L’émotion de Lacazette, le bonheur de Textor, les consignes de Sage… Dans les coulisses du derby victorieux des Gones
L’OL a remporté le 47e derby de son histoire face à l’AS Saint-Etienne grâce à un but d’Alexandre Lacazette dimanche, en clôture de la onzième journée de Ligue 1 (1-0). Le sixième derby sur sept disputé au Groupama Stadium. Un succès qui vaut bien plus que trois points. RMC Sport vous emmène dans les coulisses de cette victoire pas comme les autres pour les Gones.
La longue communion sur le terrain avec les supporters. Le XXL sourit devant le vestiaire, où John Textor félicite tout le monde. Des cris de joie aussi. Après la victoire de l’OL contre Saint-Etienne, dimanche en clôture de la onzième journée de Ligue 1 (1-0), tout attire ce sentiment de jubilation supplémentaire chez les Gones. L’ivresse particulière du succès face à un grand rival. Et puis, il y a les mots d’Alexandre Lacazette au sortir d’une ambiance incandescente portée par le record de fréquentation dans un derby (58 082 spectateurs) : « Franchement, je pense que ça va être dans le top 3 de ça que j’ai vécu ici » , admet le capitaine lyonnais. « Dès l’échauffement, ils étaient présents, donc vraiment félicitations à eux. Ça aide, ça donne envie de tout donner pour eux aussi, pour le soutien qu’ils nous apportent depuis le début de la saison.
Pierre Sage savoure lui aussi ce score minimaliste (1-0) avec une énorme satisfaction. Le technicien rhodanien obtient ainsi le label « Lyonnais » pour sa première plongée dans cette confrontation vieille de plus de soixante-dix ans : « On m’a dit qu’il fallait gagner un derby pour être adopté par les Lyonnais. Je suis heureux de quitter la salle d’attente après vingt-six ans de patience », souffle l’entraîneur de l’OL en conférence de presse. Il se murmure que c’est l’ancien attaquant Bafétimbi Gomis, qui a disputé le derby dans les deux camps, depuis sa formation chez les Verts (2000-2009) jusqu’à son quinquennat à Lyon (2009-2014), qui aurait tenu cette remarque. , entre deux entretiens d’après-match. «Je suis content pour les joueurs et le public», ajoute Pierre Sage.
« Le match de l’année »
Ce succès est d’autant plus appréciable pour l’OL qu’aucun incident (notamment chant homophobe) n’est évoqué dans le rapport du délégué du match. Dès 17 heures, quelques formules « à l’ancienne » éclatent encore sur le parvis du stade. Plus de quatre heures avant le coup d’envoi, les supporters (plus nombreux que pour un match ordinaire) s’y rassemblent pour une montée de température avec feux d’artifice, pots fumigènes et fumigènes. L’attente s’est tellement éternisée qu’il faut apprécier l’événement à sa juste valeur : « Un stade en feu, une ambiance collective rare, un instant suspendu, le match de l’année », racontent les acteurs à RMC Sport à propos de ce 125e derby.
Il y en a même qui partagent, via la messagerie interne, le geste de Gauthier Larsonneur, le gardien de l’ASSE, pour demander plus d’ambiance et des chants hostiles à son encontre devant le Kop Virage Nord, fief des Bad Gones. Un « chambrage qui correspond aux valeurs des derbys à l’ancienne, où une telle opposition repose sur la plaisanterie et non sur la violence ». Moins de cinq secondes plus tard, le gardien des Verts rate sa relance et « offre » un but à Ernest Nuamah, finalement annulé pour une main de Georges Mikautadze sur l’action.
Lucas Perri se déchaîne en anglais
Pendant que le Lyonnais d’origine, formé dans des clubs comme Lacazette et Tolisso, vit la frénésie d’un derby, les « débutants » découvrent le supplément d’âme qui habite tout le club face à son voisin de soixante-cinq kilomètres. Lucas Perri, le gardien brésilien de l’OL, comme porté par l’élan populaire, s’essaye au jeu des questions-réponses en zone mixte avec les journalistes en… français. Le regard de fierté face à son audace d’un soir : « C’est un moment que je garderai toute ma vie dans ma mémoire. Je suis très content de mon premier derby avec la victoire. Cette communion entre une ville est incomparable, un staff, un public, un derby c’est différent.
Isabelle Dias, qui travaille au club comme professeur de français (entre autres) depuis l’été 2000 et l’arrivée d’Edmilson, aide Lucas Perri pour une ou deux conjugaisons, mais le portier auriverde s’en sort très bien. Notamment lorsqu’il raconte son arrêt à la 76e minute devant le Stéphanois Ibrahim Sissoko : « C’est un moment de jeu, une contre-attaque rapide », explique le géant d’1,97 m. « J’ai fait de mon mieux pour créer le doute et rendre la tâche difficile à l’attaquant. Je suis très heureux d’avoir pu réaliser cet arrêt et aider l’équipe à remporter la victoire. » Perri a eu droit à une ovation du stade, acquise il y a quelques semaines pour la cause d’Anthony Lopes : « Il s’est tourné vers nous et l’a célébré comme un but. Nous l’avons félicité en donnant de la voix dans la tribune », témoigne Thierry Boirivent, le patron de les supporters rouges et bleus, situés dans la tribune sud.
Textor radiant dans les couloirs
Et que dire de John Textor, maillot de l’OL avec « Tex 44 » floqué sur le dos, qui affiche un visage rayonnant alors qu’il s’arrête dans la zone d’interview, après un tour d’honneur, une photo de famille sur le terrain et un cri de le cœur dans le vestiaire. « Tu étais génial. » « Ouais, je suis super content », exulte le propriétaire américain de l’OL. « C’est mon premier derby, beaucoup plus intense que ce à quoi je m’attendais. Je suis très content, l’équipe a été incroyable. On aurait pu marquer plus en première mi-temps, mais Saint-Etienne s’est battu. C’est ça les derbys, c’est comme ça que ça devrait être. »
Et là où certains pourraient penser qu’il surjoue un peu, l’Américain John Textor démontre qu’il connaît désormais le club qu’il dirige. Le natif du Missouri a appris son histoire et ses codes dès sa prise de fonction, grâce à une plongée dans le musée. « Oui, il est imprégné de cette culture », révèle un membre de son entourage. « Il veut tout savoir sur le club et il sait que le derby en fait partie. » Textor avait vérifié cette date du 10 novembre dès la sortie du calendrier de la saison en juin dernier. Et le jour J, il en a pleinement profité : match U19 l’après-midi avec Mathieu Louis-Jean (responsable du recrutement depuis un an et demi), observation de l’échauffement au bord du terrain, discussion avec les jeunes pupilles de la nation qui donnent le coup d’envoi… Dans la tribune présidentielle, il retrouve son prédécesseur Jean-Michel Aulas mais aussi des artistes comme Zazie, Pierre Garnier, Gauvin Sers, qui ont réitéré leur spectacle organisé au profit d’une opération caritative, prévue le lendemain à la LDLC Arena (qui jouxte le stade de l’OL).
Pierre Sage avait anticipé les choses
Un derby se prépare minutieusement à l’avance. Dès dimanche 27 octobre, lors du match nul contre Auxerre au Groupama Stadium (2-2), Pierre Sage protège trois de ses cadres d’un éventuel avertissement synonyme de suspension contre l’ASSE : Mata, Tolisso et Cherki. Seul ce dernier revient à seulement un quart d’heure de la fin. Même formalité mise dans les cadres lors du match nul à Hoffenheim en Ligue Europa (2-2), à trois jours du grand rendez-vous : Perri, Maintland Niles, Niakhaté, Tagliafico, Tolisso, Vérétout, Cherki, Lacazette et Fofana sont sur le banc. . Matic est laissé à Lyon. Seul Duje Caleta-Car continue les deux matches.
Et puis, il y a le calendrier qui attend, en mode « derby », ces dernières 48 heures de préparation du jour J. Pierre Sage les détaille pour RMC Sport : « On savait que les supporters allaient venir à l’entraînement, mais nous avons orchestré le planning général des joueurs et l’aménagement de la séance en conséquence. Légèrement décalé, l’échauffement commence, avec plus de Au bout de quelques minutes, la tribune se remplissant peu à peu. Le public autour du terrain, j’ai ajusté le reste de la séance avec la partie « vrai » entraînement, où il y avait un maximum de supporters et un maximum de bruit avec un « wow ». « Ah oui, quand même, ça y est », avoue Moussa Niakhaté à son entraîneur au retour des vestiaires.
Une belle opération au classement
Quelle est la prochaine étape ? C’est l’intervention de Pierre Sage, appuyée par une vidéo. « Pas de tactique ni de jeu », précise l’entraîneur lyonnais. « C’était centré sur les buts, les actions symboliques, les joies des autres derbys. Je voulais leur montrer que c’était le football, mais… spécial. Je voulais installer cette flamme du derby dans leur tête. Nous étions à quelques heures du match car au retour d’Allemagne, nous avons eu très peu de temps pour préparer l’aspect motivation. Et enfin, la dernière phase de préparation, peu après 19 heures : « Quand les joueurs sont arrivés au stade, ils ont aussi compris l’importance de ce type de préparation. « Il y avait beaucoup d’enthousiasme autour de l’équipe et de ce match, et nous sommes heureux de l’avoir gagné, au moins pour ça. »
Nice et Lille qui se neutralisent (2-2), Marseille qui bute contre Auxerre (1-3), Reims et Lens victorieux, tout comme Monaco. Au moment d’ouvrir le derby, les Lyonnais savent qu’ils ne doivent pas se manquer pour se rapprocher un peu plus des places européennes en fin de week-end. L’équation d’une grande opération s’écrit facilement : il faut gagner. « Une forme d’obligation comptable, en plus d’une question d’honneur et de suprématie régionale », résume un proche du staff. Ce succès permet finalement une petite remontée au classement : sixième au matin de la 11e journée, à cinq points du podium, l’OL entre dans le Top 5. De quoi dépoussiérer les statistiques récentes : il faut remonter à l’automne 2022. voir une apparition dans le Top 5 de la Ligue 1 et même lors de la saison 2018-2019 pour que l’OL compte 18 points en 11 journées. L’année dernière, dans le marasme, l’OL n’a récolté que 4 points sur 33 possibles, avec une place au fond pour la première fois de son histoire.
Progression attendue dans le jeu
Reste un constat : il faudra faire plus dans les autres matches de la saison pour atteindre les objectifs élevés du président et propriétaire, qui visent au moins le podium : « Notre équipe a su jouer avec le ballon lors de la première mi-temps », explique Lucas Perri. « On aurait pu marquer plus. Dans la seconde, on a plus souffert et on a donné des occasions à Saint-Étienne. Mais je suis très content de cette victoire. » Karim Mokeddem, qui connaît bien Pierre Sage pour l’avoir eu comme adjoint à Lyon-La Duchère, explique dans l’émission Kop Gones sur BFM Lyon : « En fin de match, il y a un gros plan sur lui. Et je vois son sourire crispé, je sais ce que ça veut dire », résume l’actuel entraîneur de Sochaux.
Froid, Pierre Sage confirme : « Oui, malgré tout, je ne suis pas très satisfait de notre deuxième période. Nous avons laissé quelques occasions à notre adversaire, notamment sur des erreurs, un peu à l’image des égalisations que nous avions concédées lors de nos matchs précédents. Alors, nous sont heureux d’avoir gagné, mais nous restons également vigilants dans l’analyse des performances. En attendant d’éventuels progrès, ces trois points supplémentaires arrivent à point nommé pour offrir une trêve internationale plus confortable et « trois jours de repos avec un retour jeudi matin ». , ajoute Pierre Sage, qui tient à préciser que ces vacances avaient été programmées à l’avance.