L’équipe allemande toujours à la merci d’une polémique sur le racisme ?
Selon une enquête, un Allemand sur cinq souhaiterait voir davantage de footballeurs blancs dans l’équipe nationale.
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« A-t-on besoin de plus de joueurs blancs en sélection ? » La question, issue d’une enquête réalisée par la chaîne de télévision publique allemande, ARD, choque outre-Rhin. Surtout son résultat. Parmi les 1 304 Allemands interrogés, 21 % ont répondu « Oui ». De quoi créer une vive polémique, à quelques jours de l’Euro de football, qui se tiendra en Allemagne, du 14 juin au 14 juillet. En conférence de presse dimanche 2 juin, l’entraîneur allemand, Julian Nagelsmann, a même exprimé sa volonté de « ne plus jamais lire une enquête aussi merdique ».
«Il faut comprendre que le sondage a d’abord fait polémique parce qu’il a été publié sur le compte Instagram de l’émission ‘Sportschau’ de l’ARD, comme ça, sans contexte.», déclare Dennis Melzer, journaliste pour Eurosport Allemagne. L’enquête a été menée dans le cadre d’un documentaire intitulé Unité, justice et diversité, l’équipe nationale entre racisme et identificationqui traite de l’évolution de l’équipe allemande ces dernières années.
« Le sondage et son résultat ont également choquépoursuit le spécialiste du football allemand, car il est tout à fait normal depuis plusieurs années qu’il y ait dans l’équipe nationale des joueurs noirs, d’origine turque, tunisienne, voire afghane.» Et de citer les cas du défenseur du Bayern Leverkusen Jonathan Tah ou de l’ancien international allemand Gerald Asamoah.« qui ont été victimes de racisme ».
Mais, pour le journaliste, la polémique, « très présent dans les médias » ne devrait pas entacher l’euro. « Dès le début de la compétition, ce débat sera oublié, car en Allemagne, de nombreuses personnes, médias et hommes politiques estiment que le football doit être dissocié de la politique. », souligne-t-il. Selon lui, les Allemands veulent aussi donner une bonne image du pays à travers le tournoi, comme ce fut le cas en 2006, avec la Coupe du monde de football.
L’équipe nationale, de son côté, poursuit sa préparation. Opposé à l’Ukraine en match amical (0-0), lundi 3 juin, il n’a pas été très convaincant. Dennis Melzer ne voit cependant aucun lien avec la controverse actuelle. « Je ne pense pas que cela ait un impact sur les performances de l’équipe. » il croit.
Il faut dire que la question du racisme dans le football est récurrente en Allemagne. « Quand Mesut Özil avait pris une photo avec le président turc Recep Tayyip Erdogan, cela a également suscité un débat important. Les gens disaient qu’il n’était pas allemand et qu’il devrait jouer pour la Turquie. »se souvient le journaliste. Épuisé par ces attaques, l’ancien dirigeant du Real Madrid a décidé de ne plus jouer en équipe nationale.
En cas de déroute à l’Euro, cette polémique pourrait toutefois être remise sur la table. Car si Dennis Melzer se montre circonspect à l’idée de lier débats sociétaux et politiques et résultats sportifs, certains n’ont pas manqué d’y voir une raison de l’élimination de l’Allemagne dès le premier tour lors du dernier Mondial, au Qatar.