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L’émotion de Collet après la fin de son mandat à la tête des Bleus du basket

Le désormais ancien sélectionneur de l’équipe de France de basket partage son sentiment après l’annonce de son départ lundi à Paris.

Vincent Collet et les Bleus du basket, c’est fini. Officielle depuis lundi matin, la fin de son mandat a marqué la fin de quinze années à la tête du basket français, avec en guise de conclusion une médaille d’argent remportée à domicile face à l’invincible Team USA. Submergé par l’émotion, le coach Collet s’est confié sur sa grande aventure bleue et les prochains défis qui l’attendent.

Ses premiers mots : « Je voulais partager avec vous mon émotion. Juste une page ou un peu plus ? Beaucoup plus… Je suis sélectionneur depuis 98, adjoint au Mans, 26 ans. J’ai eu l’immense privilège et l’honneur d’être le sélectionneur de l’équipe de France. C’est au moins un chapitre mais encore plus de ma vie de sélectionneur et bref, beaucoup de grands moments, des moments très difficiles aussi et c’est normal, mais ça a toujours été des moments très intenses et forts. Je me souviens de chaque campagne, des 14, même les plus compliquées. Il y a des souvenirs incroyables, la Nouvelle-Zélande en 2010. D’autres plus heureux. Les derniers sont quand même très proches. L’Allemagne en demi-finale des Jeux Olympiques restera comme un grand moment de ma carrière en Bleu, comme le quart 2014, la Slovénie en 2013 et 2021 et la demi-finale en 2011. Les cinq moments que je place au-dessus des autres, des grands moments. Des moments gravés dans ma mémoire, j’ai eu des staffs exceptionnels, je veux partager ça avec vous. On vit ces aventures avec un groupe de 30 personnes. Le staff s’est étoffé au fil des années. C’est l’histoire de 25 ou 30 personnes qui vivent pour aller le plus loin possible, ce sont des aventures humaines incroyables. Avoir eu la chance de le vivre 14 fois c’est incroyable, et être récompensé assez souvent. C’est indélébile, gravé. J’ai dit aux joueurs avant certains matches, quand ils pouvaient être frustrés, je leur ai dit que dans 20-30 ans ils pourraient raconter à leurs petits-enfants ce qu’ils ont fait à Tokyo ou à Paris, ça n’appartient qu’à une élite. On peut être mécontent d’une situation mais la gérer dans l’intérêt du bien commun. Je me vois souvent parler aux joueurs et leur dire « ensemble ». S’il reste quelque chose de ces 15 années, j’aimerais que ce soit cette image. J’ai toujours essayé d’impulser, d’influencer les équipes pour que le nous prenne le dessus sur le « je ». Cette année en est la plus belle image. Quand on a basculé après les phases de poules, quand les talents combinés des joueurs se sont unis avec plus de détermination et d’engagement et que le « je » est devenu « nous », c’est là qu’on est devenu grand et qu’on s’est rapproché de l’ogre américain. 15 belles années inoubliables, qui sont gravées. C’est un honneur de se voir confier ces missions, ça veut dire qu’ils savent que j’ai certaines compétences qui peuvent être utiles pour l’avenir du basket français. Ma détermination était très grande pour diriger les équipes. C’est aussi formidable de permettre au basket de continuer à grandir et de se maintenir. Ce sera difficile de continuer à monter et je ne vois pas pourquoi ils abandonneraient leur première place mais il faut déjà pérenniser ce niveau de performance. On n’a pas été meilleurs que le Canada et l’Allemagne en valeur intrinsèque. Il va falloir continuer à se battre et progresser, d’abord dans la formation, celle des joueurs mais aussi des entraîneurs. Je suis heureux, fier, de me voir confier une mission dans ce domaine car il y a encore du travail à faire. »

Après les jeux : « Le soir de la finale, on m’a demandé mon avenir, je l’ai un peu balayée. Il y a un processus. On s’est revus trois jours plus tard mais je pensais que ce n’était pas possible de parler dans le feu de l’action. Je n’étais pas préparé, le soir de la finale, à cette évolution. Mais j’ai pesé le pour, le contre, j’ai évolué, on a partagé à nouveau avec Alain et Jean-Pierre. Ça ne s’arrêtera peut-être jamais, c’était une hypothèse, mais c’était le bon moment pour ce rideau final. (…) Mon sentiment ? Si c’était simple, ça voudrait dire que je n’ai pas aimé l’équipe de France autant que je l’aimais. C’était une histoire d’amour. Il y a une courbe de deuil à traverser. Mais c’est la bonne décision. »

Des temps difficiles : « Rio en 2016, après un très bon Tournoi de Qualification Olympique, on avait raté nos JO, avec un quart où on avait été très faibles contre l’Espagne sans lutter en deuxième mi-temps. L’an dernier, encore plus forts, on avait les mêmes objectifs qu’aux JO et on s’était largement loupé, avec le regret de ne pas avoir battu la Lettonie. Même si on ne serait pas allé très loin, il fallait au moins aller en quarts. L’Euro 2017 aussi, mais c’est particulier, une reconstruction, une bonne préparation, une reconstruction autour d’Evan Fournier, Thomas Heurtel, Nando De Colo, trois joueurs offensifs, on a joué un basket qui était populaire, collectif, fougueux, mais en compétition, on s’est vite effondré. Ces défaites ont été des tremplins vers la suite, comme en 2019. 2023 nous a permis de construire une cohésion de très haut niveau et c’est ce qui nous a permis de faire le basculement vers la phase finale des JO. On a vécu du 20 juin au 11 août. J’ai été surpris qu’on ne réagisse pas plus après le Japon. Les indicateurs qu’on voyait à l’entraînement nous le permettaient et il s’agissait simplement de prendre du recul pour mieux sauter. A chaque fois les moments difficiles étaient des moments propices aux rebonds. Mon aventure aurait pu s’arrêter à ces moments-là. A ces moments-là, la décision n’était pas partagée. »


Je ne peux pas être l’entraîneur d’une équipe qui peut jouer contre l’équipe de France.

Vincent Collet sur un possible avenir en équipe nationale

Les entraîneurs français peu présents en Euroligue : « C’est très fermé, il faut pouvoir rentrer dans le cercle… On n’avait que quelques clubs jusqu’à présent. Quand on a des résultats, ça met en valeur notre basket et les entraîneurs. Ça peut vite changer. Il y a aussi des choses vues de l’extérieur, notre identité de jeu n’est pas toujours claire et les commentaires de l’étranger, on attribue souvent nos succès à nos qualités athlétiques par exemple. Il ne suffit plus d’être athlétique pour être vice-champion olympique. Il faudra des pionniers. Parmi mes regrets de carrière, j’ai celui d’avoir refusé l’Olympiakos en 2014. J’avais eu cette offre car cette médaille de bronze n’était pas normale, sans Tony, sans Nando, et j’avais eu du crédit en Europe. C’était en cours de saison, je ne voulais pas trahir à Strasbourg mais c’était stupide, j’aurais intégré le circuit. Mais ça arrivera à d’autres et peut-être dans quelques mois pour moi. »

Son avenir dans le club : »Le recrutement des entraîneurs se fait avant. J’avais refusé avant les Jeux. Je ne voulais pas être pollué, l’objectif était trop important. Quand est-ce que cela pourra se faire ? Quand les premières coupures arriveront. »

Une sélection : »Je ne pense pas. Mon attachement à l’équipe de France est ce qu’il est, je ne peux pas être l’entraîneur d’une sélection qui peut jouer contre l’équipe de France. J’aurais été l’entraîneur de l’équipe de France pendant longtemps et seulement de l’équipe de France. »


La NBA ? Je n’ai jamais découvert ça, il y a de la curiosité (…) Mais ce ne sera pas à n’importe quel prix, il faudra que ce soit intéressant d’un point de vue sportif.

Vincent Collet sur un potentiel rebond en NBA

Missions à la FFBB : Je ne serai évidemment pas sur le banc (des Bleus) et mes missions n’auront rien à voir avec l’équipe de France masculine. Je serai prêt à discuter avec le futur staff s’il le souhaite et seulement s’il le souhaite. Même pour les futurs entraîneurs, cela ne peut être que consenti. L’objectif est de pouvoir faire quelque chose qui ressemble à l’académie des entraîneurs dans laquelle j’ai été intégré en 2011 par Claude Onesta. Peu de gens ont l’opportunité de disputer des compétitions internationales et il n’y a pas de formation, cela se fait par le partage. Mais si le futur staff de l’équipe de France souhaite partager avec moi, je serai évidemment disponible. »

La NBA : « Je me considère toujours comme un coach, j’en suis un dans ma tête. Mes réflexions m’ont permis d’avancer. Toutes les missions qu’ils veulent me confier, avoir cette mentalité de coach est importante. Il ne s’agit pas de donner des leçons mais de partager des expériences pour qu’ils puissent faire les leurs, mais pour cela, il faut que je reste un coach dans ma tête et non un formateur, il faut que je sois totalement immergé dans les problématiques du coaching. J’ai déjà revu les matchs des Jeux comme si j’allais coacher la fenêtre suivante. C’est important de transmettre. La NBA ? Je n’ai jamais découvert ça, il y a de la curiosité. J’ai découvert en allant voir les joueurs ou à travers eux. Mais ce ne sera pas à n’importe quel prix, il faudra que ce soit intéressant d’un point de vue sportif. Mais c’est compliqué. Kenny aurait aimé m’intégrer dans son staff mais il n’a pas pu le faire pour des raisons politiques, le GM a fait d’autres choix. Coach numéro 1 en NBA ? On ne peut pas dire ça en arrivant, mais si j’y vais, c’est à fond ! Si j’avais été l’un des premiers assistants de Kenny, j’aurais été là pour l’aider à réussir et puis… Mon âge peut être une limite. »

Commentaires recueillis lors d’une conférence de presse

Ray Richard

Head of technical department in some websites, I have been in the field of electronic journalism for 12 years and I am interested in travel, trips and discovering the world of technology.

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