les amandes peuvent-elles être la solution miracle ?
AAux côtés du chanvre, des châtaignes et des olives, l’amande fait partie des cultures alternatives testées en Gironde. Même si les premières commencent à se répandre, la noix reste rare dans le département. A Dieulivol, aux confins du Lot-et-Garonne et de la Gironde, Loïc Pellerin s’est inspiré des voisins du 47 en pariant sur la plantation d’amandiers dès 2018.
L’arboriculteur basé dans la vallée du Dropt n’a jamais mis tous ses œufs dans le même panier. Il fait le choix d’arrêter l’élevage, composante historique de l’exploitation familiale, et cultive 11 hectares de vignes et une cinquantaine d’hectares de vergers : des pruniers et des noisetiers en majorité, auxquels se sont ajoutés des noyers et trois hectares d’amandiers. « Je suis mon mentor, André Tesson, à Gontaud-de-Nogaret (47), qui a testé beaucoup de cultures. J’avais aussi pensé aux grenadiers, mais finalement, j’ai arrêté. Avec l’amande, je suis assez diversifié. »
Un climat inadapté ?
Après quelques années de recul et une première récolte en 2021, Loïc Pellerin a appris à comprendre les besoins de la plante. « J’ai perdu les premiers arbres que j’avais plantés, il y avait trop d’eau. Je suis autodidacte ! Maintenant que j’ai trouvé le bon endroit, il faut une pente bien drainée exposée plein sud avec un sol le plus pauvre possible. »
« Après les intempéries de 2024, je me demande si cette culture nous convient »
D’abord tenté par les amandes parce qu’elles nécessitent peu de travail et de transformation, l’agriculteur est aujourd’hui plus dubitatif quant à sa culture en Gironde. « On a enchaîné les sécheresses, je me suis dit : pourquoi ne pas essayer les amandiers ? Mais après les intempéries de 2024, je me demande si cette culture nous convient. Il faut ici, car nous sommes très proches du Lot-et-Garonne. Il pourrait en être autrement dans l’ouest du département avec le climat océanique. »
Encore seul sur ce segment, l’agriculteur girondin se porte néanmoins bien. Le marché français de l’amande a du potentiel : la consommation annuelle en France s’élève à 42 000 tonnes, alors que seulement 1 000 tonnes sont produites dans l’Hexagone. Les récoltes de Loïc Pellerin tournent autour de deux tonnes. « Je vais continuer à planter des amandiers, il y a beaucoup de demande dans le circuit court. Habituellement, en février, je n’ai plus rien. » Il investira également dans un cassoir, d’une valeur de 20 000 euros. « Mes clients, notamment les pâtissiers, demandent des amandes décortiquées. »
Des investissements nécessaires
Pour les vignerons en difficulté qui recherchent la culture alternative idéale, le quadragénaire énumère encore les contraintes : « Il faut investir dans du matériel, c’est compliqué de repartir de zéro. J’utilise les mêmes machines que pour la prune. Et ça coûte cher à planter : plus de 10 euros par arbre, et il faut au moins 600 plants par hectare. »
Mais alors que doivent faire, selon lui, les vignerons en difficulté, voire en redressement judiciaire pour certains ? «Changez de métier», répond-il catégoriquement. « Si c’était à refaire, je ferais moi-même un autre travail. Être agriculteur comporte trop de contraintes, trop de risques. L’amande n’est pas la culture miracle. Cela demande beaucoup d’investissement, et il faut attendre au moins quatre ans avant d’en récolter les premiers fruits. » Il poursuit : « S’ils aiment vraiment la terre, essayez peut-être de planter en cherchant une deuxième activité professionnelle. »