Les Antigones de l’Évangile, les femmes face au totalitarisme et au pouvoir de l’argent

Les Antigones de l’Évangile

par Denis Lensel

Artège, 160 p., 14,90 €

Antigone, cette héroïne antique, s’est opposée jusqu’à la mort à son oncle Créon, pour défendre le caractère sacré de la vie et le respect dû aux morts. Les XXe et XXIe siècles ont vu de nouvelles Antigones se soulever contre les ténèbres, souvent au nom de leur foi au Christ.

C’est à ceux-ci « Antigones de l’Évangile » que le journaliste Denis Lensel consacre un livre, montrant onze parcours de femmes « montrés debout, relevés contre l’iniquité, résistant au péril de leur vie », décrypte la théologienne Anne-Marie Pelletier dans sa préface. « Aux mêmes moments et aux mêmes lieux où le mal a déchaîné sa malveillance multiforme, l’humanité aura trouvé une capacité de résistance, de protestation, de maintien du cap de la vérité et de la justice envers et contre tout. »

Antigone « suivit les traces de Marie-Madeleine »

Antigone contemporaine, Dorothy Stang, cette religieuse assassinée le 12 février 2005 par deux tueurs à la solde de grands propriétaires terriens en Amazonie, elle qui luttait contre la dépossession des paysans pauvres, avec la Bible pour seule arme. Antigone aussi Jocelyne Khoueiry, qui, dans un Liban dévasté et ruiné par des années de guerre civile, se bat dans un combat pacifique, dépassant un premier engagement strictement politique pour le transformer en engagement religieux.

Antigone encore, l’Ukrainienne Stefania Schabatura, qui a traversé l’épreuve de la répression soviétique dans le goulag pour défendre la liberté de son pays et de l’Église gréco-catholique, tout comme la Lituanienne Nijolé Sadunaité, issue d’une famille persécutée pour sa foi, est devenue une religieuse et fut exilée en Sibérie. Ou encore la Russe Nadejda Mandelstam, veuve d’un poète mort au goulag, Margarete Buber-Neumann et Milena Jesenska, qui ont uni leurs forces dans l’enfer de Ravensbrück pour sauver des innocents destinés à mourir des mains de leurs bourreaux nazis, Sophie Scholl, Etty Hillesum, Elise Rivet et Agnès Tsao Kou Ying. Ces Antigones de l’Évangile, qui, « par leurs actes héroïques, plus encore que par leurs paroles », a décrit Denis Lensel, ont « suivi les traces de Marie-Madeleine » au pied de la croix, offrez-nous le témoignage de destins marqués par un admirable sacrifice.