Une nouvelle taxe pourrait s’abattre sur l’industrie brassicole. Les députés ont voté en commission des affaires sociales une augmentation de près d’un milliard d’euros de la taxe déjà existante. Pour les brasseurs de France, c’est la goutte d’eau qui fait déborder le vase.
Dans le cadre du projet de loi de financement de la Sécurité sociale, divers produits comme le tabac, l’alcool et le sucre sont dans le collimateur du gouvernement pour de potentielles hausses d’impôts. La bière, notamment, n’échappe pas à cette revalorisation. Remarquées pour leur teneur en sucre ou en alcool, les députés entendent profiter des boissons houblonnées, dont le secteur rapporte déjà un milliard d’euros par an à l’Etat, à travers une nouvelle augmentation des taxes. Au total, si ces amendements étaient appliqués, le secteur devrait se préparer à payer un milliard d’euros d’impôts supplémentaires à la Sécurité sociale, selon le syndicat Brasseurs de France. L’argument de la prévention contre l’alcool et les sucres transformés est utilisé par le ministère de la Santé.
En fait, si cette projection devait se réaliser, les prix de vente devront s’aligner sur ces nouvelles réalités. Les nouveaux prix qui seront affichés en cas d’acceptation de la loi sont encore flous pour la plupart des brasseurs, mais certains misent sur des prix qui pourraient refroidir les amateurs. « Si le consommateur entre dans un bar et voit qu’une pinte coûte désormais 12 euros, va-t-il encore se dire : ‘Ce n’est pas grave, je m’amuse’ ?demande Nicolas Couturier, employé de la brasserie indépendante La Bouledogue. « Les gens font attention à leurs dépenses en ce moment »ajoute-t-il.
« Des agriculteurs aux restaurateurs, tout le monde sera impacté »
Il s’avère également que le secteur brassicole n’est pas au meilleur de sa forme depuis plusieurs années, le cocktail post-crise sanitaire et inflation ayant déjà fait son effet. Selon la déléguée générale des Brasseurs de France Magali Filhue, une brasserie ferme chaque semaine en France. Ce dernier dénonce une véritable pénalisation de l’ensemble du secteur. « Ce ne sont pas seulement les brasseurs qui paieront le prix de cette taxe. Des agriculteurs aux restaurateurs, tout le monde sera impacté »s’indigne le syndicaliste.
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Mais il semble que la facture soit particulièrement salée pour les brasseurs indépendants. Le président du Syndicat national des brasseries indépendantes Jean-François Drouin affirme alerter le gouvernement depuis déjà deux ans concernant la situation des petites brasseries indépendantes. « Cela fait deux ans que je leur dis : ‘on va mourir’, mais allez-y, donnez-nous un peu d’impôt !», s’énerve-t-il.
Même si les députés disent vouloir cibler majoritairement les industriels lors de leurs discussions avec les syndicats, il semble que les indépendants ne voient pas les choses de cet oeil. « C’est complètement faux, les amendements prévoient notamment de taxer les bières au-dessus de 5,5 %. Mais les bières industrielles proposent des bouteilles en dessous de ce taux d’alcool, généralement pas supérieur à 4,7 %. En revanche, les petites brasseries indépendantes choisissent de proposer des bières plus dosé pour le développement des arômes »explique Jean-François Drouin. Nicolas Couturier, brasseur au Bouledogue, est déjà démissionnaire : » NOTRE API à 6%, c’est un gros problème pour nous. Pour s’aligner sur la taxe, il faudra forcément que les prix augmentent et forcément on vendra beaucoup moins.» Les différents amendements doivent être réétudiés ce mercredi soir à l’Assemblée nationale pendant que le secteur brassicole retient son souffle.