Le ministre de l’Economie a évoqué la possibilité d’un rachat des secteurs stratégiques du géant informatique en difficulté par « EDF, ou une entreprise proche d’EDF ».
Les activités stratégiques d’Atos ne seront pas sous contrôle étranger, insiste Bruno Le Maire. Ce mardi 28 mai, le ministre de l’Économie a accéléré la manœuvre en annonçant son intention de placer sous contrôle étatique les activités de contrôle et de commandement des centrales nucléaires françaises actuellement détenues par le géant informatique. « Je vous confirme que toutes les activités stratégiques resteront sous le contrôle des pouvoirs publics, y compris les ordres de contrôle de nos centrales nucléaires »a déclaré Bruno Le Maire sur CNews-Europe 1, évoquant un éventuel rachat par « EDF, ou une entreprise proche d’EDF ».
Bercy, qui avait déjà manifesté son intérêt pour les activités souveraines du groupe (supercalculateurs utilisés pour la dissuasion nucléaire, contrats avec l’armée française et produits de cybersécurité), s’est déjà engagé à prêter 50 millions d’euros à l’entreprise pour l’aider à stabiliser sa situation financière et a acquis un « action de préférence »lui permettant d’opposer son veto à certaines opérations au niveau de Bull, la filiale d’Atos qui construit ses supercalculateurs.
Mais Worldgrid, la filiale très critique d’Atos qui conçoit les systèmes de contrôle-commande des centrales nucléaires, notamment pour EDF, n’entre pas dans le périmètre. « sécurisé » par l’État, bien qu’il puisse être transféré. « Je ferais en sorte que le contrôle et le commandement des centrales nucléaires, qui sont aujourd’hui chez Atos et pas encore dans le périmètre que nous avons sécurisé, soient dans le périmètre (…) qui restera sous le contrôle des pouvoirs publics »a insisté Bruno Le Maire. « Il ne fait aucun doute que ce contrôle des commandes de centrales nucléaires peut désormais aller je ne sais trop où, il doit rester sous le contrôle des pouvoirs publics »Il a répété.
Une dette d’environ 5 milliards d’euros
Très endetté, Atos, qui doit aussi être l’un des piliers technologiques des Jeux de Paris cet été, a annoncé début mai qu’il étudiait trois des quatre propositions de restructuration financière reçues en vue de son sauvetage et qu’il souhaitait trouver une solution avec ses créanciers. « acceptable pour eux » d’ici le 31 mai. L’entreprise affirme avoir besoin de 1,1 milliard d’euros de liquidités pour son activité en 2024-2025 et souhaite réduire de 3,2 milliards d’euros sa dette brute, qui est d’environ 5 milliards d’euros, pour sauvegarder son activité.
Dans un forum transpartisan publié dimanche, les parlementaires ont appelé « tous les acteurs publics et économiques maintiennent Atos sous pavillon français pour protéger notre autonomie stratégique ». « Atos doit rester français, entier, indépendant »ont notamment insisté les présidents des groupes LR à l’Assemblée nationale et au Sénat Olivier Marleix et Bruno Retailleau, leurs homologues socialistes Boris Vallaud et Patrick Kanner ainsi que Fabien Roussel, secrétaire national du PCF.