Devant le siège de Gifi à Villeneuve-sur-Lot, certains ont ignoré la nouvelle. « Ah bon ? Vous me l’avez dit, je ne savais pas », raconte un employé avant d’entrer dans le bâtiment. Il faut dire que l’annonce était pour le moins inattendue. Le fondateur de Gifi, Philippe Ginestet, a décidé de mettre le marque qu’il a lui-même créée pour la vendre. « Gifi, c’est l’œuvre de sa vie. Il ne prendra aucune décision qui mettrait en danger l’entreprise ou les salariés », a rassuré Didier Pitelet, porte-parole du groupe.
Des offres sont attendues d’ici lundi 18 novembre, mais certains acheteurs ont déjà manifesté leur intérêt, comme les groupes Carrefour ou Zouari, propriétaire des magasins Stokomani et Maxi Bazar. Une information que la marque n’a pas souhaité confirmer : « Pour le moment, Philippe Ginestet recherche des financiers. Je ne sais pas combien de temps cela prendra mais l’objectif est d’assurer la pérennité de Gifi. C’est en cours, donc je ne peux pas en dire plus. »
Tentative de déstabilisation ?
Face à l’annonce de la vente publiée hier dans les médias, Philippe Ginestet a tenu à s’expliquer auprès de ses salariés : « Je fais tout mon possible pour redresser une situation dont nous connaissons tous les origines, à savoir le basculement de notre système informatique », a-t-il expliqué. dans un document interne, dont « Sud Ouest » a pu prendre connaissance. Une explication que croit Guillaume Lepers, député de la circonscription et ancien salarié de l’entreprise : « Cela ne serait pas surprenant. Il s’agit d’un procédé assez courant dans le monde de la grande distribution. Je ne m’engagerais donc pas à commenter une vente dont je n’ai actuellement aucune information. »
Même s’il reste prudent, le député ne nie pas la possibilité d’une vente d’une partie du capital : « Philippe Ginestet cherchait depuis longtemps des financiers. C’était déjà le cas lorsque je travaillais à ses côtés et tout se passait bien. Et attirer de nouveaux actionnaires ne signifie pas nécessairement fermer l’entreprise. » Un scénario auquel Guillaume Lepers ne croit pas, ni même celui d’une éventuelle délocalisation si Gifi venait à atterrir entre d’autres mains que celles de son fondateur : « Villeneuve-sur-Lot a des atouts : d’abord la qualité, ainsi que les compétences, des salariés, qui sont là depuis longtemps, et aussi pour la vie. Deux éléments que le monde de l’entreprise recherche aujourd’hui. »
Fin 2023, la marque subit un « bug » suite à un changement dans son système informatique. S’ensuit le début des problèmes financiers que la marque connaît encore aujourd’hui : « Il y a tout un tas de problèmes qui en découlent, comme des magasins qui n’étaient pas approvisionnés ou des problèmes de gestion des marchandises. actions. Nous avons été confrontés à des difficultés de trésorerie sans précédent depuis quarante-trois ans. »
« Assurer l’avenir de Gifi »
Pour faire face à cette perte importante de chiffre d’affaires, Gifi a bénéficié d’un « soutien très fort des banques ». Mais aujourd’hui encore, l’impact de cette crise semble encore se faire sentir dans l’entreprise, qui emploie plus de 6 500 personnes en France, dont la moitié dans le Sud-Ouest, et pas moins de 650 à Villeneuve-sur-Lot, berceau de le groupe.
Après un été pluvieux et en deçà des attentes en termes de ventes, la marque veut montrer qu’elle se remet sur les rails. « Nos derniers mois ont été bons et nous nous préparons à une belle fête de fin d’année », tient à rassurer le porte-parole du groupe. Philippe Ginestet souhaite repositionner l’entreprise sur son ADN : les prix bas. Aujourd’hui, 87% des produits sont à moins de 10 euros. »
« Ma priorité absolue, comme je vous l’ai déjà dit à plusieurs reprises, est d’assurer l’avenir de Gifi ; cette entreprise, que j’ai créée et à laquelle j’ai consacré ma vie depuis quarante-trois ans, doit me survivre dans les meilleures conditions », a précisé le fondateur de la marque, dans sa lettre adressée aux salariés.