Depuis que la candidature de Kamala Harris est devenue un fait accompli, la question de la possibilité d’élire une première femme présidente des États-Unis – une femme de couleur qui plus est – est dans l’air.
Les États-Unis sont l’une des dernières grandes démocraties au monde à n’avoir jamais élu de femme à la tête de son gouvernement.
L’identité de genre et l’identité ethnique et raciale de Kamala Harris constitueront-elles des obstacles décisifs à son élection ? Il y a de bonnes raisons de croire que ce ne sera pas le cas et que les Américains y sont prêts.
Avec l’élection et la réélection de Barack Obama, le tabou d’un président afro-américain a été brisé.
Quant à l’élection d’une femme, même si Hillary Clinton a perdu de justesse le collège électoral en 2016, elle a remporté le vote populaire par 3 millions de voix.
Rappelons aussi que la personne qui obtient les meilleurs résultats hypothétiques dans les sondages contre Trump est une femme noire, Michelle Obama – qui, soit dit en passant, vient d’apporter son soutien sans réserve à Harris. Bref, une femme de couleur, pourquoi pas ?
Cela n’empêche pas les dirigeants républicains de multiplier les attaques sexistes et racistes contre Kamala Harris. Ils ne cessent notamment de répéter qu’elle doit son succès professionnel et politique aux normes d’engagement « EDI » (équité, diversité, inclusion), un appel à peine voilé au racisme.
Quant au sexisme, je m’abstiendrai d’évoquer ici les insinuations qui circulent sur l’ascension professionnelle de Harris, à laquelle aucune femme ayant gravi les échelons du pouvoir ne semble pouvoir échapper.
JD Vance, le candidat à la vice-présidence dont Trump commence à regretter la nomination, joue à fond la carte du sexisme en reprochant à Harris de ne pas avoir d’enfants et de ne pas correspondre à l’image désuète de l’épouse docile et obéissante. Si cela continue, les idées antédiluviennes de Vance sur les femmes et la famille pourraient bien conduire à la défaite de son camp.
Tout n’est pas encore terminé, mais la campagne de Kamala Harris a démarré sur les chapeaux de roue et il devient de plus en plus évident que Donald Trump a été pris au dépourvu. Pour preuve, il n’a pas encore trouvé de surnom efficace pour Kamala Harris, qui ferait passer ses insultes pour autre chose qu’un mélange de racisme et de sexisme. Il a aussi, bien sûr, ressuscité les ridicules accusations d’inéligibilité qu’il avait formulées à l’encontre de Barack Obama.
Bien sûr, Trump a le droit de transgresser n’importe quelle norme et les médias en laissent passer beaucoup, mais les efforts républicains pour exciter leur base en remuant des valeurs que la majorité des Américains ont abandonnées ne devraient aboutir à rien.
La candidature de Kamala Harris n’est pas acquise d’avance, mais si ses adversaires s’appuient sur son identité de femme de couleur comme argument, ils se heurteront à un mur.
journaldemontreal
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