Les arts décoratifs français face à la concurrence étrangère

Publié le 29 janvier 2023 à 16:44
La France est le pays des arts décoratifs et un fleuron du design. Son hégémonie, incontestée depuis le XVIIe siècle, est incarnée par des figures comme Boulle, Guimard, Prouvé, Perriand, Royère, Paulin, Lalanne, ainsi que des créateurs contemporains comme Martin Szekely, les frères Bouroullec ou Ingrid Donat. L’artisanat d’art fait partie de l’exception culturelle française. Pourtant, selon Julien Lombrail, co-fondateur de Carpenters Workshop Gallery, qui emploie plusieurs centaines d’artisans par an, ce lieu est menacé.
La pérennité des savoir-faire menacée
« Il y a la question de la formation et de la pérennité des savoir-faire. Nous assistons au déclin de notre savoir-faire. Alors que la sculpture contemporaine bat son plein, d’innombrables fonderies et ateliers d’art ferment : Landowski, Clementi, Delval. Car les plus grosses commandes partent pour l’Italie, l’Europe de l’Est, la Chine. Dans le même temps, la fonderie italienne Venturi annonce 80% de clients français ! Il regrette.
Selon ce professionnel, « les prestigieuses écoles françaises Boulle, Camondo, Les Gobelins, EnsAD, sont trop souvent en décalage avec les besoins des arts décoratifs et du luxe. Il est difficile de trouver du personnel qualifié, seules les entreprises très structurées parviennent à compenser en devenant de véritables centres de formation ».
Pousser l’apprentissage
De ce fait, la grande majorité des artistes soutenus par sa galerie ont été formés en Hollande par la Design Academy d’Eindhoven. « Depuis 20 ans, cette école, aidée par une politique d’Etat particulièrement efficace, a réussi à placer la Hollande en première position pour l’émergence de talents internationalement reconnus », estime-t-il, appelant le gouvernement français à repenser l’enseignement et la formation professionnelle dans les métiers d’art. , notamment par l’apprentissage, et d’aider le secteur à gagner en compétitivité.
« Remplacer les « anciens » est un enjeu majeur pour le secteur des arts décoratifs qui peine à recruter. Les jeunes générations ne valorisent pas suffisamment les métiers manuels » regrette Julien Lombrail.