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Les autorités nient l’arrestation d’opposants et demandent une enquête sur leur « enlèvement »

Des militants du Front national pour la défense de la Constitution lors d'une manifestation à Conakry, la capitale guinéenne, en janvier 2020.

Le procureur général de Guinée a nié mercredi 17 juillet l’arrestation de deux militants opposés à la junte au pouvoir et a demandé l’ouverture d’une enquête sur leur disparition, ce qui a suscité un tollé international.

Oumar Sylla, plus connu sous le nom de Foniké Menguè, et Mamadou Billo Bah, deux dirigeants du Front national pour la défense de la Constitution (FNDC), ont été arrêtés le 9 juillet, selon leur collectif, un mouvement citoyen et pro-démocratie qui réclame le retour des civils au pouvoir et qualifie la disparition de MM. Sylla et Bah de « enlèvement »Ces derniers ont été arrêtés mardi soir au domicile d’Oumar Sylla par des gendarmes et des militaires d’unités d’élite, selon leur mouvement. Ils auraient été brutalisés et conduits à la section des investigations judiciaires de la gendarmerie puis à l’île de Kassa, au large de Conakry, où ils sont détenus au secret, affirme également le FNDC.

Leurs arrestations présumées seraient les dernières d’une longue série qui dure depuis que le colonel Mamadi Doumbouya, désormais investi président et promu général, a pris le pouvoir par la force en septembre 2021. Le bureau du procureur général de Guinée a publié mercredi un communiqué reconnaissant l’arrestation de plusieurs personnes. « informations persistantes indiquant (…) des enlèvements »y compris celles des deux hommes, tout en affirmant que« Aucun organisme d’enquête n’a procédé à aucune arrestation ni à aucun interrogatoire de qui que ce soit ». « Aucun établissement pénitentiaire du pays ne détient » M. Sylla et M. Bah, a-t-il ajouté, demandant au parquet de Conakry de« ouvrir des enquêtes approfondies et complètes » sur ces disparitions.

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Les avocats en Guinée ont entamé mardi une grève de deux semaines pour dénoncer ce qu’ils considèrent comme une « arrestations arbitraires »L’ONG de défense des droits humains Amnesty International et le leader de La France Insoumise, Jean-Luc Mélenchon, ont appelé à leur libération immédiate.

Le FNDC a été créé en 2019 pour s’opposer – en vain – à un troisième mandat du président Alpha Condé (renversé en 2021). Il est l’une des dernières voix de l’intérieur à contester le pouvoir de la junte et à tenter de mobiliser pour un retour des civils à la tête de ce pays pauvre à l’histoire récente troublée et violente. Les autorités ont prononcé la dissolution du FNDC en 2022, après avoir interdit toute manifestation.

Le Monde avec l’AFP

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Gérard Truchon

An experienced journalist in internal and global political affairs, she tackles political issues from all sides
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