La grippe a pris ses quartiers en France : toute la métropole a viré au rouge épidémique depuis la mi-décembre et le nombre de cas a continué de grimper au cours de la dernière semaine de l’année 2024. Les passages aux urgences et les hospitalisations sont également en augmentation, selon les données de Santé publique France (SPF). D’après le réseau Sentinelles, qui s’appuie sur les remontées de 1 300 médecins généralistes, la Bretagne était même, fin décembre, la région française au plus fort taux d’incidence concernant les infections respiratoires aiguës, dont une bonne partie de grippe. Comme chaque année, les rencontres familiales de Noël ont entraîné un brassage de populations, qui a pu favoriser la circulation de la maladie.
Difficile, néanmoins, de prédire quand le pic de l’épidémie sera atteint. « Il faudra encore attendre une ou deux semaines, pour voir si les courbes continuent de monter », estime le Pr. Marie-Anne Rameix-Welti, responsable du centre national de référence des infections respiratoires à l’Institut Pasteur.
Similaire à l’hiver 2022-2023
Pour autant, les observateurs restent rassurants : « La dynamique épidémique ressemble à celle de 2022-2023. On n’a pas l’impression d’avoir plus d’hospitalisations ou de cas graves. On n’est donc pas plus inquiets que les autres années », assure Bertrand Gagnière, médecin épidémiologiste au sein de la cellule bretonne de SPF.
Il faut dire que les souches de grippe qui circulent actuellement en France, et leurs symptômes associés, sont bien connues des scientifiques : « Pour la moitié d’entre elles, il s’agit de H1N1, issu du virus pandémique de 2009 ; pour un tiers, de virus de type B, et pour 15 % de H3N2. Celui-ci est souvent un peu plus sévère sur les sujets âgés, mais là, il circule peu », détaille Marie-Anne Rameix-Welti.
Particularité de cet hiver, les moins de 15 ans sont nombreux à être touchés. En cause : la circulation importante des virus de type B, « connus pour être plus symptomatiques chez les enfants et les jeunes », précise la virologue de Pasteur.
Les formes les plus sévères concernent les personnes de plus de 65 ans : celles-ci représentaient 64 % des hospitalisations en fin d’année dernière, avec près de 2 000 enregistrées du 23 au 29 décembre, le double de la semaine précédente.
À l’origine de 3 000 à 15 000 décès chaque année, la grippe n’est pas à prendre à la légère. Mais même lorsqu’elle ne tue pas, « elle peut engendrer des pertes cognitives ou d’autonomie », rappelle Bertrand Gagnière.
Une campagne vaccinale peu suivie ?
Principal rempart contre les formes graves de la grippe, la vaccination patine chez les personnes ciblées : âgées, diabétiques, cardiaques, etc. : « Les chiffres de couverture vaccinale seront connus courant janvier mais les informations du début de campagne montraient que ça partait moins bien que l’année dernière », s’inquiète l’épidémiologiste de SPF. « Ça vaut encore le coup de recevoir une injection, il n’est pas trop tard. La vaccination est efficace au bout de dix jours », appuie Marie-Anne Rameix-Welti.