Les casques lourds sont de sortie
Le gros du travail de la troisième étape a commencé. A grandes enjambées, spis envoyés, Berrehar, Bourgnon et Morvan ouvrent la route pour traverser la Manche.
À bord du Bateau Express
Le vent vient en effet de fraîchir puisque la tête de flotte, désormais réduite à 32 unités après l’abandon officiel de l’Espagnol Pep Costa (VSF Sports Sailing), a rapidement dépassé Ouessant. Depuis le sprint intermédiaire de l’Occidentale de Sein, peu après 5 heures du matin, les créditant de 5, 3 et 1 minutes, Basile Bourgon (Edenred), Loïs Berrehar (Skipper Macif 2022) et Gaston Morvan (Région Bretagne-CMB Performance) ont sérieusement allongé le rythme de charge en hissant leurs voiles de ballon. Et cela devrait durer de longues heures jusqu’à la première marque de parcours sur les côtes anglaises, distante de 130 milles. Derrière les éclaireurs, rattraper le wagon ne sera pas chose aisée. Tom Dolan (Smurfit Kappa-Kingspan), leader du classement général provisoire, avec seulement 2 milles de retard sur le triumvirat, maintient bien le rythme en compagnie d’Alexis Loison (Groupe REEL) et Hugo Dhallenne (YCSL-Primatice-SLB Pharma).
L’Irlandais se préparait au combat de tranchées à venir avant le lever du jour : « Je suis content d’être enfin au bout de la Bretagne, ça commençait à être long. J’en profite pour faire encore quelques siestes, tant que les conditions le permettront. La mer est plate en ce moment mais après Ouessant ça va commencer à changer avec le vent qui monte. Ça va être musclé. Je vais profiter d’un petit coup de boost dans le passage du Fromveur pour faire route vers le nord. On devrait tous s’en sortir en théorie. La prochaine étape c’est de préserver le bateau et le mec, ça va aller très vite. J’ai déjà une idée de ce que je vais faire mais il faudra bien choisir mes voiles. Je me suis déjà équipé de ma combinaison sèche. On a 20 nœuds de vent sur une mer plate à 100° du réel, on navigue à 12-13 nœuds, ça va vite, ça commence à mouiller un peu. »
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Basile Bourgnon, la grande déception du 2et étape avec près de 3 heures de retard au classement général, semblait fraîche pour imposer le tempo : « Il fallait être sur le pont cette nuit car en fonction des nuages, le vent tournait pas mal. A ce petit jeu, j’ai réussi à rester devant. Maintenant, on entame le gros de cette étape. Tu viens de me dire que le sprint intermédiaire était côté ouest, tant mieux. C’est important, on verra ça à la fin. On a changé de cap ce qui fait que les angles ne sont plus les mêmes. On a un gros long bord jusqu’au premier waypoint où il faut aller et là, je fais quelques siestes pour être sûr d’être frais sur ce bord plus tard. On a 20 nœuds de vent, de travers, avec la houle de travers aussi mais pas très grosse encore. Elle va creuser progressivement tout au long de la journée jusqu’à 2,5 m. Le vent va crescendo jusqu’à 30 nœuds voire plus dans les rafales. C’est encore du vent assez fort pour nos petits bateaux. Comme je vais être à la barre à ce moment-là, il faut que je m’assure d’avoir toute l’énergie dont j’ai besoin pour faire le point. peut être prêt. »
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Il allait passer devant sa maison, à l’Aber Wrac’h, Gaston Morvan s’apprêtait lui aussi à porter le lourd casque : « Je me suis battu toute la nuit avec Edenred et Macif. Jusqu’au passage de l’Occidentale de Sein, on ne savait pas qui allait prendre les bonifications. J’étais un peu en retrait à un moment et ça m’a privé de la première place. Cette bonification m’avait permis de remonter deuxième au classement général à Royan. Là, en mer d’Iroise, le vent commence à monter, ça glisse bien. On n’a pas eu beaucoup de temps pour dormir depuis le départ. Le vent était tellement instable que je n’ai pas beaucoup fermé l’œil. Peut-être plus tard sous grand ou petit spi, je ne sais pas encore. J’ai une idée pour le passage des îles, le jeu s’ouvrira après à mon avis. Avec le changement de cap, j’ai refait les routages mais je n’ai pas tous les timings en tête. Je ne sais donc pas quand on arrivera à Portland Bill.»
La grande chevauchée vers la perfide Albion pouvait commencer. Préserver le matériel, être attentif au trafic maritime, mettre la poignée d’accélérateur dans le coin ou non. Les tâches allaient être nombreuses pour cette première traversée de la Manche.