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Les actionnaires de Carrefour réunis sur fond de polémiques autour de la rémunération importante du PDG

Seuls 56,75% des actionnaires de Carrefour ont approuvé l’an dernier la rémunération proposée en 2023 pour Alexandre Bompard, le PDG du groupe. Un résultat inhabituellement bas pour les patrons des entreprises cotées au CAC 40. A titre de comparaison, l’augmentation de 10 % de la rémunération pour 2023 du PDG de TotalEnergies, Patrick Pouyanné, a été adoptée à une écrasante majorité.

PDG de Carrefour depuis 2017, Alexandre Bompard recevra, dans la continuité des années précédentes et si l’assemblée générale donne son feu vert vendredi, au moins 4,5 millions d’euros pour 2023, auxquels s’ajouteront ultérieurement des actions sous critères de performance et valorisées à un maximum de 5,3 millions d’euros.

La rémunération du dirigeant pour 2024, soumise au vote en mai, prévoit une part fixe inchangée (1,6 million d’euros) et une part variable, soumise à des critères de performance, à hauteur de 190% de cette part. fixe (3,04 millions d’euros). Un plan d’action à long terme est également prévu, au niveau 55% de la rémunération totale maximale « .

Carrefour dit avoir pris en compte le mécontentement croissant des actionnaires

Carrefour indique néanmoins dans sa communication financière avoir pris en compte le mécontentement croissant des actionnaires. Leur vote en 2023, note le groupe, a « révèle une attente d’évolution et un besoin supplémentaire d’explication « . Suite à des discussions,  » une structure de rémunération qui répond aux principales préoccupations des actionnaires » sera proposé à l’Assemblée Générale de mai, indique le groupe.

Selon une personne proche du dossier, le distributeur a notamment modifié plusieurs points déterminant le montant variable versé à son dirigeant. «  Alors qu’une surperformance d’un critère pourrait compenser une sous-performance d’un autre critère, cet effet de compensation sera éliminé » à partir de 2024, observe cette source sous couvert d’anonymat. Pour certaines associations, comme Oxfam, cela ne changera pas grand chose.

 » Alexandre Bompard gagne en seulement 9 heures l’équivalent du salaire annuel moyen des salariés de Carrefour », résumait fin avril Léa Guérin, chargée de plaidoyer sur les questions de régulation multinationale.

Carrefour a répondu à l’ONG que les calculs d’Oxfam ne correspondent pas  » pas à aucune réalité « , puisqu’ils relient la rémunération d’Alexandre Bompard à celle des 334 000 salariés dans le monde – dont une majorité au Brésil – malgré  » écarts de pouvoir d’achat » entre pays.

La CFDT accuse Carrefour de « délocalisations locales » et le porte en justice

Fin février, Carrefour pensait sortir d’une « crise ». environnement difficile » d’inflation élevée en 2023 et a annoncé un nouveau programme de rachat d’actions ainsi qu’une augmentation des dividendes comme preuve de son « confiance » dans son modèle. Le chiffre d’affaires du groupe a augmenté de 3,6% à 94,1 milliards d’euros, mais il a enregistré des volumes » négatif sur (ses) principaux marchés « , dans un «  contexte d’inflation particulièrement élevée en Europe et en Argentine « . Son bénéfice net est en forte hausse en 2023, de plus de 23% à 1,66 milliard d’euros, grâce à la vente de ses dernières activités sur le continent asiatique, à Taiwan. Sans cette vente, la rentabilité des activités du distributeur est en baisse, comme en témoigne la baisse du résultat opérationnel.

Le modèle de la franchise inquiète les syndicats

Les organisations syndicales du distributeur s’inscrivent contre cette rémunération du patron, notamment en matière de politique sociale, entre réduction des effectifs, politique d’économies de coûts et passage de nombreux magasins en gestion locative. Tel que  » externalisation », affirme la CFDT, lui permet de préserver ses parts de marché commercial tout en s’affranchissant d’un certain nombre de dépenses, à commencer par les salaires, laissés à la charge du franchisé ou du locataire-gérant. La branche services de la CFDT l’a convoqué devant le tribunal d’Evry début mars.

Le distributeur est également convoqué devant le tribunal judiciaire de Rennes par un « Association des franchisés Carrefour » qui se plaint d’un « déséquilibre important » dans la relation franchisé/franchiseur. Carrefour, de son côté, insiste sur « attraction » de sa franchise et du faible nombre de cas de désaccord. Il compte poursuivre en 2024″une transformation de son modèlee ».

Interrogée le 13 février par le député (Liot) du Nord Benjamin Saint-Huile au sujet de cette politique, la ministre déléguée à la Consommation Olivia Grégoire a indiqué que « la situation des franchisés Carrefour est bien identifiée et suivie de près par le gouvernementt », et que «  les services de l’Inspection du travail ont été mobilisés pour vérifier que le droit du travail est strictement respecté « .

Au-delà du seul géant du CAC 40, la CFDT s’inquiète de voir l’ensemble du secteur de la grande distribution » évoluer vers un modèle qui est une forme de « délocalisation locale », où les enjeux sociaux sont externalisés « . Auchan a récemment déclaré vouloir s’orienter vers plus de franchise, un modèle également privilégié par Casino. Ce mouvement s’inscrit dans un contexte de fort dynamisme des enseignes de magasins indépendants, comme le leader E.Leclerc, Intermarché ou Système U, où chaque propriétaire d’un ou de quelques magasins est libre de déterminer sa politique sociale.

Votes pour ratifier l’entrée de nouveaux noms au conseil d’administration

Vendredi, les actionnaires de Carrefour seront également appelés à se prononcer sur l’entrée au conseil d’administration de Marguerite Bérard, inspectrice des finances et énarque de la promotion Senghor comme Emmanuel Macron. Depuis 2019 et jusqu’à mi-mars, elle dirigeait les activités retail de BNP Paribas en France.

Ils devront également entériner l’arrivée comme administrateur d’Eduardo Rossi, en remplacement du milliardaire brésilien Abilio Diniz, décédé mi-février. Eduardo Rossi est président de Peninsula, la holding familiale du milliardaire, qui a assuré à Carrefour son  » engagement à long terme » et en est devenu depuis le premier actionnaire. La famille Moulin-Houzé, propriétaire des Galeries Lafayette, a cédé fin mars des actions Carrefour pour 365 millions d’euros, tout en réaffirmant son « ssoutien aux entreprises « .

(Avec l’AFP)

Ray Richard

Head of technical department in some websites, I have been in the field of electronic journalism for 12 years and I am interested in travel, trips and discovering the world of technology.
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