L’Équateur sous le feu des critiques après le raid contre l’ambassade du Mexique
Condamné unanimement en Amérique latine, le président équatorien Daniel Noboa a-t-il pris un risque calculé en ordonnant une intrusion policière à l’intérieur de l’ambassade du Mexique à Quito ou a-t-il été victime de son extrémisme ? avant le référendum du 21 avril ?
Publié sur :
2 minutes
Au niveau diplomatique et international, le bilan est clairement négatif pour Quito, explique notre correspondant à Équateur, Éric Samson. Des Nations Unies à l’Organisation des États américains (OEA), tous les pays condamnent la violation par l’Équateur de la Convention de Vienne qui établit l’inviolabilité des ambassades, après l’irruption de la police à l’ambassade du Mexique à Quito pour arrêter l’ancien vice-président équatorien accusé de corruption Jorge Glas, qui y avait trouvé refuge.
Le président mexicain Andres Manuel Lopez Obrador a dénoncé un « violation flagrante du droit international et de la souveraineté mexicaine « , et a déclaré qu’il comptait porter l’affaire devant la Cour internationale de Justice, rapporte l’AFP. Mais outre le Mexique, le Nicaragua a également rompu ses relations diplomatiques avec Quito. Colombie, Pérou, Brésil, Bolivie… autant de pays voisins qui pourraient aider L’Équateur, dans sa guerre contre les cartels, a condamné la décision du président Noboa.
Le départ du personnel de l’ambassade et du consulat mexicains rendra également plus difficile pour les Équatoriens de se rendre au Mexique et vice versa, de délivrer des visas et d’obtenir une assistance juridique. Il n’est pas encore clair si les accords commerciaux et les traités de coopération seront remis en question.
Nocif
Pour le politologue Gaspar Estrada, directeur exécutif de l’Observatoire politique de l’Amérique latine et des Caraïbes (OPALC) à Sciences Po Paris, « la réaction équatorienne est totalement disproportionnée » Et « lui fera du mal « . Il souligne que même les gouvernements d’extrême droite, comme le gouvernement argentin de Javier Milei, condamnent cette action. « À partir du moment où la Convention de Vienne est brisée, lorsque la question de l’immunité diplomatique est remise en question, c’est de fait tout le système des relations internationales qui est mis à mal. »
Alors pourquoi prendre ce risque ? Sans doute pour tenter de garantir le succès du référendum prévu le 21 avril, qui propose de durcir la législation contre la délinquance et d’autoriser l’extradition des trafiquants. Le président Noboa en a fait un pilier de sa politique anti-gangs avec la poursuite de la militarisation du conflit et la construction de nouvelles prisons de haute sécurité. Un vote positif serait également une étape importante sur la voie d’une éventuelle réélection, ce dont Daniel Noboa ne cache pas son souhait. Se montrer comme un homme fort qui n’hésite pas à prendre des risques pour éviter l’impunité, dans le cas de l’ancien vice-président Jorge Glass, est clairement un résultat qui mérite d’être en colère contre le monde.
Selon Gaspar Estrada, l’Équateur devra de toute façon faire face à un « isolement diplomatique dans les semaines à venir « .