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Les agriculteurs subissent les conséquences d’un été trop pluvieux après des années de sécheresse

Les viticulteurs et céréaliers souffrent de mauvaises récoltes cette année, mais ils ne sont pas les seuls à avoir souffert des pluies excessives ces derniers mois.

Où sont passées les années ? « normale » ? Après avoir lutté contre la sécheresse en 2022 et 2023, les agriculteurs français ont dû s’adapter à des conditions particulièrement pluvieuses au printemps et aussi, pour la moitié nord de la France, cet été. Alors que les vendanges ont commencé pour les viticulteurs, que les fruits et légumes d’été vivent leurs derniers instants sur les étals et que les céréaliers préparent les semis d’automne, la filière tire le bilan d’une année compliquée.

Les récoltes précoces de l’été ont ravivé chez les céréaliers les mauvais souvenirs de la dernière crise rencontrée par le secteur, en 2016. « À l’époque, tout le monde était inquiet », se souvient Eric Thirouin, président de l’Association Générale des Producteurs de Blé (AGPB) et président de la Chambre d’Agriculture d’Eure-et-Loir« Cette année, mes collègues ne me disent pas qu’ils sont inquiets. Ils me disent : ‘On a envie de jeter l’éponge’. » Les pluies printanières excessives et les semis tardifs ont entraîné un rendement par hectare « en baisse de 17% sur le blé tendre par rapport à l’année précédente, il explique, et pas loin du double pour l’agriculture biologique » dont les rendements sont plus faibles. « Sur le blé, l’orge et le colza, j’ai eu la moitié du rendement »constatait début août Jean-Bernard Lozier, céréalier bio dans l’Eure.

Parce que ce temps humide a favorisé la pousse de mauvaises herbes indésirables parmi les céréales. « En juin, met« Dans le TGV, on voyait les mauvaises herbes pousser au-dessus des champs de blé », rappelle Eric Thirouin. Face à cette conséquence directe de « risque climatique », il déplore « la disparition progressive depuis une dizaine d’années des moyens de protection des cultures » en vertu de la lutte contre les produits phytosanitaires, impliqués dans le déclin de certains écosystèmes.

A l’inverse, son collègue de la Confédération Paysanne a assuré queavoir limité « au plus » les intrants avaient permis de limiter les coûts et donc les dommages à la trésorerie. « J’ai des collègues de l’agriculture conventionnelle qui ont utilisé davantage de produits phytosanitaires pour protéger leurs cultures, car le temps était mauvais, ce qui disent déjà que ce sera une année blanche pour eux », a noté Jean-Bernard Lozier.

Excès d’eau en période de récolte, problème d’accès aux champs… « JEL Il y avait des moments où les tracteurs ne pouvaient même pas entrer dans les champs sans risquer de s’enliser ou de s’enliser, ce qui pouvait retarder les périodes d’intervention.ajoute Éric Thirouin. Pour l’agroclimatologue Serge Zaka, la situation n’est pas uniforme. « C’est une année noire pour le blé et l’orge, mais il y a des différences selon les régions et des nuances à faire en fonction des cultures, il souligne. Le maïs, le tournesol et le sorgho, par exemple, se portent plutôt bien. Les dommages causés à la production agricole globale sont moindres que ceux causés par la sécheresse généralisée que nous avons connue ces dernières années.l’expert continue.

Les champs et prairies calcinés en 2022 ont, par endroits, connu des problématiques d’une toute autre nature. « C’était aussi compliqué pour les pâturages », abonde Jean-Christophe Richard, président de la Confédération Paysanne de Loire-Atlantique et éleveur laitier. « Nous avons dû revenir animaux pour ne pas abîmer les prairies. A une époque où, normalement, les silos à grains sont fermés pour que les vaches puissent se déplacer sur l’herbe, il fallait les rouvrir. »il poursuit, ajoutant que le manque de soleil a affecté la qualité de cette herbe, qui fournit Les vaches ne reçoivent plus les sucres dont elles ont besoin, avec des conséquences sur leur production laitière. L’éleveur s’attend donc à une baisse de 20% de sa production.

« Il a Il fallait aussi trouver la fenêtre météo pour faire les foins, pour les moissons, etc. On rentrait des balles qui n’étaient pas complètement sèches. Tout était compliqué », explique-t-il. résume-t-il, certain de devoir acheter de la paille pour compenser la perte de fourrage.

Sur l’ensemble de la France, la production de vin devrait reculer de 18% cette année sur un an, et de 11% par rapport à la moyenne 2019-2023, selon le ministère de l’Agriculture. Là encore, les aléas climatiques sont en cause. Dans le vignoble jurassien, la production s’est effondrée de 71% en un an. « « C’est un millésime de très faible production, comme on en a rarement vu », se lamente Gaël Delorme, conseiller viticole auprès de la Société viticole du Jura et de la Chambre d’agriculture. Après qu’une nuit de gel a scellé le sort d’une grande partie du vignoble, dans la nuit du 22 avril, « Nous avons eu beaucoup de pluie jusqu’en juillet, ce qui a favorisé les maladies, notamment le mildiou, et rendu la gestion de la vigne très difficile », il explique.

La moisissure est « deux fois plus d’heures de travail, deux fois plus de traitements, deux fois plus de coûts, avec des équipes mobilisées la nuit et le week-end », a détaillé Stéphane Gabard, le président de l’ODG Bordeaux rouge, principale appellation du vignoble bordelais, à l’AFP début août.

Au début des vendanges, Gaël Delorme salue donc « le travail et l’abnégation des vignerons qui n’ont pas baissé les bras dans des conditions difficiles. » Parce que le les années se suivent et ne se ressemblent pas. « Les enjeux sont toujours différents, ce qui pose d’énormes défis en termes d’adaptation au changement climatique », il ajoute.

Alors, à quelques centaines de kilomètres de là, dans le Gard, Nicolas Richarme s’étonne lui aussi « de la les volumes d’eau qui tombaient, la fréquence des averses… On n’était pas habitué à ça. Ce sont des conditions plutôt attendues dans les Pays de la Loire ou dans la région bordelaise, note le vigneron, président de l’interprofession SudVinBio, qui couvre toute l’Occitanie. Mais eux aussi ont connu des conditions auxquelles ils n’étaient pas habitués.

« Chaque année, nous sommes confrontés à quelque chose de nouveau. Un excès, dans un sens ou dans l’autre. Une sécheresse ou un excès d’eau. Avant, on parlait d’une année compliquée pour cinq années « normales ». Aujourd’hui, c’est presque l’inverse. »

Nicolas Richarme, vigneron dans le Gard

à franceinfo

L’Occitanie à elle seule a connu les deux extrêmes : « La sécheresse continue dans le Roussillon et l’Aude, où les collègues n’ont pas vu une goutte d’eau. Et dans le Gard, l’excès d’eau a affecté les récoltes. Ces calamités engendrées par le changement climatique ne sont pas prises en compte par les assurances au même titre que la grêle ou le gel, alors qu’elles nous pénalisent », il se lamente.

« Les agriculteurs font d’énormes efforts pour faire face aux aléas climatiques. Mais il est difficile de s’adapter à la fois à la sécheresse et à l’excès d’eau », a-t-il ajouté. affirme l’agroclimatologue Serge Zaka. Si des solutions techniques existent – « comme l’irrigation en cas de déficit hydrique et le drainage en cas d’excès d’eau » –, une partie de l’adaptation à ces aléas se joue dans le sol. « Des sols vivants, avec une couverture végétale, un sol qui tient… C’est « C’est la seule façon dont nous pouvons réagir aux excès et aux déficits d’eau. Cela peut nous faire gagner deux semaines », rapporte le spécialiste. « Ce n’est pas de la magie, surtout quand il pleut vraiment trop, mais cela peut faire la différence », ajoute Serge Zaka, alors que les agriculteurs ont passé des semaines avec leurs bottes dans plusieurs centimètres d’eau, comme dans la Manche, décrit France Bleu Cotentin.

Pour Vincent Levavasseur, maraîcher sur un sol vivant non loin de là, dans l’Orne, le fait de ne pas être dépendant Les opérations de travail ont permis d’éviter des retards au moment critique de la culture en mai, lorsque la région a reçu « Le double des précipitations habituelles ». « Le sol qui retient bien l’eau est plus porteur, donc on peut marcher sans être dans la boue », résume-t-il. Pourtant, dans cette région où les légumes d’été sont principalement cultivés sous serre, « nous avions plus de difficultés à démarrer la saison et à sortir les tomates, concombres, melons… Les légumes d’été ont eu du mal à arriver »concède-t-il, pointant entre autres le manque de soleil, les problèmes de pollinisation et bien sûr, les maladies. « La production agricole devient de moins en moins sereine et de plus en plus difficile à anticiper », conclut Serge Zaka.

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Gérard Truchon

An experienced journalist in internal and global political affairs, she tackles political issues from all sides

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