Législatives en Ariège : Taurine vs Froger, un débat qui n’aidera pas les indécis à trancher

Bénédicte Taurine (LFI-Nupes) et Martine Froger (PS dissidente) ont confronté hier leurs points de vue lors d’un débat hier à Tarascon. Un échange très poli au cours duquel les candidats, paradoxalement, ont montré plus ce qui les rassemble que ce qui les divise.
Alors que les législatives partielles ariégeoises sont devenues le prétexte à des accrochages entre pro et anti Nupes, et ce jusqu’au niveau national, le traditionnel débat entre deux tours de candidates qualifiées, Bénédicte Taurine (LFI-Nupes) et Martine Froger (PS dissidente), n’ont fait que confirmer leur opposition à ce sujet. Et, paradoxalement, mis en lumière en même temps tout ce qui les rapproche.
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Même analyse, par exemple, des résultats du premier tour, de la chute du candidat Renaissance et de la progression du Rassemblement national. L’expression du « mécontentement » des électeurs (Martine Froger) face à une politique gouvernementale « désastreuse » (Bénédicte Taurine). On aura juste entendu le candidat du Nupes regretter que « la division de la gauche ne pourra pas faire reculer ce vote ».
Quel second tour ?
Leur stratégie pour le second tour, alors que la participation est faible et que seulement 1036 voix les séparent ? Pour l’un comme pour l’autre, aller chercher les abstentionnistes dans une campagne de terrain, au plus près des électeurs. Et à chacun son petit démenti.
Martine Froger feint ainsi l’indifférence à l’appel d’Anne-Sophie Tribout, candidate déchue de la Renaissance, à voter pour elle. « Ça ne fait pas de moi une macroniste, répond cette dernière, elle fait ça pour bloquer LFI. J’ai exprimé mon opposition à la politique de Macron, j’ai fait partie de toutes les manifestations contre la réforme des retraites et Mme Tribout le sait bien. Les électeurs voteront en leur âme et conscience.
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Les 3500 voix perdues par Bénédicte Taurine par rapport à juin 2022 ? « En effet, une grande partie de notre électorat ne s’est pas mobilisée », reconnaît l’intéressé, avant de tempérer : « Par rapport à 2022, j’avais une très forte avance et beaucoup pensaient que j’allais passer large. Il y a aussi la démobilisation par rapport à la politique de Macron et le recours au 49-3, les gens ne voient pas à quoi ça sert d’élire un député.
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Convergence locale
Plus localement, on ne trouvera plus guère de divergences entre eux sur la question de la désertification médicale, enjeu territorial pour l’un et l’autre. Et on aura même entendu Bénédicte Taurine féliciter le sénateur Jean-Jacques Michau, dont Martine Froger est l’adjointe, pour son travail sur le dossier de l’hôpital Lavelanet.
Même unisson sur la question de l’eau, « problème crucial » pour le candidat Nupes, « sujet très préoccupant » pour le PS dissident. Seul le dossier Coucoo, ce projet de 25 hébergements touristiques qui doivent être installés sur les rives du lac de Montbel, s’y oppose vraiment.
Un projet voué à l’échec faute de concertation avec les associations et les citoyens, estime Bénédicte Taurine, qui tacle : « Il n’y a même pas d’eau pour assurer le projet. Une fois qu’on a passé le lac constant, alimenté Toulouse, refroidi la centrale nucléaire (de Golfech, dans le Tarn-et-Garonne NDLR), on fait quoi ?
Face à elle, Martine Froger répond : « Je soutiens évidemment ce projet touristique qui prend en compte la biodiversité. C’est l’économie, les touristes qui viennent consommer sur notre territoire, j’y suis bien sûr favorable.
Ce qui les oppose
Nupes ou pas Nupes, telle est finalement la question. « Nous avons des valeurs communes, mais nous avons des divergences sur la manière de se comporter à l’Assemblée, sur la manière d’être député », lance Martine Froger, faisant allusion à l’attitude des députés LFI lors des débats sur le projet de réforme des retraites. Bénédicte Taurine répond : « L’Assemblée est aussi représentative de la situation du pays. Les camarades ont joué leur rôle, mais avec des codes différents de deux de l’Assemblée.
La refondation de la gauche ? « Il y a beaucoup de choses à discuter avant de refonder la gauche, et c’est ce qui manquait lors de la création des Nupes, pointe Martine Froger. Aujourd’hui, les Verts sont inaudibles au sein du Nupes, le PCF est inaudible, nous ne sommes pas en remorque de LFI. Quand on a été élu à 17 ans, en 2017, on travaillait, réplique le député sortant. Aujourd’hui, nous avons un programme de 630 propositions, nous discutons avec nos camarades pour que chacun ait sa place, je suis pour le dialogue.
Bénédicte Taurine passe à l’offensive, pointant les voix de la droite qui profiteraient à son adversaire, l’impossibilité pour elle de siéger dans le groupe PS du fait de sa suspension, et accusant Martine Froger de faire passer les intérêts de son parti avant ceux du citoyens.
« Ils appellent à voter pour moi, qu’est-ce que vous voulez que j’en fasse ? », rétorque la dissidente, indiquant aussi qu’elle s’est tournée vers Olivier Faure, premier secrétaire du PS, pour siéger avec sa famille politique dans la victoire, et assurant que de nombreux électeurs sont prêts à voter pour elle « parce que je ne suis pas de Nupes ».
Des querelles d’appareil plus qu’une opposition frontale sur des valeurs ou des projets, ça n’aidera pas les indécis à trancher. Ou, pire, qui pourrait les inciter à ne pas se rendre aux urnes.