Avec l’annonce de la dissolution de l’Assemblée nationale, le 9 juin dernier, s’est ouverte une phase inédite de simple gestion des affaires courantes. Dans de nombreux domaines, les décisions relatives aux choix budgétaires ou aux orientations politiques sont en suspens, pour une durée indéterminée. Cette pause dans l’action politique concerne divers sujets et diverses modalités ; elle peut concerner la publication de décrets organisant tel ou tel secteur, des consultations qui viennent de débuter ou des réformes de fond lancées mais non abouties. Une chose est sûre : du logement à l’école, en passant par la justice ou la santé, la décision politique prise par Emmanuel Macron affecte bon nombre de chantiers importants. Tour d’horizon.
La crise du logement s’aggrave
Alors que les Français continuent de rencontrer des difficultés croissantes pour se loger, les réformes lancées pour tenter de fluidifier le marché immobilier et l’accès à la location ont été brutalement stoppées. Selon le rapport économique publié cet été par les Notaires de France, le volume des ventes de logements anciens « pourrait tomber sous la barre des 750 000 à la fin de l’été », alors qu’il culminait à plus de 1,2 million de transactions à l’automne 2021. Sur le marché du neuf, seulement un peu plus de 14 000 logements neufs ont été mis en vente par les promoteurs au deuxième trimestre 2024, en baisse de 36 % sur un an. Une baisse sensible des défaillances d’entreprises. Selon le président du Medef, Patrick Martin, dans le secteur de la construction, il y aurait « 10 000 suppressions d’emplois par mois à partir de maintenant ».
Face à cette crise, le gouvernement Attal n’avait pas déployé de moyens majeurs, mais un projet de loi « pour développer l’offre de logements abordables » devait néanmoins favoriser l’habitat intermédiaire et accélérer la construction. Le texte aurait dû être débattu au Sénat mi-juin ; sa discussion a été interrompue par la dissolution. De même, le projet de loi transpartisan (Renaissance-PS) renforçant la régulation des meublés touristiques de type Airbnb, voté par les deux Chambres, n’a pas eu le temps d’être examiné par la commission mixte paritaire.
L’hôpital dans la douleur, priorité en santé
Fermeture des services d’urgences, régulation systématique par 15, temps d’attente qui explose… Les tensions dans les hôpitaux, désormais récurrentes en été, illustrent la crise du système de santé. Au-delà des réformes structurelles attendues par de nombreux acteurs, la question budgétaire devrait s’imposer très rapidement au futur gouvernement. « Le budget de l’hôpital est une priorité absolue », défend Arnaud Robinet, président de la Fédération hospitalière de France, soulignant « une situation financière très dégradée, avec un déficit de 1,7 milliard et deux tiers des établissements concernés. » L’incertitude règne, alors que l’élaboration du projet de loi de financement de la Sécurité sociale, qui fixe notamment l’Objectif national de dépenses d’assurance maladie – soit les ressources allouées aux hôpitaux et à la médecine de ville – est en suspens.
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