La mini-série reste fidèle à la franchise « Zorro » tout en la renouvelant grâce à la singularité d’un humour français servi par un casting redoutable. Le second degré dans les situations et les dialogues est un vrai régal.
Publié
Temps de lecture : 3 min
Les nouvelles aventures de Zorro sont disponibles dans une série de huit épisodes à partir du 6 septembre sur la plateforme de streaming Paramount et d’ici la fin de l’année sur France Télévisions, qui l’a coproduit. Nous sommes en 1821, Don Diego de la Vega, incarné par Jean Dujardin, renoue avec son alter ego Zorro, qu’il a renié depuis vingt ans. Pour cause, sa chère ville de Los Angeles va mal. L’aide du héros masqué devient indispensable lorsque Don Diego hérite enfin du poste de maire après les 48 ans de règne de son père, Don Alejandro (André Dussolier).
La ville est endettée auprès de l’homme d’affaires corrompu, Don Emmanuel (Eric Elmosnino) qui n’hésite pas, pour se dédommager, à exproprier les « Indiens », terme impropre que Don Diego lui rappelle pourtant constamment. Grâce à Bernardo (Salvatore Ficarra), son fidèle compagnon muet, Zorro est de retour en ville, au grand désespoir du sergent Garcia (Grégory Gadebois) dont les griefs contre le héros masqué pourraient occuper plusieurs pages, tant ils sont nombreux.
Ainsi, ici le spectateur se laisse emporter par les efforts de Don Diego de la Vega et de son double pour amener l’eau courante dans sa ville, collecter les impôts et contenir la cupidité de Don Emmanuel tout en sauvant le couple qu’il forme avec Gabriella de la Vega (Audrey Dana). Leur union bat de l’aile et l’apparition du ténébreux Zorro à Los Angeles ne laisse pas indifférente la compagne de Don Diego. Jean Dujardin est en effet sublime dans la panoplie du cavalier masqué, tout comme dans la peau de son alias, toujours élégant, mais dont la personnalité est évidemment moins marquante.
Avec un casting superbe, majoritairement français, les créateurs de la série, Benjamin Charbit et Noé Debré ont misé à fond sur la « French touch », voire une « Dujardin touch ». Cet ajout au personnage mythique que Disney a popularisé avec sa série de 1957 est particulièrement savoureux et cinglant. Comme Jean Dujardin dans certains de ses personnages mythiques, on garde le sourire aux lèvres en regardant les pérégrinations de Don Diego et Zorro qui ne ratent rien.
Les échanges, écrits dans des registres variés, sont colorés. Entre Don Diego et Don Emmanuel, on file la métaphore du « Prends-moi pour un imbécile… » à chaque rencontre. Quand c’est au tour du sergent Garcia de croiser Zorro ou Don Diego, on se retrouve chez le psy, en pleine thérapie. Cette malice dans le dialogue prend une tournure plus sensuelle et romantique avec Gabriella. Quant aux interactions avec Bernardo qui n’a rien à envier au Q de James Bond (chef de la section recherche et développement au MI6), c’est un festival de bons mots quelle que soit la manière dont ils sont exprimés. Une réplique (« spoiler alert ») semble déjà culte : « Ni fouetter ni faire ».
A la saveur des dialogues, il faut ajouter les superbes décors mais surtout la somptueuse chorégraphie des scènes de combat à l’épée au son d’une bande originale au rythme millimétré. Et il n’y a pas que Jean Dujardin qui sait bien manier l’épée. Avec ça Zorro Réalisés par Emilie Noblet et Jean-Baptiste Saurel, les Français débarquent à « Los Angeles » (en espagnol dans le texte) et proposent un programme dominé par l’humour et un sens de l’autodérision, évidemment inhérents à la franchise mais portés à leur paroxysme.
La nouvelle recette française reste fidèle à la franchise Zorro, dont le succès ne s’est jamais démenti au fil de ses différentes versions et adaptations. La série, qui porte indéniablement la marque de son époque, fait des clins d’œil à une multitude de phénomènes sociétaux : promotion de la parité, société du spectacle ou encore autoritarisme politique qui interpelle aujourd’hui autant que dans cette partie du Mexique qui aspire à s’affranchir de la Couronne d’Espagne.
Grb2