« L’équilibre entre compétitivité des entreprises et préservation du pouvoir d’achat apparaît de plus en plus précaire »
A A moitié vide ou à moitié plein, ce verre ? Les prévisionnistes économiques oscillent entre optimisme et inquiétude quant à l’évolution de la conjoncture. Et pas seulement en France, où le futur Parlement s’apprête à se déchirer sur le thème du soutien à la consommation (la demande) ou aux entreprises (l’offre).
Un cas extrême est celui de la Chine. A la veille du troisième plénum, qui réunira les dirigeants chinois du lundi 15 au jeudi 18 juillet, la presse locale fait état de rumeurs d’augmentation de la TVA sur un certain nombre de produits, pour accroître les ressources des collectivités locales mises à mal par la crise immobilière. Mais, dans le même temps, cela risque de peser sur une consommation déjà atone (0,2% d’inflation en juin) et, par ricochet, de fragiliser les entreprises.
En France, on marche aussi sur la corde raide, en essayant de préserver le fragile équilibre entre offre et demande. La publication, lundi 8 juillet, par la Banque de France de son indicateur des défaillances d’entreprises a envoyé un signal mitigé. Entre mai et juin, le nombre d’entreprises défaillantes a peu augmenté, laissant espérer une stabilisation après la hausse des faillites ces deux dernières années, du fait du rattrapage après le gel des procédures judiciaires pendant les années de pandémie de Covid-19.
Réflexe de l’écureuil
Mais la répartition des chiffres inquiète les pessimistes. Sur les douze derniers mois, le nombre d’accidents de la route (61 000) dépasse le chiffre de 2019 et se situe même au-dessus de la moyenne 2010-2019. En outre, la crise s’aggrave dans certains secteurs comme la construction, les transports et la restauration. Et le nombre de moyennes et grandes entreprises touchées est également en forte hausse par rapport à la décennie précédente.
« Selon nos études, 14% des PME françaises présentent un risque élevé de défaillance »« Nous devons faire face à des difficultés financières, mais nous devons nous concentrer sur les opportunités qui se présentent à nous », explique Ana Boata, directrice de la recherche économique d’Allianz Trade, qui pointe du doigt la hausse des taux et le manque de liquidités à un moment où la demande faiblit, notamment dans l’immobilier et la restauration. « L’augmentation du pouvoir d’achat peut être une solution, mais seulement dans un environnement de confiance qui encourage les gens à dépenser cet argent »elle continue.
Dans le cas contraire, cela entraînera une hausse du taux d’épargne français (17 %), qui est déjà, avec celui des Allemands, l’un des plus élevés d’Europe. La crainte d’une inévitable hausse des impôts pour assainir les finances publiques, voire d’une récession, renforce ce réflexe d’écureuil. Dans un contexte aussi délicat, et pas seulement en France, l’équilibre entre compétitivité des entreprises et préservation du pouvoir d’achat apparaît de plus en plus précaire.