L’évêque d’Ajaccio, mgr François-Xavier Bustillo, l’un des acteurs du conclave qui a élu le nouveau pape, nous donne son regard.
Comment avez-vous vécu ce conclave?
Il y a eu deux moments qui m’ont impressionné. Le conclave lui-même, étant enfermé dans la chapelle Sixtine, ce lieu d’art, la spiritualité, la fertilité, ce ventre qui a donné naissance à tant de papes. Voir aussi autant de cardinaux différents.
Beaucoup de gens ont dit que nous ne nous connaissions pas, que nous étions divisés, dispersés. Nous ne l’étions pas, nous avons travaillé pendant dix jours et nous sommes arrivés à une synthèse positive, le pape est né en moins de 24 heures.
Vous connaissiez Cardinal Prevost, avez-vous été surpris par ce choix?
Je le connais parce que nous avons été créés cardinaux le même jour. Ce choix ne m’a pas surpris parce que nous étions très ouverts. Les médias ont parlé de nombreux noms, mais qui entre le pape sort cardinal, dit-on.
Personne ne s’attendait au pape François. Et là aussi, à la fin, quelqu’un qui n’était pas en première ligne a été choisi. C’est une bonne nouvelle, cela signifie que le bien de l’église cible, non par les statistiques mais par le charisme.
Que souvenez-vous des premiers moments que vous avez partagés avec lui, à partir de ce moment où il a appris qu’il est devenu Pontife souverain?
C’était un moment d’émotion. On peut imaginer l’émotion d’un homme qui voit sur ses épaules le poids de l’Église catholique. Il a accepté et il savait qu’à partir de ce moment, sa vie a fait une tournée. Il ne sera plus maître de lui-même. La tâche n’est pas facile, elle aura des fichiers, des personnes à rencontrer, des pays à visiter. Sa vie sera complètement donnée au ministère. J’avais l’admiration quand il a dit oui, c’est courageux et c’est ascétique. Nous avons également vu l’émotion sur le balcon.
Ce qui m’a frappé, c’est que cette foule s’est rassemblée spontanément en si peu de temps. Ils ne connaissaient pas son nom, mais quand il a été annoncé, tout le monde a crié, chanté, le soutenait.
C’est merveilleux, car sans le peuple, le pape n’est rien et les gens sans le pape sont perdus, nous avons besoin les uns des autres. En moins d’une heure, après la fumée blanche, 150 000 personnes étaient là pour acclamer le pape. Et je crois que c’est aussi l’effet François. Nous avons déclenché un peuple, qui attend beaucoup du pape et de l’église, nous ne pouvons pas le décevoir.
Ensuite, nous nous sommes réunis avec tous les cardinaux de la résidence de Sainte-Marthe. Là aussi, nous avons vu un homme encore ému et touché par la charge. Il devra prendre le temps d’aller de l’avant, de respirer, de voir toutes les situations. Il vit des moments spéciaux. Ensuite, nous allons voir comment il évolue. Mais nous, en tout cas, nous la soutenons et l’accompagnons.
Quelle forme peut prendre son pontificat à l’égard de son profil?
C’est un homme solide. Il est doux et déterminé en même temps, je pense qu’il est important pour un pape. Il est dans la ligne de François. Il continuera dans ce mouvement, avec son audace. Et il apportera son propre génie, il est des États-Unis, il a vécu au Pérou, il a travaillé à Rome, il a une vision très large et qui nous guérit un peu de notre vision très centrée sur l’euro. Cela élargit nos esprits et ouvre les frontières.
Comment analysez-vous ses premiers mots?
Avec la géopolitique actuelle, il y a beaucoup de violence, les guerres, l’Église doit travailler pour la paix, apporter la paix. Trouvez les moyens d’être efficaces pour manger des esprits. Il a également parlé de la foi, c’est important car il n’est pas fait pour vivre dans l’illusion, dans le pays d’Alice et des merveilles, mais de donner la solidité, la stabilité et d’avancer. Je pense qu’il est sur la bonne voie.
C’est le premier pontife souverain américain, sera-t-il un pape anti-Trump?
Je pense que le pape ne devrait pas être anti. Lorsque vous êtes chrétien, vous avez des idées différentes, mais vous n’êtes pas idéologiquement ou émotionnellement contre.
Je pense que l’objectif et la maturité de toutes les personnes ayant des responsabilités, un leader politique de son pays, un chef spirituel de l’Église, est d’avoir la capacité de travailler ensemble pour améliorer le monde.