reprises en main.

Le mardi 3 septembre, vous avez rendez-vous à l’Élysée. Quel sera votre message ?

Je vais vous dire exactement ce que je viens de vous dire, à savoir que nous avons besoin de perspectives de stabilité en matière budgétaire. Surtout, ne commençons pas à défaire ce qui a été tissé cette année. La stabilité est extrêmement importante, nous sommes les pays les plus taxés d’Europe et ce que nous demandons, c’est le statu quo.

« Sur les impôts de production, nous souhaitons que les promesses soient tenues et surtout, nous sommes aussi inquiets, comme tous les Français, de l’évolution de la dette publique, car si nous ne réglons pas ce problème, nous risquons tous d’être impactés. »

François Asselin

à franceinfo

Un sujet important pour les Français, c’est le pouvoir d’achat et c’est l’augmentation des salaires. Cela fait partie des programmes, notamment du Nouveau Front populaire qui veut augmenter le Smic à 1 600 € net par mois. Ce n’est pas ce que souhaite Emmanuel Macron, mais il n’abandonne pas l’idée d’augmenter les bas salaires en revoyant les exonérations de cotisations. Y êtes-vous favorable ?

Retravailler le barème des exonérations, pourquoi pas, nous avions déjà commencé ce travail avec une mission commandée par l’Elysée. Les concentrer sur les bas salaires, pourquoi pas. Ce qu’il nous faut faire, très prudemment, c’est maîtriser nos coûts de main-d’œuvre. Evidemment, à partir de 1 400 euros nets en France, ce n’est pas facile de tenir les deux bouts de la ficelle, surtout si on habite dans une grande ville.

Cela veut-il dire que si les exonérations de cotisations étaient concentrées sur les bas salaires, cela vous inciterait, vous les chefs d’entreprise, à augmenter les salaires ?

Déjà, ça permet de rester compétitif. Parce que généralement, quand vous avez ces salaires-là dans votre entreprise, c’est qu’en face de vous, vous avez un marché qui ne vous permet pas d’augmenter les salaires. L’objectif est d’augmenter les salaires, donc regardons effectivement comment on peut le faire sur l’échelle des exonérations, comment on peut améliorer les choses. Par contre, le faire au même coût va être extrêmement complexe.

Un nom circule avec insistance pour Matignon depuis ce matin : celui du président du Conseil économique, social et environnemental, Thierry Beaudet. Avant cela, il était à la tête de la Mutualité française. Le connaissez-vous et est-ce un bon choix ?

Oui, je le connais bien. C’est un homme de consensus, et quand on est à la tête du Cese, il faut savoir pratiquer le consensus. Or, être à la tête d’un gouvernement, c’est passer sans cesse du consensus à la dissidence. C’est donc une autre mission, une autre fonction et un autre métier. De toute façon, que ce soit lui ou quelqu’un d’autre, il aura une tâche considérable à mener à bien. Il ne pourra pas s’affranchir du principe de réalité, que nous connaissons tous les jours dans nos entreprises.

francetvinfo

Malagigi Boutot

A final year student studying sports and local and world sports news and a good supporter of all sports and Olympic activities and events.

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