Face à l’incertitude provoquée par la dissolution surprise de l’Assemblée nationale, nous avons interrogé dix gérants actions français et européens sur l’évolution prévisible du Cac 40, leurs arbitrages et leurs valeurs de prédilection.
Dans la grande majorité des cas, ces experts anticipent un point bas pour le Cac 40 autour de 7.300 points, ce qui constitue un support pour l’indice. En effet, une victoire du Rassemblement National devrait avoir des conséquences limitées, car ce parti a édulcoré son programme économique dépensier, et les marges de manœuvre sont très limitées en raison du niveau élevé de la dette de la France. Comme l’explique Louis Puga, « Les entreprises ne seront pas impactées d’un point de vue économique ».
Le scénario d’une majorité relative seulement du Rassemblement national serait plutôt une bonne nouvelle pour la Bourse, qui pourrait monter à 7.700 ou 7.800 points, comme l’anticipe Stéphane Furet, à condition toutefois qu’un gouvernement puisse être nommé. Deux autres facteurs viendront soutenir la notation : les entreprises du Cac 40 n’exercent qu’une petite partie de leur activité en France, et le contexte économique devrait être meilleur au second semestre qu’au premier. Quoi qu’il en soit, selon la plupart des managers, l’évolution de l’écart de rémunération entre les taux français et allemand sera déterminante.
A terme, un seul scénario conduirait à un effondrement des marchés, avec un Cac 40 qui pourrait même revenir vers les 6.000 points : la victoire du Nouveau Front Populaire, avec son programme économique excessivement coûteux et source de flambée des taux d’intérêt.
Concernant les arbitrages réalisés depuis l’annonce de la dissolution, plusieurs gérants ont vendu des titres qui ont bien résisté pour acheter des valeurs de qualité qui ont été excessivement attaquées. A cet égard, Spie a été plébiscité, avec un rachat par trois managers. Si certains d’entre eux ont augmenté leurs liquidités (Marc Favard et William Higgons), d’autres, au contraire, les ont investies (Eric Bleines et Edwin Faure). Parmi leurs trois valeurs préférées, une seule est citée deux fois : Fountaine Pajot. Par secteur, la défense et les industries axées sur l’électrification sont recommandées.