Considéré comme le plus grand cycliste de l’histoire, Eddy Merckx parle franchement de l’épouvantail actuel : Tadej Pogacar.
De la » nouveau Merckx « , le « Cannibale » en a vu passer plus d’un. Sans jamais avoir été égalé. » Je ne les compte plusil plaisante dans une interview au Parisien. Presque un par an peut-être ! On aurait pu faire tout un peloton avec le nouveau Merckx. A un moment, dès qu’un Belge gagnait une course, c’était le nouveau moi. J’ai toujours dit que si j’arrivais à être le meilleur de ma génération, il ne fallait pas essayer de m’imiter. Après tout, je ne viens pas d’une autre planète : il y a encore quelques gars avec mes qualités, non ? »
S’il devait désigner son véritable successeur, le champion, aujourd’hui âgé de 79 ans, vainqueur de 11 grands tours dont
cinq grandes boucles et flanqué de 27 Classiques, opterait sans aucun doute pour Tadej Pogacar. Celui-là, c’est différent. Si vous voulez que je lui prédise une carrière qui ressemblerait à la mienne, je dis oui. Il a commencé à gagner très jeune, et je sens chez lui une énorme envie de tout gagner. Il y a une rage dès qu’il est sur un vélo. J’aime ça. Oui, vraiment, je le dis, et pas pour faire plaisir à ceux qui me le demandent : Pogacar est mon véritable héritier. Si je dois lui trouver encore une marge de progression, c’est dans le contre-la-montre où il peut encore prendre du temps. Et plus tard, il faudra qu’il reprenne un peu de poids s’il veut gagner Paris-Roubaix. »
« Pogacar est méchant sur le vélo mais… »
Pourquoi une telle projection ? Vous connaissez l’expression « graine de champion » ? C’est exactement ce qu’il est avecrépond Eddy Merckx. Il a déjà gagné pas mal de choses, mais on sent qu’il peut faire encore plus. Pogacar a encore faim. Même s’il n’a pas gagné Milan-San Remo, par exemple, il a tenté des choses qui vont payer plus tard. Et regardez comment il a gagné le Tour des Flandres en 2023, écrasant tout le monde. Désolé, mais j’aime quand tu marches sur la tête des autres comme ça. (…) Tous les événements dépendent de lui, pas des autres. Il attaque sans arrêt jusqu’à ce que les autres craquent. J’ai été pareil : j’ai mis beaucoup de coups jusqu’à ce que le dernier adversaire passe par la fenêtre. C’est une sensation extraordinaire. Pogacar est méchant sur le vélo mais, à part ça, il reste très simple et ne regarde pas les autres de haut. Il n’a pas la grosse tête et est gentil et ouvert. »
Une rage de vaincre incomparable dans le peloton, et qui animait aussi l’ogre belge en son temps. C’est ça le cyclisme : gagner le plus de courses possible, surtout les meilleures. Les champions doivent avoir dans le sang l’envie de gagner toutes les courses auxquelles ils participent. Le champion que j’ai été et celui qu’est Pogacar ont le même état d’esprit. Je n’aime pas ce cyclisme qui consiste à être bon un ou deux mois par an. Le vrai cycliste veut gagner de mars à octobre s’il le peut. Rien que parier sur le Tour de France est insupportable, même si c’est la plus grande course de l’année. Voir Pogacar rêver des cinq monuments (Tour des Flandres, Tour de Lombardie, Liège-Bastogne-Liège qu’il a déjà gagné, ainsi que Paris-Roubaix et Milan-San Remo), ça me fait plaisir. L’histoire du cyclisme, ce sont toutes ses grandes courses. Pogacar l’a bien compris. »