La Conférence des évêques de France (CEF) va ouvrir ses archives aux chercheurs sans délai, et sans attendre les 30 ans habituels, et notamment à ceux mandatés par Emmaüs pour enquêter sur l’abbé Pierre, a annoncé jeudi son président, Eric de Moulins-Beaufort.
Les archives « sont ouvertes aux chercheurs, normalement il y a un délai de 30 ans avant de pouvoir les consulter mais nous avons décidé de les ouvrir aux chercheurs, notamment à la commission d’enquête Emmaüs », a-t-il précisé sur RCF et Radio Notre-Dame. Il s’agit des archives de l’Eglise de France conservées à Issy-les Moulineaux, distinctes de celles des diocèses.
« Certains évêques le savaient, certainement »
Concernant l’abbé Pierre, ils contiennent « un dossier assez mince » avec « quelques lettres » qui montrent que le Bureau central des cardinaux de l’époque « a pris connaissance du comportement » du prêtre. « Il y a un élément sur le fait qu’il soit parti en Suisse » dans les années 1950, mais sans « aucun détail sur ce qui s’est passé là-bas », et « c’est à peu près tout », a ajouté le responsable de la CEF.
Quant au degré de connaissance au sein de l’Église de ces actions, Mgr Mgr de Moulins-Beaufort a répété qu’il était « incapable de dire » qui savait quoi. « Certes, certains évêques connaissaient un certain nombre de faits, mais lesquels exactement ? Il faudra une enquête historique pour le dire, et j’encourage vivement l’enquête qu’Emmaüs vient d’ouvrir », a-t-il ajouté.
Expliquer les « dysfonctionnements »
Après la révélation le 6 septembre de nouveaux témoignages de femmes accusant l’abbé Pierre d’agressions sexuelles, Emmaüs a annoncé la création d’une commission indépendante chargée « d’expliquer les dysfonctionnements » qui lui ont permis « d’agir comme il l’a fait pendant plus de 50 ans ».
Mgr Mgr de Moulins-Beaufort a rappelé que l’abbé Pierre « ne vivait pas dans un cadre ecclésiastique, il vivait avec Emmaüs » et « c’est de ce côté-là qu’il y a des archives. C’est surtout par là qu’il faut essayer de comprendre ». « Dans les années 1950, quand ce comportement a commencé à être connu, cela a inquiété beaucoup de monde et l’Eglise a tenté de l’aider en lui imposant un séjour psychiatrique en Suisse » et un accompagnant. « Apparemment, l’abbé Pierre a toujours réussi à contourner cela. Mais je ne dirais pas que l’Eglise n’a rien fait », a-t-il affirmé.
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