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les 27 de l’UE donnent leur feu vert pour taxer les céréales russes importées

Cette mesure, proposée en mars par Bruxelles, vise à endiguer les ressources financières russes, à « stopper l’exportation illégale de céréales volées à l’Ukraine » et à empêcher Moscou de « déstabiliser » les marchés agricoles.

Les États membres de l’UE ont convenu jeudi d’imposer des droits de douane prohibitifs sur les importations de produits agricoles russes, qui en sont actuellement largement exonérés, afin de tarir les recettes permettant à Moscou de financer sa guerre en Ukraine. En pratique, la décision, validée par les ministres européens du Commerce réunis à Bruxelles, reviendra à taxer lourdement à partir du 1er juillet les céréales, les oléagineux et leurs dérivés, entre autres produits, pour lesquels les droits d’importation dans l’UE sont actuellement faibles, voire nuls, selon un rapport. communiqué de presse.

Cette mesure, proposée en mars par Bruxelles, vise à endiguer les ressources financières russes, à « stopper l’exportation illégale de céréales volées à l’Ukraine » et à empêcher Moscou de « déstabiliser » les marchés agricoles, a réagi le commissaire européen au Commerce Valdis Dombrovskis. Alors que les importations de céréales russes dans l’UE ont considérablement augmenté en 2023, « ces tarifs prohibitifs les rendront commercialement non viables », conduisant à leur interruption de facto, avait-il précédemment indiqué. Les produits agricoles de Biélorussie, proche allié de Moscou, seront également visés. En revanche, la mesure ne concernera pas le transit via l’UE de céréales et autres produits agricoles vers des pays tiers, en Afrique ou au Moyen-Orient, afin de « préserver la sécurité alimentaire mondiale », et les engrais ne sont pas visés.

La Russie a exporté 4,2 millions de tonnes de céréales, d’oléagineux et de produits dérivés vers l’UE en 2023, pour une valeur de 1,3 milliard d’euros. Concernant les seules céréales, l’UE a importé 1,5 million de tonnes l’an dernier, contre 960 000 tonnes en 2022, sur fond d’envolée de la production russe la saison dernière. Les importations de céréales russes, bien inférieures aux volumes en provenance d’Ukraine, constituent une infime partie (environ 1%) du marché européen.

« Obligation morale »

« Même si la Russie reste un fournisseur relativement modeste de l’UE, elle est l’un des principaux producteurs et exportateurs mondiaux et est capable de rediriger d’importants volumes vers l’UE pour perturber le marché », a-t-il ajouté. fait valoir le Conseil européen. « En outre, il est prouvé que la Russie s’approprie actuellement illégalement de grandes quantités (de céréales et d’oléagineux) des territoires ukrainiens qu’elle occupe et les exporte comme des produits prétendument russes », ajoute le Conseil européen. il a dit. Selon les règles de l’Organisation mondiale du commerce (OMC), la plupart des produits agricoles russes, y compris les céréales (maïs, tournesol, blé de qualité, etc.), étaient jusqu’à présent exonérés de droits de douane dans l’UE.

L’UE activera une clause d’exception pour garantir que la Russie et la Biélorussie n’auront plus accès aux quotas céréaliers de l’OMC offrant un meilleur traitement tarifaire. Dans les différentes séries de sanctions adoptées contre Moscou depuis 2022, les Européens avaient pris soin de ne pas cibler le secteur agricole ou les engrais : ils craignaient de déstabiliser les échanges et d’affaiblir la sécurité alimentaire des pays d’Asie et d’Afrique. dépendante de l’agriculture russe. Une situation qui a indigné Kiev, au moment où l’UE plafonne ses importations de produits agricoles ukrainiens exonérés de droits de douane.

La mesure douanière devait être ratifiée par une majorité qualifiée des États membres (15 pays représentant 65% de la population de l’UE), sans nécessiter l’approbation des députés européens. Un processus plus facile et plus rapide que l’adoption d’un embargo total, qui aurait nécessité l’unanimité des Vingt-Sept. La République tchèque, la Pologne et les trois États baltes ont cependant exigé une telle interdiction totale des importations de céréales en provenance de Russie et de Biélorussie, une « obligation morale » selon eux – et que la Lettonie a déjà mise en œuvre sur son territoire.

De leur côté, les producteurs de céréales européens, notamment français, s’inquiètent de voir la Russie faire baisser les prix mondiaux et bouleverser les balances commerciales. Encouragé par les difficultés de Kiev à acheminer ses céréales et oléagineux vers ses marchés traditionnels, Moscou a lancé depuis deux ans une vaste offensive commerciale en Afrique et au Moyen-Orient, notamment via des dons ou des livraisons subventionnées très médiatisées.

Gérard Truchon

An experienced journalist in internal and global political affairs, she tackles political issues from all sides
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