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Les binationaux français inquiets de la proposition du Rassemblement national de les exclure de certains postes

Le Rassemblement national menace d’exclure les binationaux de certains postes sensibles.

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Jordan Bardella, le soir du 30 juin 2024. (ALEXIS SCIARD / MAXPPP)

La proposition du Rassemblement national d’exclure les Français binationaux de certains postes sensibles continue de susciter la polémique, notamment après plusieurs déclarations de candidats du Rassemblement national. Pourtant, depuis plusieurs jours, le parti tente de rassurer. Au soir du premier tour, Marine Le Pen a indiqué qu’elle ne voulait retirer aucun droit aux Français. Mardi 2 juillet, sur France Inter, elle a évoqué une « liste dérisoire »une trentaine de postes mais pas de liste précise. Pour elle, c’est une « sujet microscopique ». Malgré cela, de nombreux binationaux ne comprennent pas pourquoi ils sont ciblés et s’inquiètent des conséquences que pourrait avoir une telle mesure.

Franco-algérien, Karim Amellal est ambassadeur et délégué interministériel à la Méditerranée. Il pourrait être concerné par la mesure du RN et a donc décidé de sortir de son devoir de réserve : « Il me paraît nécessaire aujourd’hui de m’exprimer car j’estime que le danger est imminent. » Un danger imminent mais pour lui, rien de nouveau dans cette proposition : « C’est cette vieille épreuve de déloyauté, ce soupçon de double allégeance. En aucun cas, évidemment, je n’oublie au service de qui je suis. Je suis né en France, de culture française. Mais même le dire me met mal à l’aise. »

Surtout, Karim Amellal assure qu’avoir cette double nationalité est une force dans son rôle. « La double nationalité, notamment dans certains postes tels que diplomates, militaires, agents de renseignement, est une richesse, il a dit. Parler plusieurs langues, connaître plusieurs cultures, plusieurs pays… »

Pour le Rassemblement national, ces restrictions visent à limiter les risques d’interférences. Mais Karim Amellal y voit plutôt une volonté de faire le tri chez certains Français : « Ce ne sont pas les Canadiens français ou les Allemands français qui sont en cause et qui seraient exclus d’un certain nombre de fonctions. Ce sont évidemment d’autres catégories de binationaux : les Maghrébins français, les Africains français. » Pas concerné par le projet du RN, Pierre-Eugène Burghadt, avocat au barreau de Paris, reste inquiet : « Je suis franco-argentin, c’est un attachement à mes grands-parents. » Il craint qu’une telle mesure n’ouvre la porte à d’autres régimes d’exception : « Après, ce seront les allocations familiales, toutes les interactions du citoyen dans sa vie quotidienne et ça nous ramène directement au programme de Vichy, soyons très clairs. »

Comme lui, Ghada Hatem, gynécologue, ne serait pas directement concernée par le projet du Rassemblement national. D’origine libanaise, elle a choisi de se faire naturaliser française en 2006, après ses études et pour elle, double nationalité ne veut pas dire moins française : « J’ai travaillé pour ce pays. J’ai travaillé comme un dingue. Je dirais que je suis peut-être plus français. Parce que j’ai choisi. C’est comme tes amis et ta famille. Ta famille tombe sur toi, tu ne l’as pas vraiment choisie. Par contre, tu as choisi tes amis avec soin. Tout le monde espère qu’une telle mesure sera impossible à mettre en œuvre, car elle pourrait être contraire à la Constitution et à ses principes d’égalité.

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