Législatives : Attal s’affranchit de Macron
Gabriel Attal s’émancipe d’Emmanuel Macron, qui l’a nommé il y a cinq mois à Matignon mais lui a coupé les ailes avec la dissolution, en appelant les Français à » choisir « comme Premier ministre aux élections législatives.
« Le 9 janvier, le président de la République m’a nommé. Le 30 juin (date du premier tour, NDLR), j’aimerais que les Français me choisissent »a déclaré jeudi le Premier ministre devant la presse, interrogé sur la nécessité ou non de faire campagne avec le président de la République, compte tenu de l’animosité que ce dernier suscite parmi les électeurs.
« C’est la première fois depuis plus de 25 ans que les Français choisissent un Premier ministre. Il y aura évidemment un avant et un après (…) dans la pratique du pouvoir, dans l’équilibre des institutions »a soutenu Gabriel Attal, dans une allusion à la gouvernance présidentielle jugée très « verticale »ainsi que la dissolution qui a provoqué des troubles dans le camp présidentiel.
Le jeune Premier ministre a déjà pris ses distances avec son mentor en prenant les rênes de la campagne, à la place du président de la République, dont les propos font régulièrement polémique. Officiellement sous la pression des députés du parti Renaissance, qui lui ont demandé une nouvelle fois mercredi de venir les soutenir dans leurs circonscriptions.
Le visage du Premier ministre est désormais imprimé partout sur les documents de campagne comme celui du Président suscite le rejet, selon les élus.
» Ambition «
« La page de Macron et du macronisme est tournée. Il est tourné parce que les électeurs le disent”, témoigne un député sortant revenu en campagne. Il y a une telle incompréhension sur la dissolution que, si la majorité actuelle était reconduite, « ce serait presque une forme de cohabitation, tant les députés sont mécontents de revenir »il croit.
« Vous n’êtes pas seul et je serai avec vous jusqu’à la fin de cette campagne »a promis Gabriel Attal à ses candidats réunis mercredi au siège de Renaissance. « Les Français ont besoin que nous tenions le gouvernail et c’est pour cela qu’il faut tenir le coup. »
Et comme s’il fallait patienter avec ses troupes, M. Attal répète que les législatives sont un vote « pour le Premier ministre » et qu’Emmanuel Macron sera encore président jusqu’en 2027, quel que soit le résultat de l’élection.
La dissolution n’est pas non plus une bonne nouvelle pour le Premier ministre qui, s’il n’est pas reconduit à son poste, n’aura même pas eu le temps de planter un arbre à Matignon, comme le veut la tradition. de le faire après six mois.
« Pour l’ego c’est toujours un peu compliqué » tandis que le jeune homme de 35 ans « a de l’ambition »estime un député majoritaire.
» Petit frère «
Malgré son désaccord avec la décision du président, Gabriel Attal s’est investi à fond dans la campagne, misant sur le lendemain pour devenir à terme le candidat naturel de son camp en 2027.
« Il dit que sa meilleure carte à jouer pour l’avenir, c’est d’avoir été leader de la majorité » même si c’est « la faiblesse c’est que c’est associé à tout ça » et cela pour l’aile gauche du parti « C’est lui qui a été ‘à droite’ ces six derniers mois » politique gouvernementale, constate un élu.
En décembre, Emmanuel Macron a accueilli son ministre, alors en charge de l’Éducation, avec un leader politique susceptible de » continuez le combat « .
Au Mont-Valérien mercredi, le successeur potentiel est passé du rang d’héritier à » petit frère « . Emmanuel Macron » J’ai utilisé un terme enfantin. Vous savez, je suis Premier ministre. J’aspire à pouvoir continuer à diriger l’action du gouvernement »a balayé Gabriel Attal, montrant que le président devra compter sur lui pour la suite.