L’entrée fracassante de Jacques Audiard en compétition
Un candidat très sérieux à la Palme d’Or est arrivé en trombe ce samedi soir en compétition. Depuis l’ouverture du festival mardi, on a vu, en quatre jours, une dizaine de films de bonne qualité, mais sans grande effervescence. Voilà soudain Jacques Audiard et son neuvième long métrage, « Emilia Perez ». L’histoire, au Mexique, d’un chef de cartel…
Un candidat très sérieux à la Palme d’Or est arrivé en trombe ce samedi soir en compétition. Depuis l’ouverture du festival mardi, on a vu, en quatre jours, une dizaine de films de bonne qualité, mais sans grande effervescence. Voilà soudain Jacques Audiard et son neuvième long métrage, « Emilia Perez ». L’histoire, au Mexique, d’un chef de cartel qui décide de réaliser son rêve, devenir une femme. Avec un casting international : Selena Gomez, Karla Sofía Gascón, Zoé Saldana…
Peu probable? Oui, et pourtant c’est une réussite. Cinématographiquement, émotionnellement, intellectuellement… Jacques Audiard signe un film captivant et sophistiqué, naviguant entre les genres (comédie musicale, mélodrame, thriller) et portant un regard subtil sur la transsexualité, sujet propice aux caricatures, sans voyeurisme ni simplisme. On ne se souvient pas d’une telle unanimité parmi les journalistes cannois depuis « Parasite » de Bong Joon-ho, Palme d’or 2019. Cela augure bien pour Jacques Audiard. Mais il avait déjà la Palme en 2015, et le fait d’être Français pourrait, un an après le sacre de Justine Triet, jouer en sa défaveur.
« Diamant brut », une perle
Pour le reste de la compétition, la palme de la déception à ce stade revient à « Megalopolis » de Francis Ford Coppola. Et le grand prix du « film de choc » est revenu au Suédois Magnus von Horn, 40 ans, pour « La Fille à l’aiguille », une histoire d’infanticide. Ce jeune cinéaste est un virtuose de la mise en scène, mais quelle complaisance face à la violence !
La Française Agathe Riedinger, dont le premier opus, « Diamant brut », a été sélectionné en compétition, a réussi son baptême cannois. Accueil chaleureux, à juste titre, pour ce portrait tendre et direct d’une adolescente maladroite et résolue, une Marilyn des années 2020 rêvant de percer dans la télé-réalité et de devenir influenceuse. Sortie en octobre.
Enfin, Richard Gere fera sans doute partie des favoris pour le prix d’acteur masculin. Il impressionne en vieil homme face à la mort dans « Oh, Canada », un nouveau film de Paul Schrader, pourtant plus brillant qu’émouvant.