les 186 logements prévus le long du canal de Périgueux ne verront pas le jour
LL’annonce était alléchante : « Idéal pour vivre ou investir à Périgueux (…) Au bord du canal et au cœur de la vallée de l’Isle, dans un cadre exceptionnel, entre ville et nature, profitez pleinement de la capitale du Périgord. . A 5 minutes à pied du centre ville et de tous les commerces de proximité, découvrez nos maisons M3 à partir de 156 000 euros. »
Dupliquée à l’infini sur les sites immobiliers Internet, cette annonce était également visible dans un « espace client » situé au 5, cours Fénelon. Mais le bureau a fermé. Et les publicités sur Internet indiquent désormais qu’« il n’est plus possible de postuler à ce programme ». Pour cause : le leader de ce projet de 186 logements a jeté l’éponge.
Maisons et bâtiments
L’idée a émergé petit à petit avec le grand bouleversement initié par la restructuration du quartier de la gare. Dès 2018, on parlait d’habitat écologique entre l’Isle et le canal, vers le moulin Rousseau. Mais la place était occupée par le métallurgiste Barcométal, filiale de l’entreprise nontronnaise Barconnière. C’est au tournant des années 2020 que la production y cesse, laissant le champ libre à une autre destination sur le site, marquée par la « rénovation urbaine » (1).
L’opportunité était trop belle, elle a été saisie par le promoteur national Nexity qui, en octobre 2022, a déposé un permis d’aménager. Un mois plus tard, une société est créée, inscrite au registre du tribunal de commerce de Lille : Périgueux Promenade du Canal. Nexity était également associé à Airis Aquitaine, filiale du groupe immobilier Lamotte. Sa vocation était la construction et la vente.
En 2022 également, en décembre, un premier permis de construire a été déposé par cette société. Il s’agissait de construire 107 logements répartis dans trois bâtiments : un à vocation sociale, un autre d’accession traditionnelle et un dernier mixte. Les immeubles ont été conçus le long de l’Isle, avec des appartements allant du T1 au T4.
PPVE
Quatre mois plus tard, en mars 2023, un deuxième permis de construire est déposé. Cette fois pour 29 maisons d’accession, situées sur la même parcelle, mais le long du canal. En mai de la même année, les deux permis de construire sont accordés dans la foulée du permis d’aménager.
Mais il y avait déjà des fritures sur la ligne. Première alerte : le dispositif obligatoire de participation publique par voie électronique (PPVE) n’a recueilli aucun commentaire. Deuxième alerte : un troisième permis de construire pour un immeuble d’une cinquantaine de logements, prévu au permis de construire, n’a pas été déposé. Cela ne le sera jamais.
« La pollution importante du site, la présence d’une zone humide et d’espèces protégées »
Du côté de la mairie, nous avons vu ce « bon projet » avec bienveillance, a déclaré le 1er adjoint Émeric Lavitola. D’autant que l’ingénierie administrative suivait son cours normal. La Promenade du canal avec logements sociaux, bailleur social (Noalis), a sollicité un financement auprès de la Ville en janvier 2024.
En mars 2024, le Conseil municipal a voté en ce sens, en subventionnant ces constructions à hauteur de 60 000 euros. Une goutte d’eau dans l’océan par rapport aux 7 millions d’euros du programme présenté lors de la délibération, dont la livraison en décembre 2026 a été annoncée.
Sauf qu’au même moment, les petites annonces immobilières vantant la Promenade du Canal ont disparu. Et sur le site de Barcométal, le panneau publicitaire annonçant « bientôt ici » les appartements et les maisons a été rongé par le lierre et les ronces. Sans être officielle, la vétusté était flagrante.
Pollution et espèces protégées
C’est après une demande du « Sud Ouest » en septembre dernier que l’abandon a été confirmé par Nexity. Le motif ? « La pollution importante du site, la présence d’une zone humide et d’espèces protégées. » Ces points avaient été soulevés par l’Autorité Environnementale (MRAe) qui avait examiné le permis de construire.
Remis en janvier 2023, son rapport concluait à une « pollution avérée des sols et des eaux souterraines » (hydrocarbures, métaux et benzène), héritage du passé industriel du site. Certes, le lieu n’est pas en zone inondable – contrairement à son unique route d’accès – mais il peut être soumis à des « mouvements de terrain ». L’avis du MRAe regrette également la faiblesse de certains aspects du dossier, comme l’analyse des impacts du projet sur le milieu naturel, notamment les amphibiens et l’avifaune.
Officiellement, c’est pour ces raisons qu’« il a été décidé d’abandonner ce projet », déclare Nexity. Une autre hypothèse, non confirmée par le promoteur, serait le faible rythme de commercialisation des logements prévus dans son programme, freinant sa rentabilité.
(1) Plan local d’urbanisme intercommunal du Grand Périgueux.