Les championnats de France féminins deviennent professionnels et reprennent... sans accord collectif
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Les championnats de France féminins deviennent professionnels et reprennent… sans accord collectif

La deuxième division débute ce week-end avant la première la semaine prochaine, les négociations entre la Ligue de football professionnel féminin, les clubs et les joueuses étant actuellement en rupture.

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L'OL, champion de France en titre après la victoire en finale face au PSG, le 17 mai 2024. (MAXIME JEGAT / MAXPPP)

Le samedi 14 septembre marque une nouvelle page de l’histoire du football français. L’US Saint-Malo et l’US Orléans disputent le premier match professionnel féminin du pays. Le championnat de Seconde Ligue débute ce week-end et sa grande sœur, la Première Ligue Arkema, débutera le vendredi 20 septembre.

Une révolution pour le football féminin français, qui avait jusqu’ici un statut amateur, même si certaines joueuses, notamment dans de grands clubs comme l’OL ou le PSG, évoluaient déjà professionnellement. En projet depuis longtemps, mais lancée officiellement le 1er juillet, la Ligue de football féminin professionnel (LFFP) gère les deux premières divisions professionnelles. A sa tête, l’ancien président de l’Olympique lyonnais Jean-Michel Aulas, très impliqué dans le développement de la section féminine du club, l’une des meilleures au monde. « Nous voulons en faire la première ligue européenne. Et pour cela, il faut la structurer maintenant ». Structure, oui, car le travail est colossal, quand on voit la progression exponentielle des championnats féminins anglais ou espagnol, par exemple. En février dernier, le choc entre Arsenal et Manchester United avait réuni 60 000 spectateurs.

Structurer et professionnaliser passe par un meilleur encadrement des conditions de travail des joueurs. Un contrat professionnel, c’est aussi un accord collectif entre la Ligue, les clubs et les joueurs. Et c’est là que les choses coincent. En mars dernier, Jean-Michel Aulas espérait des avancées très rapides et des annonces «probablement le 1er mai » de sorte que « les choses sont complètement ratifiées » avant le lancement du LFFP. Puis l’objectif a été reporté au lancement lui-même, le 1er juillet : raté à nouveau. « Pour l’instant, c’est le statu quodéplore Fabien Safanjon, vice-président de l’UNFP, le syndicat des footballeurs professionnels. Les négociations ont été stoppées et n’ont pas repris car il y a des points forts de désaccord sur des choses qui nous semblaient évidentes pour se rapprocher le plus possible de la charte du football professionnel. (la convention qui régit les contrats entre joueurs professionnels) » . « 

« Il nous paraît évident que pour les joueuses, qui font le même métier, il doit y avoir une forme d’équité avec les hommes. »

Fabien Safanjon, vice-président de l’UNFP, en charge du football féminin

à franceinfo

Ce ne sont pas les salaires en tant que tels qui bloquent le débat, tous les partis se sont en effet mis d’accord sur une rémunération minimale. légèrement supérieur au salaire minimum. Mais les clubs sont, en revanche, inflexibles sur d’autres demandes des joueurs, notamment la mise en place d’un système de retraite, qui leur permettrait de percevoir une certaine somme d’argent au moment de leur retraite, et l’inclusion dans l’accord d’une rémunération relative aux droits d’image des joueuses, deux dispositions existant pour les hommes.

Avec cette convention collective, ce qui va surtout changer, c’est un début d’uniformisation, même s’il y aura toujours des disparités, selon Daniel Marques, journaliste indépendant, rédacteur du site footoféminin.fr : « Les clubs qui auront plus de moyens pourront faire encore plus. Mais le principe est avant tout de donner un cadre clair, et le même pour tout le monde. La LFFP est venue donner les bases aux clubs, la convention collective les donnera aux joueurs. Avant, le championnat était géré par la Fédération française de football, il y avait déjà des règles, mais c’était plus généreux. Désormais, les joueurs seront mieux encadrés, mieux protégés, notamment en ce qui concerne leur salaire, mais aussi en cas de maternité, et, si les clubs finissent par céder sur les économies, pour préparer leur retraite. »

« La professionnalisation, c’est un tout. La LFFP demande aux clubs des bases d’infrastructures, la convention collective établit des bases contractuelles. »

Daniel Marques, spécialiste du football féminin

à franceinfo

Pour Daniel Marques, si les clubs sont si réticents à s’engager, c’est avant tout une question financière : « Ce qui est inquiétant, c’est qu’un salaire minimum que l’on accepte de payer, même en cas de maternité, un système d’avantages et de droits à l’image, c’est un coût. Certaines équipes féminines fonctionnent déjà avec des budgets très serrés, et certains clubs ne veulent pas allouer ces ressources, tandis que d’autres n’ont tout simplement pas l’argent. Mais l’avantage de cette réglementation, c’est qu’à long terme, elle ne laissera dans ces ligues professionnelles que les clubs qui ont cette capacité financière. »

Les championnats – du moins la deuxième division – démarreront donc en France sans accord, et la situation pourrait s’enliser. En Espagne, en 2019, les joueurs étaient allés jusqu’à faire grève dans des conditions similaires, les négociations piétinant sur la question des salaires. Ils avaient obtenu gain de cause. Un exemple qui n’est pas d’actualité actuellement en France, selon Fabien Safanjon : « Ce n’est pas à l’ordre du jour, même s’il y a une tendance qui se dégage et qui consiste pour les joueurs à dire, s’ils ne veulent pas comprendre, qu’on ne demande pas la lune, mais juste être respecté et considéré. Pour l’instant, à l’UNFP, on les modère parce que ce ne serait profitable pour aucune des deux parties, mais s’il faut aller jusqu’au bout, on ira jusqu’au bout. »

En l’état actuel des choses et malgré ce blocage, la France est donc le cinquième pays après l’Angleterre, l’Espagne, les États-Unis et l’Italie à disposer de championnats professionnels de football féminin.

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