Les « bracelets d’amitié » sont bons pour la santé mentale, selon ce psychologue
WILLIAM OUEST / AFP
L’universitaire Georgia Carroll porte des bracelets Swiftie alors qu’elle s’adresse à l’AFP lors du « Swiftposium » de Taylor Swift à l’Université de Melbourne, à Melbourne, le 12 février 2024.
SWIFTIES – « Quand je suis allée au concert de Taylor Swift, dans le métro, on s’est reconnu grâce à nos « bracelets d’amitié » », témoigne Solène Ekizian, docteur en psychanalyse et psychopathologie. Se « Swiftie » dès la première heure, elle a pu vivre l’échange de ceux-ci » bracelets d’amitié » avec d’autres fans, lors du passage de l’artiste à Paris.
Alors que Taylor Swift se produit à Lyon les 2 et 3 juin, le trafic de ces bijoux multicolores risque de reprendre. Derrière l’aspect anecdotique de cette pratique chez les Swifties, nous avons demandé au psychologue d’analyser ce qui se passe.
Pour elle, ces bracelets sont un signe de reconnaissance, une manière de créer une communauté très forte autour de l’univers de l’artiste. Mais les bienfaits de Taylor Swift et des rituels qui l’entourent ne s’arrêtent pas là, selon Solène Ekizian, qui va jusqu’à utiliser le travail de la chanteuse dans certaines de ses consultations.
Créer des liens et une communauté
Les petites traditions qui entourent les concerts de la star contribuent à donner à ses fans un sentiment d’appartenance à un groupe. » Les bracelets, contreIl vient de sa chanson « You’re on your own kid », dans l’album « Midnight »elle explique. Il y a tout un code couleur, il y en a qui le font avec des paroles de chansons, créent des sigles que seuls les fans reconnaissent. Et puis il y a l’idée de les échanger. Cela crée un lien. » Les Swifties, grâce à l’échange de bracelets, se parlent dans les files d’attente des concerts et communiquent plus naturellement.
Le besoin d’appartenir à une communauté plus grande que soi, exacerbé à l’adolescence, se poursuit à l’âge adulte. Les bracelets et les looks à paillettes des Swifties créent un phénomène de connexion instantané. » On peut vraiment le relier à un concept psychologique, qui s’appelle « illusion de groupe », dont parlent les psychanalystes Didier Anzieu et René Kaës, explique Solène Ekizian. Cela veut dire que pour former un groupe, il ne suffit pas de rassembler les gens. Il faut des gens et autre chose. »
Un « phénomène d’identification »
Préparer les bracelets à l’avance, dans le but de les offrir, ritualise également l’expérience du concert et prolonge le plaisir qui entoure l’événement. » Le choix du thème, la recherche des paillettes, etc. C’est un peu comme un mariage, tous les préparatifs, les invitations, le choix de sa tenue, tout cela fait aussi partie du spectacle. », décrit le psychologue. Et cette activité manuelle est bénéfique pour les enfants comme pour les adultes. » Cela fait travailler ce que nous appelons la motricité fine. C’est apaisant, il faut se calmer, se concentrer. Cela fait aussi travailler les couleurs, la créativité. Et en plus, il y a l’idée qu’on va l’offrir à quelqu’un et qu’on va lui faire plaisir « , Elle ajoute.
Pour Solène Ekizian, tout cela contribue aussi à un « phénomène d’identification » plus global qui entoure Taylor Swift. C’est la personnalité de la chanteuse qui invite à cela : dans ses différents albums, elle évoque notamment son isolement d’adolescente, ses déceptions amoureuses, ses épreuves, mais aussi son coup de foudre et sa résilience. Elle évolue au fil des années et surmonte ses traumatismes grâce à sa musique. Ses fans, qui ont souvent grandi avec elle, se reconnaissent dans ses paroles.
« Elle incarne la liberté »
Pour Solène Ekizian, Taylor Swift incarne des valeurs telles que la bienveillance, la bienveillance et la vulnérabilité, qui font de ses concerts « espace sûr » (espaces sûrs et sécurisés) – même lorsque vous êtes entouré de 40 000 personnes.
» Cela se joue aussi dans le fait qu’elle accepte sa sensibilité : quand elle est heureuse elle est très heureuse, et quand elle est malheureuse elle est très malheureuse.elle dit. Elle légitime un peu ça : on a le droit d’être comme on est, et cela se ressent dans ses concerts. Même artistiquement parlant, elle incarne la liberté. »
La psychologue utilise même les paroles de Taylor Swift en thérapie avec ses patients. À l’image de son discours lors de sa cérémonie de remise des diplômes, pour son doctorat honorifique en beaux-arts, décerné par l’université de New York en 2022.
Notamment cette phrase : « Ce qui est effrayant, c’est que vous devez maintenant voler de vos propres ailes. Ce qui est cool, c’est que vous devez maintenant voler de vos propres ailes. » La psychologue, spécialisée en périnatalité, l’utilise lors de séances auprès de jeunes mamans qui peuvent souvent se poser des questions sur l’identité.
« Elles se demandent si le fait d’être mère est ce qui les définit désormais, si elles aiment toujours leur partenaire. Et la question qui revient souvent ensuite est : « Si je ne suis pas la mère de ce bébé, qui suis-je ? » dit Solène Ekizian. Et citer Taylor Swift est très pertinent. »
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