Les résultats des élections législatives de dimanche ont plongé la France dans une situation paradoxale. Même si le président reste de facto en position centrale : personne n’a la majorité, il est impossible d’imposer son programme et son équipe. Le programme Macron est mort. Tous les programmes sont en fait morts. Chaque groupe a au moins 289 voix devant lui, c’est-à-dire une majorité pour s’y opposer. Donc pas de plan de vol, pas de directive claire sur les questions économiques, on sait ce qu’on ne veut pas, mais on n’en sait pas plus. Même l’hypothèse d’une large coalition ne dissipe en rien le brouillard économique.
Il y a toutes les chances que nous entrions dans une période de blocage. Donc, en France, il y a une chose qui rassemble tout le monde, c’est la dépense publique. Donc, on peut craindre ou s’attendre, selon le camp où l’on se trouve, que là-dessus, on remette en cause la contrainte, en partant d’un niveau de déficit qui est très dégradé : 5,5% du PIB.
Cette affaire a deux victimes économiques : d’une part, l’ajustement budgétaire de la France, le redressement budgétaire du pays. C’est fini, ça n’arrivera pas dans les années à venir. Et d’autre part, la situation économique. On va rester à une croissance zéro à cause de l’incertitude. Est-ce qu’on va pouvoir emprunter ? La réponse se trouve du côté des marchés financiers, C’est le seul rempart qui existe aujourd’hui. Comment nos prêteurs évalueront-ils la situation ? C’est imprévisible à l’heure actuelle.
Une augmentation d’impôts à venir ?
Il est tout à fait possible que nous assistions également à une augmentation d’impôt. Souvenez-vous d’une petite phrase sibylline du président Macron lors de sa conférence de presse, juste après la dissolution, il a dit « Je ne l’exclus pas, tout dépend des fédérations de projets », Cela signifiait en fait « à qui je m’associe ». Sous la pression des événements, Emmanuel Macron pourrait revenir sur sa parole et ce n’est pas la première fois. Il n’y a pas beaucoup de sujets sur lesquels il ne revient pas sur sa parole. On peut donc s’attendre à ce que cela se produise également sur ce sujet.
La réforme des retraites abrogée ?
Même s’il y a une large coalition, je ne pense pas que la réforme des retraites sera abrogée, notamment parce que cela aurait des coûts considérables. Abroger la réforme, c’est bien sûr revenir sur l’âge légal, mais c’est aussi éliminer tous les éléments adoucissants qui ont été introduits. Le fameux minimum contributif, et puis le régime de longue carrière qui avait pourtant été sérieusement élargi. Pouvez-vous imaginer un gouvernement revenir sur cette décision ? Ce n’est pas possible.
Très probablement, si nous abordons la réforme des retraites, ce sera pour négocier de nouveaux accordssurtout pour le trou noir, ceux qui ont commencé à travailler à 18-19 ans et qui aujourd’hui, selon la réforme, ont une carrière beaucoup plus longue.
Un gouvernement d’unité peut-il durer ?
Un gouvernement d’union nationale peut durer un an au maximum. Nous entrons dans une période d’instabilité. Nous ne voyons pas comment un gouvernement d’union nationale pourrait durer au-delà de cette période. Rappelons qu’il faut un an pour se dissoudre à nouveau.
Il y a deux raisons pour lesquelles une nouvelle dissolution est à craindre. D’abord, c’est ingérable. La situation politique actuelle est ingérable. Alors, pour un président qui a préféré, au fond, améliorer son propre confort politique au détriment de la stabilité politique du pays, comment imaginer qu’il ne tente pas autre chose avant la fin de son mandat pour ne pas finir de cette façon un peu malheureuse ?