les candidats non désignés par l’alliance de gauche utilisent toujours le logo du Nouveau Front Populaire
Plusieurs candidats « diverses gauches » utilisent le logo du Nouveau Front populaire sur leurs affiches, notamment le candidat de la 9e circonscription des Français de l’étranger, Ismaël Boudjekada, accusé de propos homophobes, ou Danielle Simonnet, députée du 20e arrondissement en campagne à Paris. Des « usurpations » dénoncées par le mouvement, contacté par franceinfo.
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Ismaël Boudjekada, accusé de propos homophobes, est-il candidat du Nouveau Front populaire ? Invité sur Sud Radio, le candidat de la 9e circonscription des Français de l’étranger, initialement présenté par les médias comme un « candidat du Nouveau Front populaire », a jugé que l’homosexualité n’était pas « pas dans l’ordre des choses ». Les réactions ont été très rapides. « Ça continue… les amis du Front populaire islamiste persistent à s’en prendre aux homosexuels » écrit sur X le député sortant du Rassemblement national, Sébastien Chenu. Les propos d’Ismaël Boudjekada sont également dénoncés par le candidat de la Renaissance à Paris, Clément Beaune. Les tweets se multiplient, présentant Ismaël Boudjekada comme candidat du Nouveau Front populaire.
C’est faux. Le coordinateur de la France Insoumise, qui fait partie de l’alliance des gauches, Manuel Bompard a démenti sur X : « Cette personne n’est pas membre de la France Insoumise et n’est pas candidate du Nouveau Front Populaire. Arrêtez la désinformation. Sur le site du ministère de l’Intérieur, Ismaël Boudjekada est répertorié comme candidat « diverses gauches ». Karim Ben Cheïkh est le candidat sous la bannière du Nouveau Front populaire.
La confusion vient d’abord du site officiel de la diplomatie française, qui répertorie les candidats des Français de l’étranger, où Ismaël Boudjekada est répertorié sous la bannière « Nouveau Front populaire ». C’est une erreur. Le candidat alimente aussi le doute. Sur son affiche officielle et tous ses éléments de communication, on retrouve le logo du Nouveau Front Populaire, avec « candidat soutenant le Nouveau Front Populaire » écrit en minuscules, ce qui porte à confusion.
Ce n’est pas le seul candidat à utiliser le logo du Nouveau Front populaire sans être candidat à l’alliance. La coalition, contactée par franceinfo, décompte un « une demi-douzaine » de candidats qui « réclamer l’étiquette du Nouveau Front Populaire ». « Nous sommes confrontés à des usurpations », réagit l’équipe de campagne. Parmi eux : Raquel Garrido et Alexis Corbière, candidats en Seine-Saint-Denis, ou encore Danielle Simonnet, en campagne à Paris. Des Insoumis qui n’ont pas obtenu l’investiture de la France Insoumise et qui sont revenus en campagne sous l’étiquette officielle « plongeurs de gauche ». Sur son compte X, Danielle Simonnet se présente même comme une « candidate du Nouveau Front Populaire ». Elle appose le logo officiel du mouvement sur ses affiches. Raquel Garrido utilise le terme de « Front populaire ».
Interrogé par franceinfo, le Nouveau Front populaire annonce qu’il va envoyer des lettres de mise en demeure à ces candidats afin qu’ils cessent d’utiliser le logo et le nom du Nouveau Front populaire. Ces candidats « profiter du flou des repères, il y a une vraie volonté de tromper les électeurs »dénonce le Nouveau Front Populaire. « S’il le faut, nous irons au tribunal » insiste l’équipe de campagne. Selon nos informations, le parti Europe Ecologie les Verts a également envoyé des courriers à des candidats dissidents se réclamant du label Nouveau Front populaire et qui avaient apposé le logo des Verts sur leur affiche, comme Alexis Corbière.
Les logos sont en effet des créations protégées par le droit d’auteur. Ils ne peuvent pas être utilisés par n’importe qui. Le mouvement ou le parti politique qui en est propriétaire, ou le créateur du logo, peut intenter une action en justice. Le Nouveau Front Populaire envisage également de saisir le tribunal administratif pour « non-respect de la sincérité du vote », notion inscrite à l’article L116 du code électoral. C’est alors au juge de trancher.
Le Conseil d’État a par exemple déjà confirmé l’annulation des élections municipales de 2021 pour utilisation irrégulière de logos sur les tracts électoraux. Le juge a jugé qu’il existait un risque de confusion pour les électeurs car l’un des candidats avait apposé les logos de diverses associations. On pourrait croire au soutien de ces associations. Plus récemment, en pleine campagne pour les élections législatives de 2024, le tribunal administratif de Lille a au contraire autorisé la candidate dissidente de gauche Amy Bah à mentionner le Nouveau Front populaire sur son matériel de campagne. La justice a rejeté la demande du candidat désigné pour l’alliance des gauches dans le Nord, Aurélien Le Coq. Le juge des référés a conclu que « l’existence d’une atteinte grave et manifestement illégale à la sincérité du vote n’a pas été suffisamment établie ».
En cas de victoire de l’un de ces candidats dissidents, le Nouveau Front Populaire envisage de «recours au Conseil Constitutionnel pour l’annulation des élections ».