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Les alliés préoccupés par la défense aérienne ukrainienne

Le secrétaire d’Etat américain a annoncé avant l’ouverture du sommet de l’OTAN à Washington que les premiers avions F-16 promis à Kiev voleraient dans le ciel ukrainien cet été.

Envoyé spécial à Washington

Volodymyr Zelensky était de meilleure humeur à Washington qu’à Vilnius l’an dernier. Lors du précédent sommet de l’Otan, le président ukrainien avait publiquement exprimé son agacement devant le refus de l’Occident à son pays d’une invitation claire à rejoindre l’Alliance atlantique. Ayant ravalé sa déception, il a cette fois multiplié les remerciements à ses soutiens, réunis jusqu’à jeudi dans la capitale américaine. Tous cherchent à pérenniser leur aide militaire et à livrer de précieux moyens de défense aérienne. La situation inquiète les capitales occidentales.

La frappe contre l’hôpital pour enfants de Kiev a tragiquement démontré la vulnérabilité de l’Ukraine. Face à une Russie toujours plus brutale, la cohésion de l’Occident et de l’Ukraine est le seul message qui compte. L’Ukraine est sur un chemin irréversible vers l’adhésion, mais sans échéance claire. Mais en attendant, il faut continuer à se battre. L’Ukraine n’a plus que quelques mois pour renforcer ses défenses avant l’arrivée de l’hiver et un nouveau risque de black-out. Près de deux ans et demi après le début du conflit, les infrastructures énergétiques critiques de l’Ukraine reposent sur cinq sites.

« La préparation de la défense aérienne ukrainienne diminue alors que l’efficacité des frappes russes augmente »s’inquiète le think-tank anglais RUSI dans une note publiée fin juin. La stratégie de frappe russe, qui vise à saturer les défenses par des attaques complexes, a commencé dès le début de la guerre. Si la tendance se poursuit « la situation deviendra intenable » pour l’Ukraine.

Des F-16 « voleront dans le ciel ukrainien cet été »

Dans une démonstration de la détermination des alliés à soutenir l’Ukraine, le secrétaire d’État américain Antony Blinken a annoncé mercredi que les premiers avions de chasse F-16 promis sont « en train » arriver. « Ils voleront dans le ciel ukrainien cet été »L’annonce n’en est pas vraiment une puisque les premiers pilotes à avoir été formés étaient attendus dans les prochaines semaines. Comme prévu, les premiers avions seront livrés par le Danemark et les Pays-Bas. La Norvège a également profité du sommet pour annoncer la livraison de six avions. La Belgique est également partie prenante de la coalition aérienne. « Je remercie la Belgique et la Norvège pour leur engagement »a commenté le président ukrainien. « Les F-16 seront utilisés pour renforcer la défense aérienne ukrainienne »L’Ukraine pourrait recevoir jusqu’à 85 avions F-16, a-t-il assuré. Les livraisons seront toutefois étalées dans le temps, voire sur plusieurs années, afin de ne pas affaiblir les forces aériennes européennes.

Pour contrer les attaques russes avec des missiles balistiques, des missiles de croisière et des drones, l’Ukraine doit renforcer ses défenses aériennes. « C’est la priorité numéro un »C’est pourquoi les États-Unis et d’autres pays de l’OTAN, dont l’Allemagne, ont annoncé la livraison de quatre systèmes Patriot (fournis par les États-Unis, l’Allemagne, la Roumanie et les Pays-Bas) et d’un système SAMP/T (fourni par l’Italie), soit un système de plus que ce qui avait déjà été annoncé. Les cinq pays ont également annoncé la livraison de systèmes tactiques supplémentaires, notamment des systèmes NASAMS, Hawks, Iris T-SLM, Iris T-SLS et Gepard. La combinaison de ces armes permettra une défense aérienne multicouche. La Maison Blanche a également réitéré son intention de « donner la priorité » livraison de « Des centaines d’intercepteurs sol-air supplémentaires tout au long de l’année prochaine » pour l’Ukraine. L’Ukraine a également besoin de moyens de détection radar. Thales a annoncé le mois dernier l’envoi d’un deuxième système GM200.

Même si l’effort militaire reste limité, faute de stocks suffisants, l’OTAN affiche une détermination croissante à soutenir l’Ukraine. Non seulement elle va désormais coordonner l’aide militaire, mais elle prévoit aussi d’ouvrir un bureau civil à Kiev pour faciliter les relations. Ces décisions sont symboliques.

Si le soutien à l’Ukraine est réaffirmé, l’issue de la guerre est incertaine. « Qu’est-ce que le succès ? »a demandé Antony Blinken : « C’est une Ukraine forte et indépendante, intégrée aux organisations internationales » A l’instar de l’Union européenne ou de l’Otan, poursuit le secrétaire d’Etat. Le diplomate veut croire à la trajectoire économique ou démocratique de l’Ukraine, voire à ses capacités militaires. Mais il ne s’aventure pas à définir les contours géographiques d’une Ukraine victorieuse.

Gérard Truchon

An experienced journalist in internal and global political affairs, she tackles political issues from all sides
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