Alors que l’hypothèse d’un effondrement du système défensif ukrainien, autour de Kharkiv, mais aussi dans le Donbass, est désormais une hypothèse crédible face à la montée en intensité des attaques russes, l’Estonie vient de franchir une nouvelle étape, dans l’implication européenne dans le conflit ukrainien.
En effet, Madis Roll, le conseiller à la sécurité nationale de la présidence estonienne, a affirmé que le gouvernement procédait en ce moment même à des évaluations concernant le déploiement potentiel de troupes en Ukraine, de manière indépendante ou dans le cadre d’une petite coalition indépendante de l’OTAN.
En effet, ces derniers jours, les attaques menées par les forces russes contre le système défensif ukrainien semblent bien plus efficaces que par le passé. Ainsi, en quelques jours seulement, les soldats russes ont repris une centaine de km² aux défenseurs ukrainiens, un rythme nettement plus soutenu que les mois précédents.
Au point qu’aujourd’hui, l’hypothèse que le front ukrainien ne céderait pas, en certains endroits, est ouvertement évoquée, y compris par les autorités du pays, comme par leurs alliés, avec le risque d’une percée russe venant déstabiliser en particulier toutes les lignes de défense autour de Kharkiv.
À ces risques immédiats s’ajoutent des menaces croissantes dans les mois à venir, le ministre de la Défense Sergueï Choïgou ayant été remplacé par Andreï Belousov, un économiste proche de Poutine spécialisé dans l’innovation.
Ce faisant, Vladimir Poutine donne la priorité à l’organisation de l’effort militaro-industriel, et à la pérennité de son effort de défense, dans la durée, pour venir à bout de la résistance ukrainienne. Il est difficile, dans ces conditions, pour Kiev de maintenir la mobilisation de son opinion publique, de reconstituer ses forces militaires et de résister aux assauts russes présents et futurs.
C’est dans ce contexte que s’inscrivent les déclarations de Madis Roll, le conseiller à la sécurité nationale de la présidence estonienne. Selon lui, Tallinn explorerait sérieusement de larges options pour soutenir l’Ukraine, notamment l’envoi de troupes estoniennes, peut-être dans le cadre d’une petite coalition ad hoc.
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