En juillet dernier, leAgence européenne des médicaments (EMA) avait refusé la mise sur le marché européen du lécanémabdéveloppée conjointement par des sociétés américaines et japonaises et commercialisée sous le nom de Leqembi®, une nouvelle biothérapie innovante dans le traitement de la maladie d’Alzheimer, suscitant l’incompréhension des associations de patients. D’autant plus que le médicament est déjà autorisé aux États-Unis s et au Japon depuis l’année dernière et plus récemment au Royaume-Uni, en Israël, en Chine et en Corée du Sud.
L’EMA est en train de revoir sa copie et vient d’autoriser sa mise sur le marchélimitant toutefois sa prescription à «déficience cognitive légère (problèmes de mémoire et de réflexion) ou démence légère due à la maladie d’Alzheimer (maladie d’Alzheimer précoce) » Et « chez les patients qui ne possèdent qu’une seule copie du gène ApoE4 – un facteur de risque de la maladie – ou qui n’en ont pas du tout». Or, ce gène augmente clairement le risque de développer la maladie, jusqu’à le doubler chez certaines personnes.
L’EMA entend ainsi contrôler les effets secondaires parfois graves de ce médicament, en ciblant les personnes les moins susceptibles d’en souffrir. Le médicament doit être disponible pour Patients français d’ici quelques mois. Il sera administré par perfusion sous contrôle médical, IRM de contrôle sera programmé pour surveiller les éventuels effets indésirables.
Là Fondation de recherche sur la maladie d’Alzheimer s’enthousiasme : résultats détaillés fin 2022 dans la revue scientifique Journal de médecine de la Nouvelle-Angleterre montrer « une réduction de 27% du déclin cognitif chez les patients ayant suivi ce traitement par rapport au groupe placebo. C’est la première fois qu’un anticorps anti-amyloïde prouve son efficacité !»
En fait, cette molécule (une anticorps monoclonalautrement dit un type de protéine) possède un mode d’action jusqu’ici unique puisqu’elle est capable de réduire puis d’éliminer les plaques amyloïdes, responsables de la maladie d’Alzheimer. « Ces plaques se déposent entre les cellules nerveuses situées dans la matière grise du cortex cérébral, provoquant un dysfonctionnement des connexions entre neurones.», précise le Fondation de recherche sur la maladie d’Alzheimer.
Effets secondaires liés au mode d’action du médicament
Ce mode d’action présente cependant un défaut : il peut être responsable de saignement dans le cerveauautrement dit une hémorragie cérébrale.
Interrogé par la Fondation de la Recherche Médicale en septembre dernier, le professeur David Wallon, neurologue et directeur du Centre Mémoire, Ressources et Recherche du CHU de Rouen, explique que cet effet indésirable grave est lié à «une réaction inflammatoire dans le cerveau. Cela affaiblira la paroi vasculaire et provoquera le plus souvent des micro-saignements. Parfois, quand c’est plus grave, des ecchymoses.»
Ces risques concernent particulièrement les personnes souffrant de Mutation du gène ApoE4 et ceux dont la maladie est avancée.
Alzheimer : quels médicaments sont disponibles aujourd’hui ?
Même si les effets secondaires du Leqembi® sont documentés, cette molécule représente une telle progrès dans l’arsenal thérapeutique dont disposent actuellement les médecins et qui va certainement révolutionner les soins.
Parce qu’aujourd’hui il n’y a pas de médicaments capable d’empêcherpour ralentir la progression et encore moins pour guérir la maladie d’Alzheimer, contrairement à cette nouvelle molécule.
« Actuellement, nous sommes toujours bloqués depuis 25 ans, avec une stratégie thérapeutique qui existe depuis longtemps», indique encore le professeur Wallon.
Les quatre traitements disponibles aujourd’hui sont :
- Donépézil (Aricept)
- Rivastigmine (Exelon)
- Galantamine (Réminyl)
- Mémantine (Ebixa)
Ils améliorent les symptômes mais ne ralentissent pas la progression de plaques amyloïdes.
Bientôt d’autres immunothérapies dans le traitement d’Alzheimer ?
Autres immunothérapies sont actuellement en développement et on peut espérer que d’ici quelques mois, de nouveaux médicaments capables de ralentir, voire d’inverser la maladie d’Alzheimer, obtiendront leurs autorisations de mise sur le marché (AMM, obligatoire pour que le traitement soit distribué, et éventuellement remboursé, en France).
Là Fondation de recherche sur la maladie d’Alzheimer par exemple met beaucoup d’espoir dans le donanemab (Kisunla®), développé par le laboratoire Eli-Lilly. « Le donanemab appartient également à cette nouvelle catégorie de traitements contre la maladie d’Alzheimer, basés sur l’immunothérapie, un processus qui mobilise directement les cellules immunitaires pour agir sur les plaques amyloïdes. Les résultats de la phase III, publiés en août 2023, ont confirmé les espoirs suscités par la phase II. Un ralentissement du déclin de 35 % a été observé chez les patients traités par rapport au groupe placebo..»
Les Etats-Unis, le Japon et la Grande-Bretagne ont déjà approuvé sa mise sur le marché.