La présence du virus West Nile se confirme, lentement mais sûrement, dans le sud de la France. Dans l’Hérault et le Gard, où plusieurs chevaux ont été touchés par le virus ces dernières semaines, des contaminations humaines ont été enregistrées.
Où le virus a-t-il été identifié ? Quelles autres régions sont touchées ? Et comment lutter contre la prolifération des moustiques porteurs du virus ? 20 minutes vous explique.
Plusieurs cas humains confirmés
Depuis quelques mois, les contaminations autochtones sont en augmentation en France. Selon les derniers chiffres de Santé publique France, au 17 septembre, en France, on compte depuis le début de l’année 20 cas autochtones en région PACA et 4 en Occitanie : 2 dans l’Hérault et deux dans le Gard. Début septembre, l’Agence régionale de santé (ARS) d’Occitanie et la préfecture du Gard indiquaient avoir détecté deux nouvelles contaminations en Camargue gardoise : « Dans le cadre du dépistage systématique réalisé lors des dons de sang, deux cas autochtones d’infection humaine par le virus West Nile ont été récemment identifiés à Vauvert. L’état de santé de ces patients n’a pas nécessité d’hospitalisation. » Contrairement à l’un des deux cas confirmés dans l’Hérault quelques jours plus tard, « un habitant de Baillargues, qui a nécessité une hospitalisation. « L’état de santé de cette personne est désormais stable », a précisé la préfecture du département.
Le plus souvent, les personnes infectées développent des formes bénignes. Ainsi, « 80 % des personnes infectées restent asymptomatiques ou présentent peu de symptômes », précise Santé publique France. Cependant, « le virus West Nile peut provoquer des atteintes neurologiques (méningites, encéphalites et méningo-encéphalites) qui le rendent grave. Ces formes neuro-invasives sont plus fréquentes chez les personnes âgées et peuvent entraîner des séquelles, voire être mortelles chez l’homme ». Par conséquent, « toute personne présentant ces symptômes doit consulter son médecin », insiste l’ARS Occitanie.
Les maladies liées aux moustiques sont en hausse
Ces dernières années, les arbovirus, des maladies transmises par les moustiques, sont en augmentation en Europe, le changement climatique créant des conditions plus favorables à la propagation des moustiques invasifs, a averti le Centre européen de prévention et de contrôle des maladies (ECDC) en juin dernier.
« L’Europe constate déjà que le changement climatique crée des conditions plus favorables à la propagation des moustiques invasifs dans des zones jusque-là indemnes et à l’infection d’un plus grand nombre de personnes par des maladies transmises par les moustiques », a déclaré Andrea Ammon, directrice de l’ECDC. Rien qu’en 2023, 713 cas autochtones de virus du Nil occidental ont été enregistrés dans 123 régions de neuf pays de l’UE, entraînant 67 décès. Mais même si ce chiffre est en baisse par rapport aux 1 133 cas de 2022, le nombre de régions touchées est le plus élevé depuis 2018.
Une progression inquiétante en Espagne
Selon l’ECDC, le moustique responsable de la propagation du virus West Nile, Culex pipiens, est originaire d’Europe et est présent dans toute l’UE. « On s’attend généralement à ce que le changement climatique ait un impact significatif sur la propagation des maladies transmises par les moustiques en Europe, par exemple en créant des conditions environnementales favorables à l’établissement et à la croissance des populations de moustiques », a déclaré l’ECDC.
Outre le sud de la France, le sud de l’Espagne a également été touché par le virus du Nil occidental, qui a fait plusieurs morts. Depuis le début de l’année, 50 cas d’infection ont été enregistrés dans la région de Séville, en Andalousie, selon les derniers chiffres de l’ECDC. Et parmi ces cas recensés ces dernières semaines, huit personnes sont décédées après avoir contracté le virus, rapporte lundi le journal espagnol Le Pays.
De quoi pousser les habitants de 13 communes du sud de l’Andalousie à manifester début septembre devant la mairie d’Isla Mayor, près de Séville, pour réclamer que les autorités locales déploient des mesures pour lutter contre la prolifération du moustique porteur du virus. Et à préparer « une manifestation devant le Parlement andalou pour réclamer des mesures immédiates pour empêcher la propagation du moustique », indique le quotidien espagnol.
Réduire la présence de moustiques
Pour l’ECDC, des mesures de lutte coordonnées, comme les moustiquaires, les insecticides et la pulvérisation intradomiciliaire d’insecticides, sont cruciales pour contenir ces arbovirus. Et au niveau individuel, si vous vivez dans une zone où circulent des maladies liées aux moustiques, il est possible de limiter les risques en éliminant les sites de reproduction, à savoir toutes les eaux stagnantes où les moustiques femelles sont susceptibles de pondre leurs œufs et de générer de nouveaux essaims d’insectes.
La préfecture de l’Hérault recommande ainsi, sur les balcons et dans les jardins, de « vider et ranger les petits récipients et de couvrir les réservoirs d’eau avec un tissu ou une moustiquaire ». Elle recommande également de « porter des vêtements couvrants et amples, surtout le soir, car les moustiques Culex sont principalement actifs la nuit, et d’utiliser des répulsifs sur les vêtements et les zones cutanées exposées ».