L’EPR de Flamanville entre en production ce lundi soir
EDF a reçu à 17 heures le feu vert de l’ASN pour lancer « la première fission nucléaire » en début de soirée. Le réacteur devrait être raccordé au réseau d’ici la fin de l’automne.
C’est un moment historique !Au moment où nous parlons, les équipes de Flamanville s’apprêtent à lancer la divergence (la première fission nucléaire, ndlr). EDF a reçu le feu vert de l’ASN à 17 heures ce lundi. Les équipes de nuit, qui démarrent à 21 heures, vont initier la réaction nucléaire.« , a déclaré Régis Clément, directeur adjoint de la division production nucléaire, peu avant 21 heures ce lundi soir.
Depuis plusieurs mois, l’EPR de Flamanville traverse une série d’étapes clés. Autorisation de mise en service accordée par l’Autorité de sûreté nucléaire, chargement du combustible effectué début mai. Vendredi 30 août, l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN) a reçu la demande d’EDF de procéder à la « divergence ». La France n’avait pas connu une telle opération depuis 25 ans, avec le démarrage de la centrale de Civaux (Vienne). Il ne manquait plus que le feu vert de l’ASN pour que ce cap historique soit franchi. Et lorsqu’il sera à 25 % de sa puissance, l’EPR délivrera ses premiers électrons au réseau électrique français.
Depuis le mois de mai, tous les tests ont été effectués pour rendre le réacteur prêt à diverger. L’ensemble du programme de tests réglementaires a été réalisé. 300 à 400 critères de sûreté sont vérifiés pour un réacteur en fonctionnement, et pour un réacteur neuf, 1 500 points sont vérifiés, avec une analyse approfondie de chacun de ces tests.
Le réacteur sera raccordé au réseau à la fin de l’automne
Depuis lundi 21 heures et pendant plusieurs dizaines d’heures, les opérations vont être lancées pour démarrer la fission nucléaire, représentant 1 à 2 % de la puissance du réacteur. Il faudra plusieurs semaines avant que les conditions de raccordement du réacteur au réseau soient réunies. Cette phase, dite de couplage, devrait être réalisée vers la fin de l’automne – et non plus en été comme espéré en début d’année. A ce moment-là, il sera à 25 % de sa puissance, soit 1 600 mégawatts. Les 100 % seront atteints »dans plusieurs mois. Il reste encore beaucoup de tests globaux, nous n’avons pas fixé de date« Une montée en puissance progressive sera réalisée pour démontrer que le réacteur est conforme aux exigences de sécurité.
Cette dernière ligne droite n’aura pas été simple. Chaque seuil était sujet à un nouveau retard, de quelques semaines, jours ou heures, selon les opérations. Le seuil de divergence était attendu début juillet.C’est comme si toutes les difficultés que l’on peut rencontrer lors du démarrage d’un réacteur étaient réunies à Flamanville… Mais on y arrive« , il s’est glissé dans le Figaro un proche du dossier au début du mois d’août.Tous les tests doivent être réalisés conformément à ce qui était prévu, s’il y a des écarts, il faut les analyser point par point. On ne baisse pas les bras. Et il y a quelques aléas qui nous ont conduit à un certain nombre d’opérations supplémentaires. Finalement, on est passé d’une phase de construction à une phase opérationnelle, avec des exigences supplémentaires que les équipes ont dû intégrer.« , explique Régis Clément.
L’EPR devra fonctionner pendant un premier cycle complet, environ 18 mois, à pleine puissance, avant de s’arrêter pour une inspection complète et le remplacement de son couvercle de cuve demandé par l’ASN. Le couvercle actuel sera donc remplacé par précaution. L’opération a été programmée de cette manière et vise à « disposer d’un couvercle conforme pour toute la durée de vie du réacteur. Il ne s’agit pas d’un couvercle défectueux, mais d’un remplacement préventif« , ajoute Régis Clément.
Un chantier qui a accumulé des retards
Enfin, une goutte d’eau dans l’océan des difficultés que le chantier a rencontrées. Le dernier-né des réacteurs nucléaires d’EDF sur le sol français accuse 12 ans de retard et a dépassé son budget de plus de 10 milliards d’euros pour atteindre 13,2 milliards. Il sert aussi de référence pour EDF, qui entend s’appuyer sur cette expérience, tout comme celle que le groupe acquiert à l’étranger, notamment à Hinkley Point en Grande-Bretagne, pour mieux maîtriser la construction des six prochains EPR 2.Nous partageons nos retours d’expérience. Il y a un énorme effort sur ce point et sur l’industrialisation. Nous acquérons des compétences« , rassure Régis Clément.
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