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les autorités s’inquiètent de la prolifération des groupes mafieux

L’enquête sur la mort de Marielle Franco, l’ancienne conseillère municipale de Rio criblée de balles dans la rue, touche-t-elle à son terme ? Après six années de rebondissements et de blocages, la Cour suprême vient de mettre en examen des « gros bonnets ». Un député fédéral, Chiquinho Brazao, est accusé d’être l’un des commanditaires de cet assassinat. Tout comme son frère Domingos Brazao, membre de la Cour des comptes de l’État de Rio, et l’ancien chef de la police judiciaire locale, Rivaldo Barbosa.

Ils auraient recruté un tueur à gages, l’ancien policier Ronnie Lessa, pour éliminer ce jeune élu de gauche devenu une nuisance pour leur commerce et trafics en tous genres dans les quartiers contrôlés par la milice. Le chauffeur de Marielle Franco, Anderson Gomes, a également été tué en mars 2018.

« Qui a tué Marielle ? »

L’affaire a fait grand bruit au Brésil. Car « Marielle », une militante noire et lesbienne, membre du Parti Socialisme et Liberté (PSOL), issue de la périphérie, était vite devenue le symbole de la jeunesse insoumise que les autorités cherchent à faire taire à tout prix. Face à la lenteur de l’enquête, ses proches et des défenseurs des droits de l’Homme réclament depuis longtemps « Qui a tué Marielle ? »Alors « Qui a ordonné la mort de Marielle ? »

« Notre famille et la société brésilienne attendent ce jour depuis plusieurs années. J’espère que le jugement sera rapide, car nous l’attendons depuis trop longtemps”déclare la sœur de la victime, Anielle Franco, nommée ministre de l’Égalité raciale par Luiz Inácio Lula da Silva.

Carottage

Le cas Marielle est une illustration criante de l’infiltration des institutions par des organisations criminelles, constate le procureur Roberto Livianu. « Parmi les trois inculpés figurent un chef de la police qui a entravé le déroulement de l’enquête ; un élu qui a été conseiller municipal, comme Marielle, avant de devenir élu fédéral ; et un membre de la Cour des comptes désigné par le gouverneur ou l’assemblée locale, qui a déjà été arrêté pour corruption.note Roberto Livianu.

Ce n’est pas un cas isolé à Rio. « Ils ont des représentants au Congrès. C’est un véritable pouvoir parallèle. assure le procureur. À São Paulo, la plus grande ville du pays, des entrepreneurs liés au Premier Commando de la Capitale (PCC), le plus grand groupe mafieux du pays, ont remporté plusieurs concessions de lignes de transports publics.

«Tisser des liens avec les pouvoirs publics fait certainement partie de la stratégie du crime organisé, confirmer La Croix Mario Luiz Sarrubbo, secrétaire d’État à la Sécurité publique. On voit grâce à nos services de renseignement qu’ils infiltrent certaines mairies et conseils municipaux, mais pas encore au point qu’on puisse dire que le Brésil tout entier est gangrené. Mais il faut faire attention à ce qu’il ne prolifère pas. »

En février, deux membres du Commando Rouge, l’un des principaux groupes de trafic de drogue de Rio, ont disparu d’une prison à sécurité maximale. Ils n’ont été arrêtés que cinquante jours plus tard, à 1 600 kilomètres de là. Les circonstances de cette évasion hors du commun ne sont toujours pas élucidées.

William Dupuy

Independent political analyst working in this field for 14 years, I analyze political events from a different angle.
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