Dans la 3e circonscription, un duel serré se profile entre Johnny Hajjar, député sortant et Béatrice Bellay. Un duel quasi fratricide puisque le candidat du PPM a le soutien du parti socialiste alors que son adversaire n’est autre que le premier fédéral de la Fédération socialiste de Martinique.
Seulement 2.137 voix séparent les deux finalistes du premier tour. Dans une circonscription dominée par Aimé Césaire et le PPM depuis 1945, l’écart est faible et ouvre la porte à ce qui pourrait être un séisme politique.
Deux partisans dans la circonscription
D’autant que le challenger bénéficie déjà de plusieurs soutiens de candidats battus. Ainsi, Frédérique Dispagne, sixième du scrutin, a indiqué qu’elle choisirait un bulletin au nom du candidat du FSM :
Personnellement, je souhaite plus que jamais un changement profond pour notre ville, que nous fassions chaque pas vers l’émancipation des esprits, loin des pratiques politiques claniques et partisanes qui pèsent sur notre ville. Je voterai pour Béatrice Bellay qui est en mesure aujourd’hui d’incarner ce renouveau.
Béatrice Bellay a reçu un autre soutien de taille. Celui de Francis Carole. Opposant de longue date du PPM à Fort-de-France, régulièrement qualifié pour le second tour, le président de Palima s’est positionné en faveur du candidat qui l’a battu :
Nous savons qu’à Fort-de-France, il y a une partie importante de l’électorat qui souhaite que cette transparence soit instaurée, que des espaces démocratiques soient ouverts. Parce que c’est très important, c’est une demande importante de la population. C’est un peu ce vers quoi nous travaillons depuis des décennies et nous pensons que nous devons soutenir ce mouvement. Cela ne signifie en aucun cas une sorte de repositionnement sous des positions qui ne sont pas les nôtres, mais nous considérons qu’il est important dans ces circonstances que nous appelions clairement à ce que Béatrice Bellay soit votée au second tour.
Le grand défi de Johnny Hajjar
Elu il y a deux ans, Johnny Hajjar va donc devoir affronter une adversité inédite sur le terrain de prédilection de son parti. Un parti au sein duquel les dissensions se sont manifestées plus bruyamment que d’habitude à l’issue du congrès de novembre dernier.
Le rôle du député de Fort-de-France au sein du PPM est également un des points de friction entre les différents courants.
Au second tour, le vice-président du PPM devra donc faire campagne auprès des Foyalais mais aussi dans ses propres rangs pour ne pas être l’héritier maudit qui aura laissé échapper une partie de l’héritage politique d’Aimé Césaire.
Une pression folle qui ne devrait pas être atténuée par le soutien d’Emmanuel Grannier. Dernier du premier tour avec 361 voix, il a appelé à voter en faveur du député sortant.
Il aura à son avantage son bilan sur lequel figure son engagement contre la vie chère. Samedi soir, il a également reçu les vœux de Jean-Philippe Nilor, également député sortant et qualifié pour le second tour. Ce dernier a salué le travail collaboratif des parlementaires en place. Suffisant pour l’emporter ? Les urnes le diront le 6 juillet, vers 22 heures.