Les activités industrielles détruisent plus de 80 % des aires marines protégées européennes
On se demande à quoi elles servent. Selon une étude publiée dans la revue One Earth et relayée par The Guardian, 86 % des aires marines protégées (AMP) européennes n’offriraient en réalité pas suffisamment de sécurité aux espèces qui les peuplent. Un bilan qui met sérieusement en péril l’objectif de l’Union européenne de protéger 30 % de ses mers d’ici 2030, dont 10 % de manière stricte. Pour l’heure, seules 11,4 % des eaux européennes sont censées être protégées par le label AMP. Force est de constater qu’elles ne le sont pas vraiment.
« Il s’agit de la première étude réalisée sur le degré de protection de nos océans, explique Juliette Aminian-Biquet, auteure principale de la recherche. Cela nous montre que nous ne sommes qu’au début du processus. Des activités industrielles telles que l’exploitation minière, le chalutage et le dragage ont encore lieu dans certaines AMP.
Le caractère non contraignant des directives européennes complique la protection des mers
Créées dans le réseau Natura 2000, les AMP européennes sont « des zones géographiques clairement définies, reconnues, dédiées et gérées, par des moyens juridiques ou autres moyens efficaces, pour assurer la conservation à long terme de la nature, des services systémiques et des valeurs culturelles associées »définit l’Union internationale pour la conservation de la nature.
En Europe, ces AMP doivent répondre à des objectifs de protection de la vie marine et de gestion durable des activités en mer. Mais elles n’interdisent pas réellement les activités humaines, sauf dans les AMP. « très protégé »situées notamment en Méditerranée et dans la mer Baltique.
Cette clémence des directives européennes rend les AMP quasiment inutiles.« Pour atteindre les objectifs sociaux et écologiques, il faut repenser la régulation des activités humaines dans les AMP »les auteurs de l’étude le croient.
Les pays membres ne semblent pas disposés à changer les choses
« Il est difficile de contraindre l’Union européenne à faire quoi que ce soit sur ce sujet, car il faudrait que le règlement soit contraignant. La charge de mettre en place les moyens pour atteindre les objectifs européens reviendra aux pays eux-mêmes. »souligne Juliette Aminian-Biquet.
Au vu de cette étude, l’UE n’a pas souhaité revoir ses objectifs à la baisse et a appelé les États membres à redoubler d’efforts pour atteindre les promesses européennes fixées pour 2030. En 2023, une proposition européenne visant à mettre fin au chalutage dans les AMP a été rejetée par le Parlement. Seules la Grèce et la Suède ont suivi l’avis de la Commission. La préservation des mers européennes sera donc à la discrétion des États membres.
GrP1