Les Autrichiens orphelins de « Mortier », un patron à l’ancienne et ultra-populaire
LETTRE DE VIENNE
En plein milieu du centre commercial, la grande scène s’est transformée en autel. Au lieu des habituels spectacles de pole dance, de dressage de chiens et de concours de beauté qui font la popularité de la « Lugner City » viennoise, un grand portrait en noir et blanc du propriétaire accueille les clients. Sous le regard persistant et le sourire bienveillant de Richard Lugner, des dizaines de bougies forment le nom de famille de cet emblématique bâtisseur autrichien dont le décès mi-août à l’âge de 91 ans a déclenché une surprenante vague d’émotion dans ce pays alpin.
« Il a influencé toute mon enfance. Ici, c’était comme chez moi, c’est un endroit très coloré où tout le monde se mélange, et on le voyait souvent »« C’est un moment très agréable. C …
Inconnu hors des frontières de son pays de neuf millions d’habitants, Richard Lugner était une véritable star nationale en Autriche. « une personnalité colorée »le chancelier (conservateur) Karl Nehammer a ainsi parlé d’un véritable « Originalité autrichienne »à l’unisson de toute la classe politique, qui lui a rendu un hommage unanime. La famille Lugner a même appelé « tout Viennois, toute l’Autriche et au-delà » à venir prochainement, samedi 31 août, « dire au revoir ensemble » dans l’emblématique cathédrale Saint-Étienne de Vienne, puis escortant son cercueil en procession jusqu’à son centre commercial.
La télé-réalité et l’élection présidentielle
Mort à 91 ans, celui qu’on surnommait « Mortier » (« Mortel » en allemand) Il incarnait parfaitement cet esprit autrichien de conservatisme désuet, parfois grivois, allié à une camaraderie sans chichis. Fils d’un avocat aux convictions nazies mort sur le front russe pendant la Seconde Guerre mondiale, il avait fondé une entreprise de construction dans les années 1960. Mais son premier grand coup remonte aux années 1970, lorsqu’il fit construire la première mosquée de Vienne, financée à l’époque par l’Arabie saoudite, ce qui n’est pas sans ironie pour un homme qui a souvent depuis professé son hostilité à l’immigration.
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