« L’électorat républicain reste massivement attaché à Donald Trump, quoi qu’il dise ou fasse »
SSi, en cet automne où la guerre continue en Europe et au Moyen-Orient, vous êtes d’humeur malheureuse, il y a un geste à éviter à tout prix : taper « 538 » dans la barre Google de votre ordinateur : 538 (ou « Fivethirtyeight » « ) est le nom d’un site qui, jour après jour, fait le point sur les élections dans la bataille présidentielle en cours aux Etats-Unis. Et, jour après jour, 538 rapporte cette réalité : un électeur américain sur deux s’apprête à voter pour Donald Trump. Cinquante-cinquante, moitié-moitié, au coude à coude : il y aura une photo, en fin de journée, mardi 5 novembre, pour dire qui, du républicain ou de sa rivale démocrate, Kamala Harris, a gagné – sauf surprise dernière des jours qui verraient l’un ou l’autre prendre de la distance. De ce duel serré, nous tirerons provisoirement deux conclusions.
La première est que Kamala Harris n’a pas « décollé ». Après une brillante convention fin août, elle a comblé l’écart entre Trump et le président Joe Biden avant que ce dernier n’abandonne sa candidature. Il n’a bénéficié d’aucun rebond post-conventionnel. La vice-présidente sortante a certes rassemblé et unifié le camp démocrate, ce qui n’est pas une mince performance, mais elle ne s’est pas imposée comme ayant une stature capable de gagner du terrain sur l’électorat républicain.
Cela reste majoritairement du ressort de Trump. Il s’agit d’un bloc monolithique fidèle à son héros vieillissant, quoi que dise ou fasse ce dernier. Cet attachement viscéral – deuxième conclusion à tirer des enquêtes – est pour le moins surprenant. Il y a une part de mystère dans la confiance ainsi placée dans un récidiviste aux propos radicaux et de plus en plus erratiques, face à un ancien procureur californien au discours cohérent et prudemment centriste.
Haine viscérale des élites
En nous en tenant aux éléments les plus rationnels du vote Trump, nous citerons dans l’ordre ou dans le désordre le couple immigration-inflation. Les Américains ont durement souffert de la hausse des prix (de l’immobilier, de la nourriture, de l’essence) sous la présidence Biden. Ils ont vu une vague migratoire importante traverser la frontière avec le Mexique, d’autant plus inquiétante qu’elle survient dans un contexte d’évolution démographique accélérée de la population du pays.
Mais l’inflation a été ramenée à 2,5% sans provoquer de récession : la croissance devrait être de 2,8% en 2024 – de quoi faire pâlir d’envie les Européens. Les investissements publics engagés assureront la solidité du pays dans les années à venir. La réindustrialisation se passe bien. Les salaires augmentent. Le plein emploi n’est pas loin avec un taux de chômage de 4%. Plus aucun soldat américain ne combat dans des pays lointains.
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