Législatives : les investitures de FI provoquent un tollé à gauche
L’heure n’est pas au chagrin interne. A l’heure où l’extrême droite menace de prendre le pouvoir, les partis de gauche ont fait preuve de responsabilité et d’ambition en trouvant un accord sur le programme du Nouveau Front populaire (NFP) et sur la répartition des circonscriptions. Le principe étant de choisir, pour chaque parti, des candidats rassemblant l’ensemble de la gauche, avec priorité aux candidats sortants. Pourtant, la FI vient de refuser l’investiture, en pleine nuit et sans sommation, à plusieurs figures de la France insoumise qui se sont illustrées ces derniers mois par leur prise de distance des positions de direction du mouvement (Alexis Corbière, Raquel Garrido , Danielle Simonnet, Hendrik Davi, Frédéric Mathieu). Le rejet de ces candidatures suscite une vive émotion parmi toutes les composantes du PFN.
Sur X (ex-Twitter), Clémentine Autain, députée sortante réinvestie par la FI, remet en question cette décision. « J’appelle à la responsabilité la direction de La France Insoumise et de Jean-Luc Mélenchon qui a appelé cette semaine « à jeter le ressentiment dans le fleuve ». J’appelle à ne pas créer de dégoût pour la politique. J’appelle au soutien du peuple de gauche et écologiste, attaché à un pluralisme et à des méthodes dignes du 21e siècle », elle écrit. C’est « une épuration », de son côté, s’indigne Danielle Simonnet, dont la candidature n’a pas été retenue par la FI dans la 15e circonscription de Paris. François Ruffin, député FI réinvesti de la Somme, abonde dans le même sens : « Nous ne pouvons pas, pour le pays, revendiquer l’harmonie sur Terre et la démocratie, et pour le parti, gouverner par la peur et la brutalité. »
Dans le même temps, le cas d’Adrien Quatennens, condamné pour violences conjugales, dont les autres partis de gauche ne voulaient pas de candidature, ne pose pas de problème à la direction de la FI, qui lui renouvelle sa confiance. Tout comme quelques autres auteurs de déclarations clivantes, choisis pour porter les couleurs du NFP. Des choix porteurs de divisions, qui mettent en danger la dynamique actuelle et l’espoir qu’elle incarne. La secrétaire nationale des Écologistes-EELV, Marine Tondelier, a décidé de convoquer les instances de son parti, et a déclaré sur France 2 : « Il a toujours été clair que tous les députés sortants de nos forces politiques respectives seraient soutenus par le Front populaire, sauf cas très précis car il y aurait eu des violences sexistes et sexuelles ou des poursuites judiciaires ».
Le leader des Verts invite à un échange avec le secrétaire national du PCF, Fabien Roussel, ainsi qu’avec le premier secrétaire du PS, Olivier Faure, tandis que les appels se multiplient, à gauche, à la direction de la FI pour ne pas détruire le processus syndical. Les militants de gauche et les forces sociales des circonscriptions concernées, interloqués, se saisissent également de la question pour trouver une issue positive, respectueuse de chaque parti impliqué dans le PFN. A quelques heures des grandes manifestations contre l’extrême droite convoquées par les syndicats, chaque minute compte pour ne pas gâcher l’élan civique.
Margot Bonnery