Bourse Entreprise

Les banques peuvent tenir leurs clients responsables de fraudes. Voici les cas dans lesquels elles le font.

Si vous possédez une carte bancaire, vous découvrirez peut-être un jour sur vos relevés bancaires des frais pour des achats qui ne vous concernent absolument pas. Question : qui est responsable en cas de fraude ?

Ai-je droit à un remboursement en cas de fraude bancaire ?

Le principe est simple : si quelqu’un a utilisé votre carte bancaire de manière frauduleuse, vous avez droit au remboursement des sommes débitées de votre compte avant l’opposition. On distingue cependant selon que votre carte bancaire est toujours en votre possession ou non : si votre carte bancaire a été perdue ou volée, une franchise de remboursement peut parfois s’appliquer.

Qu’est-ce que la franchise de remboursement bancaire ?

Une franchise de 50 euros est appliquée par les banques lorsque votre carte n’est plus en votre possession (c’est à dire en cas de perte ou de vol) ET que le code secret a été utilisé. Dans tous les autres cas (lorsque la CB est toujours en votre possession ou en cas de perte ou de vol sans utilisation du code secret), la banque doit rembourser intégralement les sommes débitées avant l’opposition. Pas de franchise.

Les frais bancaires me seront-ils remboursés ?

Ce remboursement concerne également les éventuels frais bancaires générés par ces prélèvements sur votre compte bancaire. En pratique, il arrive parfois que ces frais ne soient pas automatiquement annulés par la banque. Dans ce cas, vous devez lui adresser un courrier de contestation des frais bancaires.

Quand et comment déposer une objection ?

Dès que vous constatez la disparition de votre carte, vous devez immédiatement prévenir votre banque par téléphone et la bloquer sur votre carte bancaire, avant de confirmer votre démarche par lettre recommandée avec accusé de réception.

S’il s’agit d’un vol, vous devez également déposer plainte au commissariat de police ou à la gendarmerie et joindre le récépissé de déclaration à votre courrier.

Auparavant, vous ne pouviez faire opposition à une carte ou à un chèque bancaire qu’en cas de perte, de vol ou de redressement judiciaire ou de liquidation judiciaire du bénéficiaire de votre paiement. Vous pouvez désormais faire opposition en cas d’utilisation frauduleuse. Dans ce cas, l’émetteur doit vous rembourser tous les frais liés à votre opposition (Code mon. et fin. art. L 133-26).

S’il s’agit d’une Carte Bleue, vous pouvez également faire opposition si un membre de votre famille vous l’a volée sans qu’il s’agisse réellement d’un vol.

En principe, l’opposition est réputée formée dès que votre banque est avisée. Toutefois, en cas de litige, c’est la date de réception de la lettre recommandée qui est prise en compte. Il est donc préférable de l’envoyer au plus vite, voire de se rendre en personne à la banque pour réduire les délais.

Que faire après l’opposition ?

Le principe est simple et intangible : vous êtes totalement dégagé de toute responsabilité pour toutes les transactions frauduleuses effectuées après la date de votre opposition. Rien de plus logique puisqu’il appartient désormais à la banque de mettre en œuvre tous les moyens techniques pour empêcher l’utilisation de la carte perdue ou volée (blocage dans les distributeurs automatiques, etc.).

Attention : Dans certains cas, heureusement assez rares, votre responsabilité peut être engagée même après opposition si votre comportement a été particulièrement négligent ou imprudent. Exemples : vous n’avez pas apposé votre signature au dos de la carte, vous avez inscrit le code secret sur un bout de papier collé sur la carte, etc. Mais c’est naturellement à la banque de prouver votre négligence…

Pour un exemple de négligence du client reconnue par les tribunaux, voir l’arrêt n° 14-29906 rendu par la chambre commerciale de la Cour de cassation le 31 mai 2016.

Vous devez rester vigilant en consultant vos relevés bancaires même pour les transactions effectuées après votre opposition. C’est notamment le cas pour celles de petits montants inférieurs ou égaux à 50 euros : il pourrait en effet s’agir d’un paiement sans contact frauduleux effectué avec une carte perdue ou volée. Certaines cartes bancaires émises par les banques conservent la fonction sans contact même après une opposition. Certaines banques ne procèdent pas à une vérification systématique du statut de la carte bancaire avant le paiement sans contact. Dans tous les cas, vous disposez de 13 mois pour adresser une réclamation à votre banque concernant ces débits frauduleux.

Que faire face à l’opposition ?

Vous êtes responsable des transactions effectuées avec votre carte avant la date de votre opposition, dans la limite d’un plafond qui ne peut excéder 50 euros (Code mon. et fin. art. L 133-19). Mais cette franchise ne s’applique que si votre code secret a été utilisé par le fraudeur (voir ci-dessus). Par ailleurs, la banque ne pourra pas vous facturer cette franchise tant que vous serez toujours en possession de votre carte bancaire.

Attention : Là encore, votre responsabilité peut être engagée sans aucun plafond, si votre comportement a été particulièrement négligent. Cela peut être le cas, par exemple, si vous avez tardé à formuler une opposition ou si un membre de votre famille a utilisé votre code laissé à la vue de tous… Dans tous les cas, la banque doit être en mesure de démontrer la preuve d’une négligence grave de la part du client pour refuser de rembourser les sommes en cause.

Le contrat entre le titulaire et la banque peut imposer un délai maximal d’opposition, au-delà duquel votre responsabilité peut être engagée sans aucun plafond. Ce délai ne peut être inférieur à deux jours francs. A l’inverse, la banque ne doit pas non plus faire preuve de négligence. Il lui appartient par exemple de vérifier que la signature figurant sur les reçus est bien la vôtre même si ces reçus ont été émis avant l’opposition. Elle doit également alerter le titulaire du compte si des retraits ou des paiements sont significativement exagérés par rapport aux mouvements habituels du compte.

Quel remboursement en cas de fraude ou de phishing ?

Sur Internet

Même si vous êtes toujours en possession de votre carte et n’avez donc pas fait opposition, vous êtes totalement dégagé de responsabilité (sans limite) en cas d’utilisation frauduleuse de votre numéro de carte (achats par correspondance, sur internet notamment) ou de contrefaçon.

Il vous suffit de signaler par écrit à la banque votre contestation pour prélèvements frauduleux (voir notre modèle de courrier gratuit). Vous pouvez également déposer plainte au commissariat, mais sachez que les banques n’ont pas le droit de conditionner le remboursement des sommes versées au dépôt de plainte de leur client.

Vous pouvez également signaler la fraude dont vous êtes victime aux forces de l’ordre en ligne via la plateforme Perceval. Cette procédure vous permet d’obtenir un reçu que vous pourrez fournir à votre banque pour faciliter votre remboursement.

Après réception de votre lettre recommandée, l’établissement bancaire doit alors vous créditer immédiatement des sommes litigieuses (article L. 133-18 du Code monétaire et financier).

Hameçonnage et hameçonnage

La pratique du phishing (Hameçonnage Le piratage informatique (en anglais) est un type de fraude très répandu. Il consiste pour l’escroc à envoyer un courriel à un client d’une banque en se faisant passer pour un organisme public ou une banque. Un lien contenu dans le courriel renvoie vers un faux site invitant l’internaute à saisir ses coordonnées bancaires. L’escroc intercepte ensuite ces données et utilise le moyen de paiement du client pour effectuer des achats depuis son compte.

Les clients victimes d’une telle pratique peuvent en principe obtenir de leur banque le remboursement des sommes qui leur ont été volées par l’escroc, même s’ils sont tombés dans son piège (arrêt n° 15-18102 de la Chambre commerciale de la Cour de cassation du 18 janvier 2017). Il faut toutefois que la fraude ne soit pas liée à une faute grave du client (pour un exemple de faute grave, voir l’arrêt n° 16-20018 de la Chambre commerciale de la Cour de cassation du 28 mars 2018). Mais même dans cette situation, la banque doit également démontrer que l’opération a été dûment enregistrée et comptabilisée et qu’elle n’a pas été affectée par une déficience technique ou autre (arrêt n° 19-12.112 de la même chambre du 12 novembre 2020).

Quel est le délai pour déposer une réclamation ?

La réclamation doit être formulée dans un délai de 13 mois à compter de la date du débit, sous peine de prescription. Pour les paiements effectués hors Union européenne, vous disposez d’un délai minimum de 70 jours à compter de la date de l’opération contestée pour introduire une réclamation auprès de l’établissement émetteur. Ce délai peut être prolongé jusqu’à un maximum de 120 jours par le contrat signé avec l’établissement.

Conseil

Bien que le risque zéro n’existe pas sur Internet, quelques précautions utiles peuvent néanmoins vous permettre de vous protéger d’une grande partie des risques de fraude. Dans la majorité des cas, la fraude à la carte bancaire est due à des paiements sur Internet sur des sites insuffisamment sécurisés. Avant de saisir votre numéro de carte bancaire pour payer en ligne, assurez-vous que le site sur lequel vous vous trouvez est suffisamment fiable et protégé. Pour cela, le site doit au moins disposer d’une adresse sécurisée en HTTPS. Choisissez des sites ayant mis en place une double sécurité (avec confirmation de commande par SMS ou email) lors du paiement.

La source de la fraude peut également provenir de votre ordinateur s’il est victime de virus ou de logiciels espions. Avant d’effectuer des paiements en ligne sur un ordinateur, assurez-vous qu’il est bien protégé et régulièrement nettoyé. Évitez également de télécharger des logiciels gratuits dont vous n’êtes pas sûr de l’origine ou de la fiabilité : beaucoup d’entre eux contiennent ce type de logiciels espions.

Autre précaution à prendre : ne payez jamais un achat en ligne depuis un réseau Wi-Fi public ou celui d’un hôtel. Sur ce type de terminal, vos informations de paiement ont plus de chances d’être interceptées par un pirate informatique.

Un article de loi

Les règles applicables au remboursement des sommes débitées frauduleusement via la carte bancaire du client sont fixées à l’article L. 133-19 du Code monétaire et financier. Il s’agit d’une obligation légale pour la banque. Elle ne peut donc pas conditionner ces règles à la souscription d’une assurance ou d’une garantie.

Ray Richard

Head of technical department in some websites, I have been in the field of electronic journalism for 12 years and I am interested in travel, trips and discovering the world of technology.
Bouton retour en haut de la page