Vous avez déjà vu ce film. Elle est diffusée plus souvent que La Septième Compagnie sur TF1 pendant les vacances scolaires. L’Aviron Bayonnais s’est fait une belle frayeur ce samedi face à Montpellier, mais a finalement arraché son succès dans les derniers instants du match (28-27). Vu et revu. Sans l’essai de Sireli Maqala à deux minutes de la fin, Camille Lopez et ses coéquipières seraient en Top 14 ce week-end. Avant d’aller à Bordeaux puis de recevoir La Rochelle (à Saint-Sébastien) et le Racing, l’idée n’aurait pas été brillante. Cela aurait pris des allures de crise.
Le cœur des fans a tremblé. Comme toujours chez Jean-Dauger. « Autrement, ce ne serait pas drôle », sourit ensuite Guillaume Rouet. Après la pirouette sémantique, le demi de mêlée a retrouvé son sérieux. « C’est bien de montrer du caractère sur la fin mais on pourrait se passer de ces scénarios. Nous ne sommes toujours pas loin du désastre. » Déjà contre Perpignan lors de la première journée, les bleu et blanc ont dû attendre un penalty de Joris Segonds à trois minutes de la fin pour s’imposer (21-19).
Les regrets auraient été encore plus colossaux. Car Bayonne, avec des avants enfin relancés et une nouvelle touche, menait 15 à 0 à la mi-temps. De retour comme titulaire, Guillaume Rouet menait, le duo de centre Maqala – Martocq assurait, bref, tout se passait bien. Et malheur ! Cinq minutes après le retour des vestiaires (43e-48e), le MHR, qui n’avait rien montré, était déjà aux trousses des Basques (15-14). « On met 40 minutes à marquer 15 points en construisant notre rugby et eux, en cinq minutes, reviennent au score », souffle Grégory Patat. On a remis cette équipe dans le match à cause de notre tête, pas du rugby. On a l’impression que quand on n’est pas sous pression, quand on est un peu trop calme, on met moins d’intensité et on fait des choses que personne ne fait dans ce Top 14 et qui nous affaiblissent. »
« On met 40 minutes à marquer 15 points en construisant notre rugby et eux, en cinq minutes, reviennent au score »
Penaltys concédés, rucks perdus, fautes techniques et défensives : plus grand-chose ne se passait plus. « Cette seconde mi-temps ressemble à nos trois premières journées », grince le manager. Montpellier reprenait (21-21, 59e) avant d’arracher la victoire dix minutes plus tard (21-27). « Les grandes équipes, quand elles entrent en seconde période à 15-0, elles finissent le travail et étouffent l’adversaire », rappelle Cheikh Tiberghien. Il faut avoir l’ambition de tuer les matches bien plus tôt. Ce sera le sujet sur lequel travailler au cours des prochaines semaines. »
Celui d’aujourd’hui est bien connu. « Il y a une étoile au-dessus de Jean-Dauger », répète souvent Camille Lopez. Elle doit toujours être là. «Nous avons une bonne force de caractère», reconnaît le deuxième ligne Arthur Iturria, soulagé d’avoir gratté le dernier ballon du match. Cela fait trois ans que le club est revenu en Top 14, et il y a eu pas mal d’épisodes de ce genre. On arrive à être forts dans ces moments-là mais on aimerait éviter ces scénarios-là. »
Car l’Aviron a concédé les 27 points de Montpellier en seulement 26 minutes. «C’est anormal», grince Patat. Ce sont des normes trop élevées. Si l’on veut marquer notre territoire, l’adversaire doit marquer entre 12 et 15 points. » Le technicien « doutait », avoue-t-il. Surtout quand son équipe perdait une touche précieuse à moins de dix minutes de la fin. Sans conséquence grâce à un dernier sursaut. « Perpignan, tu renverses le match. Montpellier, vous renversez. Pourquoi réagissons-nous ainsi ? Parce qu’on a du mal à jauger à zéro. Lorsqu’il y a une urgence, nous montrons ce visage. » C’est bien, mais une équipe qui vise le top 8 ne peut pas se contenter de ça.
Remarques
7/10 Maqala, Rouet, Tiberghien
6/10 Martocq, Lopez, Iturria, Tatafu, Cormenier, Orabé, Chouzenoux
5/10 Cassiem, Erbinartegaray, Callandret, Héguy, Tagi, Bosch, Castillon
4/10 Habel-Küffner, Lune, Giudicelli
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